Ce matin, le vent a écrit son épitaphe sur le sable.

Des mots tiédis par le soleil de mai, des mots doux et polis par les alizés, les phrases s’enchaînent comme en cascade, elles se relaient en se tenant la main, elles font une ronde interminable et comptent le sable grain à grain.

Sur la roche dure et froide, l’oiseau écrit de son bec des sentences invisibles, des histoires de plumes et de griffes, des contes de brindilles et d’insectes, d’abeilles et de vermisseaux.

Dans l’écorce des arbres, la chenille a gravé son chemin, elle y a posé jour après jour le souvenir de son existence, sur les feuilles du mûrier, elle a laissé la marque de son appétit, elle a écrit la mémoire du temps.

Dans la terre encore humide du sommeil de la nuit, les ombres ont posé leurs pas légers et célestes et n’ont laissé aucune empreinte de leur passage.