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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-05-05 | |
Double vie N° 3 ( l’asile )
Je rentre à mon appart, triste et contrarié. Cette ordure doit payer ! On ne frappe pas une femme ! Je dois agir vite, arrêter cette brute immonde ! Non je ne le laisserai pas tabasser la femme que j’aime, même si pour cela je dois employer des méthodes que je récuserais en d’autres circonstances. Je me cale confortablement dans mon fauteuil et peaufine ma vengeance. Serine m’a laisser entrevoir une idée qui ne me déplaît pas et une demi-heure plus tard, les grandes lignes de mon plan sont définies. je vais agir en douceur, tout dans la dentelle. Pas de menace ni d’ultimatum. Avant toutes chose, je dois rendre visite à Serine sous mon identité d’Elodie. Elle me racontera très certainement sa dernière rencontre avec Alex et la découverte des traces de coups. Ensuite, je lui dirais que Alex et moi, nous allons agir pour que cette brute ne la frappe plus. Je m’arrangerai pour être encore chez elle quand Max (c’est le nom de cette ordure) rentrera car à partir de maintenant, ce qui importe, c’est de me faire bien accepter de ce type, que je devienne en quelque sorte son « ami(e)». Serine me donne quelques bonnes idées pour mener les opérations à bien, et je la sens enthousiaste. Max est ravi de voir qu’Elodie lui porte autant d’intérêt, mais je reste sur mes gardes. L’autre jour, il me dit qu’on pourrait se tutoyer, je lui ai répondu que je préférais le vouvoiement. Il m’est de plus en plus pénible de jouer l’hypocrite avec cet individu mais… Enfin le plan démarre. C’est un lundi, Max rentre de son travail, il décapsule une bière et se jette dans son fauteuil. --- Qu’est-ce que c’est que ce gros carton dans le couloir ? demande Max. --- Mais c’est la nouvelle télé que tu as commandée ! --- J’ai jamais commandé de télé ! dit Max --- Mais si, je t’assure tu as dis que l’image de la nôtre était mauvaise, tu as pris le téléphone et tu en as commandé une veuve. Demande à Elodie, elle était là quant tu as téléphoné. --- Oui, c’est vrai dis-je, j’étais là quand vous avez passé la commande ! --- C’est bizarre, je ne me souviens de rien ! --- Moi, ça ne m’étonne pas, dit Serine, j’ai déjà remarqué que tu oubliais pas mal de chose. Par exemple, hier Elodie t’as demandé si tu voulais bien lui ramener le magazine ‘Géo’, Tu as dis oui, mais tu as oublié ! --- Je ne m’en souviens pas non plus dit Max ! Ah c’est quand même bizarre ! J’ai enregistré la voix de Max et je m’entraîne à l’imiter. Je m’amuse à imiter des voix depuis mon plus jeune âge, et là je sens que ça va me servir. Pour me rendre compte de la qualité de mon imitation, j’appelle Serine en prenant la voix de Max. Ca marche ! Elle ne se rend compte de rien ! Je le dis à Serine, elle réfléchit quelques secondes et me donne une idée. Max travaille dans l’entrepôt d’une grande surface. Je sais qu’il doit prendre son travail à treize heures. Le matin, j’appelle son chef en prenant la voix de Max et lui dis que je ne viendrai pas travailler, qu’il est une tête de con et que j’en ai marre de voir sa gueule. Au bout du fil, l’homme me répond : « tu peux passer à la compta, ton compte sera prêt ! Je sais, c’est dégueulasse de faire ça, mais j’irai jusqu’au bout de mon plan. A treize heures, Max se présente à son travail, --- Ton compte est prêt Max, tu passes à la compta, comme ça tu ne verras plus ma gueule, dit son chef. --- Mais je ne comprends rien dit Max ! j’ai jamais dit que je ne voulais plus voir ta gueule ! Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? --- Si tu ne sais plus ce que tu dis, faut te faire soigner ! dit son chef. Le ton monte, une vive altercation oppose les deux hommes, Max en vient même aux mains. Conséquence logique, c’est la porte immédiatement et sans indemnité. Furieux, Max rentre chez lui, Elodie et Serine sont là . Max monte dans une colère monstrueuse, commence à casser de la vaisselle et nous prend à témoins tout(es) les deux. --- Vous m’avez entendu téléphoner à mon chef ? Quel menteur ! j’aurais dû me méfier de ce type ! --- Oui, bien sûr, que tu lui as téléphoné ce matin, tu t’es même disputé avec lui, tu lui as dis qu’il n’était qu’un con et que tu ne voulais plus voir sa gueule, dit Serine. L’air hébété, Max se tourne vers Elodie et la regarde fixement, attendant une réponse de sa part. --- Je n’étais pas là ce matin dit Elodie, mais Serine m’a raconté la dispute que vous avez eu au téléphone en arrivant. --- Mais je sais quand même encore ce que je dis et ce que je fait ! Dit Max. --- Oui, bien sûr, dit Serine, mais tu as un problème avec ta mémoire, tu dois voir un médecin. Elodie le dit aussi. --- Oui, dit Elodie, ce n’est peut-être pas grave, mais vous devez voir un médecin au plus vite ! Le lendemain, Alex entre en scène, la mayonnaise prend, nous devons continuer à le déstabiliser, ne pas lui laisser le temps de se reprendre et l’amener à douter de lui-même. Max ne connaît pas Alex, c’est une chance et j’ai la ferme intention de tirer partie de cet atout. J’ai remarqué depuis assez longtemps que Max passe chaque jour au Café PMU, à un kilomètre de chez lui. Il s’y rend en voiture et achète son paquet de cigarettes, son journal et se commande un café. Je le guette de ma fenêtre et dès que je l’aperçois, je monte sur mon vélo et me dirige vers le café, le double de ses clés de voiture dans ma poche. J’arrive peu après lui et pendant qu’il est au café, je monte dans sa voiture et la déplace de quelques centaines de mètres. Ensuite je reviens à l’endroit ou il s’était garé et mon vélo à la main, je fais semblant d’attendre quelqu’un. Max revient du Café. --- Ma voiture ! Non, c’est pas vrai, on m’a volé ma voiture, je l’avais garé là , juste devant, c’est une Clio rouge. Pardon Monsieur, vous n’avez pas vu quelqu’un partir avec? me demande-t-il. --- Ah non ! personne, j’ai même pas vu de Clio rouge et pourtant, ça fait une demi-heure que je poireaute ici. Mais attendez, j’y pense, je vous ai vu arriver, vous avez même garé votre voiture là -bas, plus loin. Ca m’a frappé car mon frère a la même voiture que la votre et je pensais que c’était lui. --- Je comprends rien, rien dit Max, en ce moment j’ai des pertes de mémoire… Ah, merde. Je regarde Max, il va jusqu’à sa voiture, en fait plusieurs fois le tour et s’installe au volant. Moi, je rentre chez moi au plus vite, je me travestis en Elodie et je vais chez Serine. Max est là . --- Il m’est encore arrivé un truc pas croyable ! dit Max. Il raconte son histoire --- Faut pas rester comme ça dit Elodie, il faut voir un spécialiste. Est-ce que vous vous souvenez que je vous ai dit ‘bonjour‘ devant le café ? je vous ai même vu discuter avec un type qui avait un vélo. --- Non, je m’en souviens pas dit Max ! Tout ça à commencé quand on a reçu la télé ! Cette putain de télé ! --- La télé ! de quelle télé parles-tu dit Serine ? --- Mais de la télé qui était dans le carton quand je suis rentré du boulot ! Ca je m’en souvient, j’en suis sûr ! --- Il n’y a jamais eu de carton de télé ! Dit Serine en prenant un air triste. --- Non, dit Elodie j’ai jamais vu de carton de télé. --- Mais c’est pas possible, je deviens fou ! dit Max. --- Mais non ! Dit Elodie, vous n’êtes pas fou Max, vous avez seulement des problèmes psychiques et vous devez vous soigner sinon cela risque de s’aggraver. Max se dirige vers la glace, il se regarde, puis nous regarde, son visage se crispe, il devient rouge. Je sens une force étrange monter en lui, il se met à trembler, il ouvre toutes les portes des placards et lance tout à terre en criant de toutes ces forces : --- Je suis fou ! complètement fou ! tout le monde est fou, c’est la fin du monde et tout le monde est fou ! Et il continue à tout renverser et à casser tout ce qui lui tombe sous la main. Pendant un instant, il fixe le gros couteau de cuisine et je prends peur. Mais non, il se dirige dans la chambre et se met à arracher la moquette. Une vraie bête furieuse ! Je remonte chez moi au dessus et j’appelle le SAMU. Dix minutes plus tard, le SAMU et la police sont là , ils constatent les dégâts et emmènent Max. Moi, je ne me montre pas, je me change, me maquille et une demi-heure plus tard, c’est Alex qui frappe à la porte de chez Serine. Serine me demande si je n’ai pas vu Elodie, je lui dis qu’elle m’a téléphoné et qu’elle m’a raconté pour Max. Elle m’a aussi chargé de te dire qu’elle se rendait chez son ami. Serine me regarde, toujours aussi belle, mais je la sens lessivée. Elle à reçu des nouvelles de Max, il a été transféré dans un hôpital psychiatrique . L’appart est un vrai champs de bataille ! Il a cassé tout ce qui se présentait à lui, enfin ça fait partie des risques du plan que j’ai échafaudé ! Devant ce désastre, Serine et moi, nous nous affalons dans le canapé. Je devrais être satisfait, le plan que j’ai imaginé, avec quelques conseils de Serine, je dois le dire, à marché à merveille ! Oui, peut-être même trop bien car je réalise le caractère atroce de cette action. Je me demande si elle n’est pas disproportionnée ? Et si l’état de Max empirait et qu’il finisse sa vie à l’asile ? Serine ne dit rien, cette éventualité ne semble pas la gêner. Max la battait, c’est vrai, j’ai vu les bleus et c’est une brute, oui ! Mais cela ne m’empêche pas d’avoir une part de responsabilité dans ce désastre ! Max est devenu mon outil, je me suis servi de lui pour l’anéantir. Je réalise qu’il n’est qu’une brute grossière à l’allure gauche et sans cervelle. En fait, j’ai profité de sa faiblesse d’esprit pour le manipuler ! J’ai voulu rendre justice moi-même mais maintenant me voici seul avec ma conscience et elle me réclame des comptes ! Je ne suis pas fière de moi. En plus, qu’est-ce que je connais de Max ? Est-il vraiment cette brute immonde ? Certains éléments commencent à me faire douter et je réalise que ce plan est horrible et inhumain. Il est bien temps ! Mais, je m’interroge. Pour quelle raison Max frappe-t-il Serine ? Je ne vois aucun élément de réponse. Pourquoi Serine ne s’est pas sauvée pour échapper aux coups ? Pourquoi m’a-t-elle poussée à faire renvoyer Max de son travail, alors qu’il représente la principale source de revenu du ménage ? Fin du troisième épisode |
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