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Double vie (2)
prose [ ]
(La passion)

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par [BOKAY ]

2005-04-29  |     | 



Double vie N° 2 ( la passion)

C’est le grand jour, j’ai décidé de déclarer ma flamme à Serine. Je ferme la porte de mon appart, descends les escaliers en me répétant pour la centième fois les mots qui me pèsent tant. Dehors, il fait un temps épouvantable, la pluie frappe le trottoir en grosses gouttes. Les voitures projettent de violentes giclées d’eau en rasant le caniveau. Je n’ai que quelques dizaines de mètres à parcourir mais je me fais du souci pour mon maquillage. J’aurais l’air malin si ma moustache ou mes sourcils se décollaient ! Allons ! courage ! me dis-je, ne cherche pas une excuse pour te dérober.
Serine m’ouvre, Elle porte son T-shirt rouge rehaussé d’un imprimé sur le devant, celui que je préfère car il moule sa poitrine à la perfection. Fidèle à son habitude, elle me prie de m’asseoir, se dirige vers le bar et prend deux verres et une bouteille de whisky. Tout en se déplaçant, elle me demande où j’en suis avec mon livre ? Je la regarde… Quelle est belle ! Surprise que je la regarde avec autant d’insistance, elle s’immobilise quelques secondes, me fixe et me dit :
--- Quelque chose ? J’ai quelque chose de bizarre pour que tu me regardes ainsi ?
--- Non, non Serine rien, dis-je un peu gêné.
Sur la chaîne hifi, Gloria Gaynor chante ‘ I will survive’. Une chanson qui me remue les tripes chaque fois que je l’entend. Nostalgie de la coupe du monde ? En tous cas c’est le moment me dis-je, qu’est-ce que tu attends, vas-y ! Je tente de rattraper sa dernière phrase.
--- Où plutôt si, il y a quelque chose dis-je, mais je ne sais pas comment te le dire ?
--- Allons Alex, Explique ! T’as un problème ? tu peux m’en parler, nous sommes amis maintenant.
--- Oui, c’est bien le problème, dis-je.
Serine regarde Alex, acquiesce un léger sourire et va s’asseoir dans le canapé.
--- Viens à côté de moi dit-elle, allez ! raconte ce que tu as sur le cœur. Tu ne serais pas amoureux, par hasard ?
--- Ca se voit tant que ça ?
--- Allons, fais pas cette tête ! C’est formidable d’être amoureux !
--- T’as pas compris Serine, je suis amoureux, oui, amoureux fou, c’est vrai, complètement fada… Mais de toi ! oui, je suis fou de toi ! Tu ne peux pas savoir à quel point je t’aime, et ce qui me torture c’est que toi, ton cœur est déjà pris, tu as ton compagnon, moi je ne suis qu’un ami.
Je me sens vide, soulagé mais vide, comme si tout l’intérieur de mon corps s’était vidé d’un seul coup ! J’attends sa réaction où plutôt je la redoute. Ces quelques secondes sont interminables, son regard semble se figer. Puis, je devine la commissure gauche de ses lèvres qui se plisse, et le pli s’accentue jusqu’à devenir un léger sourire. Elle tourne la tête doucement vers moi, se rapproche, accentue son sourire et lance sa tête au creux de mon épaule. Je sens ses cheveux me caresser le visage, je ne bouge pas, est-ce un signe amical ? Mais bientôt une main glisse le long de mon buste et l’autre me caresse le cou, le doute s’efface. Elle relève doucement la tête, son menton se colle contre le mien, ses lèvres se rapprochent et viennent se fondent aux miennes. Je passe ma main sous son T-shirt, je sens le contact de ses seins, enfin ! Les battements de mon cœur s’accélèrent, Le plafond se met à tourner, puis à vibrer, je me sens partir, nous sommes transportés.
Combien de temps sommes-nous restés ainsi dans cette forme d’apesanteur ? Mais Serine se relève d’un bond.
--- Mon ami ! Il va rentrer dans un instant, tu dois partir !
Quelle heure est-il ? Je n’en ai pas la moindre idée, je sais qu’il fait nuit, c’est tout. Qu’importe le reste ? Qu’importe le monde ? J’ai le sentiment que Serine m’aime et je me sens transporté. Je rentre et me mets au lit.
Quand je me réveille, le soleil est déjà haut dans le ciel, il se faufile à travers les rideaux de ma fenêtre et projette des formes abstraites sur le mur. Un coup d’œil sur mon réveil, merde, j’ai raté un rendez-vous important ! je devait négocier la vente d’un magasin de fringues dans le Marais. Bah ! j’en mourrai pas. J’ai hâte de revoir Serine, je sais que ce ne sera pas possible aujourd’hui car son ami est là. A moins que…Et oui, il y a une solution, c’est Elodie qui va allée voir Serine ! En plus son ami sera ravi de me voir !
Je me maquille avec soin, revêt mes habits féminins et me rends chez Serine. C’est son ami qui m’ouvre avec un large sourire, sa façon de m’embrasser me dégoûte. Je suis sûr que si Serine n’était pas là, il essaierait de m’embrasser sur la bouche. Ce type me dégoûte de plus en plus ! Pas seulement parce qu’il couche avec la femme que j’aime, mais parce que c’est un gros porc arrogant et au regard vicieux. Je ne comprends pas ce que Serine lui trouve ! Je me mets à côté de Serine et comme je l’avais prévu, elle m’entraîne à l’écart dans sa chambre et me raconte son aventure avec Alex. Je joue le jeux de mon mieux, je fais l’étonner et rajoute des interjections, Pas possible ! Et il t’aime ! Quelle chance tu as ! Pour creuser un peu, je lui dis :
--- Et ton ami, tu ne l’aime plus ?
A ma grande surprise, je n’ai obtenu aucune réponse. Elle change de sujet et me demande pour quelle raison elle ne m’a pas vu hier alors que je passe tous les jours chez elle. J’invente un mensonge minable. Par moment, j’ai l’impression d’être découvert, alors je m’efforce de prendre des attitudes plus féminines. Pour ce qui est de mes futures visites, je prends les devants et lui dis que je vais probablement partir quelques jours à la campagne. Le plus difficile pour moi, c’est d’être à quelques centimètres d’elle, de sentir son souffle, de suivre les mouvements de ses yeux, de ses lèvres et de rester de marbre. Et l’autre qui n’arrête pas de me faire de larges sourires !
Deux semaines se sont écoulées, je vois Serine presque tous les jours mais par chance son ami est souvent absent. Tout va pour le mieux entre nous mais un détail attire mon attention, Serine refuse catégoriquement de faire l’amour s’il y a la moindre lumière dans la pièce. Bah ! Une lubie de femme me dis-je les premières fois ! Mais c’est bizarre, ça ne colle pas à son tempérament et j’ai l’impression qu’elle veux cacher certaines parties de son corps. Je ne lui fais pas remarquer mon étonnement, mais j’observe à la dérobée. J’aperçois certaines parties sombres sur son corps. Je pense de suite à de l’eczéma ou à une maladie de peau. Je ne dis rien, mais voilà qu’en la serrant plus fort contre moi, elle pousse un cri qu’elle retient aussitôt.
--- Oh ! Je t’ai fais mal ma chérie ? lui dis-je.
Et je profite de l’occasion pour allumer la lumière. D’un mouvement brusque, elle ramène le drap sur son corps. Elle sait que j’ai vu ce qu’elle cherche à me cacher depuis le début. Je m’approche d’elle, je tire doucement le drap, elle n’oppose aucune résistance. Stupéfait, n’en croyant pas mes yeux, je découvre des bleus et des traces de coups sur tout son corps ! Je n’ai jamais vu pareille chose, c’est horrible, inhumain !
--- Qui te fait ça ?
Pas de réponse. Serine se jette sur son lit en sanglots. Je pose une main sur son cou et reste ainsi quelques instant puis réédite ma question.
--- C’est ton Ami ?
--- Oui, dit Serine faiblement
--- Quel salaud ! dis-je, Et tu ne portes pas plainte ?
--- Il m’a dit que si je portais plainte il me tuerait.
--- Mais il faut faire quelque chose dis-je ! Tu ne peux pas continuer ainsi !
--- Mais quoi faire ? Je ne sais pas et j’ai peur, dit Serine.
Je promets à Serine de trouver une solution pour empêcher cette brute de la tabasser ainsi. Déjà l’ébauche d’un projet machiavélique germe dans mon esprit révolté.
Fin de la deuxième partie.

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