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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2004-12-30 | | Inscrit à la bibliotèque par lucia sotirova (poème pastoral illustrant la mort comme un mariage céleste) Par les cols fleuris Seuils de paradis, Vois, descendre, prestes, Des jardins célestes, Trois troupeaux d'agneaux Et trois pastoureaux : L'un de Moldavie, Deux de Valachie. Or, ces deux bergers, Ces deux étrangers, Les voici qui causent, Dieu ! ils se proposent De tuer d'un coup, Entre chien et loup, Ce pastour moldave, Car il est plus brave, Il a plus d'agneaux, Encornés et beaux, Des chevaux superbes Et des chiens acerbes. Or, voici trois jours, Qu'à nouveau, toujours ! Sa brebis cherie Reste, la, marrie, Sa voix ne se tait, L'herbe lui déplait". - "O, brebis bouclée, Bouclée, annelée, Depuis quelques jours Tu gemis toujours L'herbe est-elle fade Ou es-tu malade ; Dis-moi, cher trésor A la toison d'or ? - "Maître, mon doux maître Mène-nous pour paître Dans le fond des bois Où l'on trouve, au choix, De l'herbe sans nombre Et pour toi de l'ombre. Maître, o maître mien ! Garde auprès un chien, Le plus fort des nôtres, Car, sinon, des autres Te tueront d'un coup Entre chien et loup". - "O, brebis liante, Si tu es voyante, Si ce soir je meurs Dans ce val en fleurs, Dis-leur, brebis chère, De me mettre en terre Près de tous mes biens, Pour ouïr mes chères. Puis, quand tout est prêt Mets à mes chevet : Un pipeau de charme, Moult il a du charme ! Un pipeau de houx, Moult est triste et doux ! Un pipeau de chêne, Moult il se déchaîne ! Lorsqu'il soufflera Le vent y jouera ; Alors rassemblées, Mes brebis troublées, Verseront de rang Des larmes de sang. Mais, de meurtre, amie Ne leur parle mie ! Dis-leur, pour de vrai, Que j'ai épousé Reine sans seconde, Promise du monde ; Qu'à ces noces-là Un astre fila ; Qu'au dessus du trône Tenaient ma couronne La Lune, en atours, Le Soleil, leurs cours, Les grands monts, mes prêtres, Mes témoins, les hêtres, Aux hymnes des voix Des oiseaux des bois. Que j'ai eu pour cierges Les étoiles vierges, Des milliers d'oiseaux Et d'astres, flambeaux !… Mais si tu vois, chère, Une vieille mère Courant, toute en pleurs Par ces champs en fleurs, Demandant sans cesse Pâle de detresse : - Qui de vous a vu, Qui aurait connu Un fier pâtre, mince Comme un jeune prince ? Son visage était L'écume du lait ; Sa moustache espiegle, Deux épis de seigles ; Ses cheveux, si beaux, Ailes de corbeaux ; Ses prunelles pures La couleur des mures ! Toi, dis-lui, qu'au vrai J'avais épousé Reine sans seconde, Promise du monde, Dans un beau pays, Coin du paradis ! Mais, las ! à ma mère Ne raconte guère Qu'à ces noces-là Un astre fila ; Qu'au dessus du trône Tenaient ma couronne : La Lune, en atours, Le Soleil, leurs cours, Les grands monts, mes prêtres, Mes témoins les hêtres, Aux hymnes des voix Des oiseaux des bois ; Que j'ai eu pour cierges Les étoiles vierges, Des milliers d'oiseaux Et d'astres flambeaux !… Traduction: Ion Ureche * ( miorița - l'agneau voyant ) * Le poète et philosophe roumain Lucian Blaga parle même d'un "espace mioritique" dans la culture roumaine: "La mort, par le fait d'être assimilée à une noce, cesse d'être un acte biologique, un épilogue; elle est transfigurée, acquérant l'aspect élevé d'un acte sacramentel, d'un prologue. Elle est noce et la nature toute entière devient église".
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