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Ivresse
poèmes [ ]

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par [Olivier_Deck ]

2003-11-21  |     |  Inscrit à la bibliotèque par Radu Herinean




Nous boirons

oui !

à parler de la soif



Débouche

le vin puissant

bien avant l’heure

de boire

débouche-le



Je jetterai le liège

dans les flammes

il brûlera

mes larmes floues



Nous ne reboucherons pas

cette bouteille

nous l’épuiserons

le vin perd son chemin dans nos têtes



Ce qui de nous

s’évade avec lui

ne revient jamais



Nous ne reboucherons pas cette bouteille.



Ecoute les litanies

de bleu sombre nuit

nos pleurs répercutés dans les parois du vin



Le vin

nous aime au-dessus de nous

nous tue de songes

et les spectres des songes

balancent comme des roseaux

tout au long de l’étang

où va la barque du soir



Ce qui nous déchire

ô mon amour

ouvre dans les braises

l’espoir

d’une joie toujours renouvelée

et dans le vin qui coule

s’écoulent des litanies d’horloges rieuses



le pain que tu grilles

sur la plaque du feu

répand les parfums chauds

d’humanité rassasiée



croyons à cette heure

n’y croyons pas

cette heure où satisfaire nos ventres



croyons à cette heure

n’y croyons pas

espoir, désespoir

et rien

rien d’autre que

ça

nous

toi et moi

devant la cheminée ivre

qui se rit de l’hiver



Nos vies mêlées

qu’est-ce qui nous échappe ?

ce que nous ne savons pas

tout le mystère de cet instant

réside

dans ce que nous ignorons

que nous écoutons inlassablement

dans les parfums de fruit vieilli

vanille

fruits rouges

cuir

bois



L’ignorance

qui nous fait beau comme des enfants



Restons ignorants

tu ne trouveras rien

sous la cendre

fouille quand même du regard

tu sauras reconnaître l’absence

ou tu ne sauras pas

divague



J’aime ton souffle près de moi

ta respiration

où s’évade le fardeau des jours englués

ta respiration

où se font les promesses de la chair



Creuse les mots

ivresse

creuse le silence

creuser les mots

le vin

ouvre des tombes

dans le sel de nos prunelles

ombre profonde

ronde

sans début ni fin

ombre sans ombre

où se perdent nos cris

et crépitent

les étincelles de ton rire.


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