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Dérive océane
poèmes [ ]

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par [Annie ]

2006-07-03  |     | 



Sur la dune, un écureuil capte le soleil entre ses joues et lui tient un long conciliabule d'arrière-saison. Instant d'émerveillement : la lumière niche dans un camaïeu de bleus, la plus fragile des aquarelles.

Me voilà, mon Océan, en filigrane de tes murmures. Où que mon oeil se pose, ta voix déferle en souplesse. D'une lame, tu libères mon cerf-volant et l’enlaces. Et je m'effeuille, timide, tourmentée par ta vague soutenue qui me désagrège jusqu'à la cime.

Sans marées, il n'y aurait pas de sable fin, me dis-tu, notre île s'ensauvagerait. Peut-être as-tu raison.

Il est midi, l’air s’est dépouillé de ses ombres : ta silhouette est à réinventer lorsque les mirages plombent l'horizon. Je ferme les doigts sur quelques menus galets que j'ai disputés à l'écume. Cliquetis moiré, des ronds dans la paume où tes lèvres ricochent.

Et je te suis comme un fleuve suit son lit, avec ma soif démesurée d'évasion et mes humeurs vagabondes. Sans cesse, je reviens m'ensabler les genoux sur la plage qui naît sous tes doigts. Je ruisselle jusqu'à toi, cambrée par ta houle, sensible à l'avancée de ton rire sur mes rives.

Nautile au lent puits de vertige, je m'ouvre... ta fluidité nocturne m'inonde. Corps consenti comme à l'origine, je succombe à ton assaut symphonique, tanguée tant que ton chant s'élève des abysses. Au confluent de la ténacité et de l'abandon, tu te perds, je m'égare ; nos eaux sont douces et salées, troubles, troublantes. Mouvantes.

Mais bientôt, le vent se lève et t'emporte. Je me recueille, silence essentiel pour mieux savourer la fraîcheur qui irrigue mes battures. Je reviendrai à la prochaine lune m'éperdre de ta vague, toucher mon recommencement.


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