il est immense et azotique
l’amour au début et à la fin de l’amour,
alors que tu ne sais même pas qui tu aimes
et qui t’aime tellement

c’est une eau qui soutient tous les croiseurs
mais où coulent l’instant suivant les allumettes brûlées
et ça même si (et c’est ici l’azote)
du point de vue de l’eau
et beaucoup plus de l’amour
un croiseur ne pèse pas plus qu’une allumette.

bien sûr que c’est presqu’impossible
de recevoir l’amour de quelqu’un qui t’aime et que tu aimes
pour plus d’une seconde,
une seconde qui menace le reste des secondes du monde

cette femme s’acharne à clignoter dans la noirceur de ton esprit
qui sursaute alors comme un animal surpris,
elle se répète pour la première fois en ta présence
son parfum commence à te guetter, sans que tu le saches,
et c’est cette répétition que tu commences à demander

à ce point c’est la mer qui balaye tout
mais t’es seulement un peu effrayé,
car tu t’es déjà noyé plusieurs fois,
alors tu fumes en rigolant avec cette femme qui refuse,
chose bizarre, chose très bizarre,
de s’en aller
quoique tu ne sois personne, tu ne sois rien

chaque chambre faiblement illuminée
est au bout et au départ de longues rues,
pleines de papillons bleus qui battent des ailes qu’une seule fois
en même temps que tu cours;
quand la mer d’azote recouvre tout,
c’est dans un lieu vachement éloigné et précis
que s’éteint le geste de la femme que tu aimes


son amour a cette manière à lui de te rejoindre une dernière fois
avec une carresse qui déjà te quitte,
d’une tendresse déjà inouïe,
qui jamais plus ne sera attribuée à personne.