Quand par le soc, vous travaillez mon âme
D’une aube brumeuse à couper au couteau
Aux chants lugubre d’un envol de corbeaux
Ne m’entendez vous pas gémir sous la lame ?
Lorsque sous l’obus, j’éclabousse en gerbe
Mon émoi. Soufflant mon couvre chef en herbe
Aux sifflements de vos projectiles mortels
N’entendez vous pas mes râles intemporels

Tandis qu’en sous-sol, minant mes entrailles
Par des galeries de bois d’hêtre qui travaille
Aux suintements en douleur de mon poitrail
Ne percevez vous pas, la plaie qui me tenaille

Et ma croûte endure par tant de béton coulé.
Stagne sous vos routes d’asphaltes déroulés.

Jésus, que ma joie demeure aux vues des prairies*
Ne voyez vous pas, mon champ de vision dépérir.

Par vos immondices atteignant des sommets
Jurant au regard d’un dégradé d’or de mélèzes
Ne constatez vous pas, mes effets de malaise
De renvois en nausées, en lave je me démets

Sentinelle je suis, de vos morts pour toujours
Chers disparus cloîtrés à reposer sans le jour
Les couvrant au mieux, des cieux de ma terre
Serais-je, ciel ! Comme eux tenue de me taire ?


RAOUX – Pierre



24 Septembre 2004


* Hommage à Jean -Sébastien BACH.