Sous un plafond bas, à l’épaisse couche grise
Comme en suspension une suie choie parsemée
Sur un sol recouvert d’un linceul en méprise
D’une période révolue de souvenirs inhumer.
De longs serpents d’acier en spasme crissent
De gerbes étincelantes, électrocute ce monde né.
Ou des éclairs en fracas de tonnerre déguisent
L’atmosphère dantesque de vues hallucinées.

Et des bouches béantes manifestent en silence
Un désespoir muet, rappelant jadis Pompéi
Où des mains figées imploraient la clémence.
Comme le fit au final les fidèles de l’opus Dei
Des simulacres de pyramides s’élèvent en ruine
Ou sous des gravats de bétons armés, couinent
Des bruits saccadés et semblant comme hanter
Par des fantômes, pour longtemps réhabilités.

Partout sur la planète la vie contracta la mort
Et la prime beauté sournoisement devint hideuse.
La lune rentra dans sa nuit profonde en remord
Et les lumières de l’étoile s’éteignirent boudeuses.

Le diable n’eu nulle recours à prendre des gants
Pour montrer à son monde engendré de laideur
Toutes ces natures mortes aux traits extravagants
A des hordes de rongeurs, survivants aux odeurs.
Affamés, ils sortirent de ces prisons souterraines
Et par des cris vengeurs, à l’unisson par centaine
Ravirent le jardin perdu d’une civilisation ancienne.


RAOUX – Pierre


1 novembre 2005