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■ Les saisons
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2019-11-06 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
La tempête est passée :
J’entends les oiseaux fêter, et la poule, Revenue sur la route, Qui répète son verset. Voici le ciel serein Qui s’ouvre au couchant, sur la montagne ; La campagne se désassombrit, Et clair dans la vallée le fleuve apparaît. Tout coeur se réjouit, de tout côté Renaît la rumeur, Reprend le travail usuel. L’artisan, pour contempler le ciel humide, Son ouvrage à la main, en chantant, Se fait voir sur le seuil ; la paysanne Se précipite pour recueillir l’eau De la pluie nouvelle ; Le maraîcher relance De sentier en sentier Son cri accoutumé. Voici le soleil qui revient, le voici qui sourit Sur les coteaux et les maisons. La famille Ouvre les fenêtres, ouvre terrasses et balcons : Et, sur la grand-route, tu entends au loin Un tintement de grelots ; la charrette grince Du voyageur qui reprend son chemin. Se réjouit tout coeur. Si douce, si agréable, Quand l’est-elle, comme à présent, la vie ? Quand avec tant d’amour L’homme s’applique-t-il à son étude ? Ou reprend-il son travail ? Ou se met-il à une autre tâche Quand de ses maux se souvient-il moins ? Plaisir, fils du souci ; Joie vaine, qui est le fruit De la frayeur passée, dans laquelle tremblait Et redoutait la mort Celui qui abhorre la vie ; Dans laquelle en long tourment, Transis, blêmes, silencieux, Suaient et frémissaient les gens qui voyaient Amassés contre nous Éclairs, nuages et vents. Ô aimable nature, Ce sont là tes bienfaits, Ce sont là les délices Que tu présentes aux mortels. Sortir de peine Est pour nous un délice. Les peines, tu les sèmes à grands gestes ; le mal Spontané lève : et de plaisir, ce peu Qui par prodige et par miracle quelquefois Naît du souci, est tout bénéfice. Enfant De l’homme, cher aux immortels ! sois heureux S’il t’est permis de respirer Après une douleur ; et bienheureux Si de toute douleur la mort te guérit. (Giacomo Leopardi, Canti)
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