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Cœur et Aménagement du territoire…(2)
poèmes [ ]

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par [fabrice ]

2016-02-18  |     | 



Elle est morte
Vielle seule et sale
Exilée, au pré d’ordure,
Cachée, d’une haie de buis



Une caravane, une chaise et elle…
Pauvre femme, on ne connaît d’elle
Ni l’âge ni le cœur,
Son regard lourd de mal-aimée,
Pèse à nos paupières
Et peine dans nos cœurs

Elle vit sur ce lopin de terre,
Nul ne sait d’où elle vient,
Mais d’aucuns affirment,
Elle a toujours était là.
Loin des yeux, loin des âmes,
Si prés des maisons, des églises.

Elle porte des habits de couleurs
Toujours les mêmes, dit-on,
Parce que souvent elle en change
Et qu’elle aime aux caprices des cieux
Se faire belle.

Pluie, nuages et vent dans ses rubans
Font d’elle une lointaine bohémienne
Familles venues de Bohême ou d’Espagne
De vielles tombes encore en portent le nom
Mais réputées en état d’abandon

On l’a dit sans voix,
Sans doute un peu folle,
On l’ignore, on l’a craint,
Elle cueille au hasard,
Les fleurs du cimetière,
On la croise les jours de Toussaint.

Chez elle, en toute saison, s’éparpillent
De lourds parfums d’automne,
Bouquets de solitude aux senteurs de bruyère.

Jusqu’à elle, les chemins ne vont plus ;
Au détour, de si loin, qu’on la devine,
On détourne aussi la tête, seule l’ornière
Porte l’empreinte de ses pas,

Au conseil municipal, on pense à elle,
À son lopin de terre, si prés de l’aïeul,
Il pourrait tôt ou tard, assurer l’office.

Chassée, au-delà, plus loin encore,
Elle vit maintenant là où pourrissent nos déchets,
Où s’épanouissent aussi de merveilleuses fleurs
Dont on ne sait pourquoi la beauté échappe aux cœurs.





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