Isis :

Non je te le jure.
Tu ne te trompes pas.
Je te l'avoue.
Je te l'assure.
Je ne suis pas aux abois.
Hier encore, tu ne rêvais pas.
Que nous sommes insensés!

Le prince:

Nous ne le saurons pas.
Pourquoi chercher
Ce que l'on ne maîtrise pas?
L'amour vient sans bruit.
Il se faufile à petits pas.
Aux détours des mots,
Il attend sa proie.
Prêt à bondir là,
Ou on ne l'attendait pas.

Isis:

Je fus d'abord charmée,
Puis troublée,
Je ne sais pas.
Par des phrases, des mots,
Des je ne sais quoi.
ô! Monsieur le poête,
Etes vous toujours en quête?
Ne vous fâchez pas.
L'heure de la mort sonne
Pour tous ici bas.
Mais je dois te dire
Que dormir
Aux creux de tes bras,
J'en ai tant rêvé.

Le prince:

Hier soir, oh que d'émoi!
Je me suis endormi
Au son de ta voix.
Que s'est doux de pouvoir
Croire qu'ici-bas,
Un être vous aime,
Et ne vous ment pas.
Ce n'est donc pas un leurre
Ou un appât!

Isis et le prince:

Que ces tendres mots d'amour!
Dans nos coeurs , inscrits pour toujours
Nous les murmurons tout bas.
Croire en l'amour vrai,
Nous en avons rêvé
Tant de fois!
Nous avons la foi.
Mais jamais cru, jamais cru
Qu'il nous tendait les bras.
Croire en l'amour vrai
Jamais , jamais pu croire.

Je me suis endormie
je me suis endormi




Philippe Denhery