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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2013-02-13 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
Loup des steppes, je rôde, je rôde,
De la neige partout dans le vaste monde. Le corbeau bat des ailes dans l’arbre, Mais nulle part une biche ni un lièvre. Les biches, j’en suis amoureux, Si au moins j’en trouvais une ! Je la prendrais entre les mains, entre les dents, C’est ce qu’il y a de meilleur au monde. Je l’aimerais de toute mon âme, Je mordrais sa tendre chair, Je m’abreuverais de son sang si rouge, Pour hurler, après, toute la nuit. Je me contenterais même d’un lièvre, Sa chair chaude est bonne, dans le noir. Ah ! ai-je donc tout perdu De ce qui rend la vie un peu douce ? Le poil de ma queue est tout gris, Ma vue, elle aussi, se trouble, Ma chère femme est morte depuis longtemps. Et je rôde et rêve de biches, Je rôde et rêve de lièvres. J’écoute le vent souffler dans la nuit d’hiver ; J’abreuve de neige mon gosier brûlant ; J’emporte ma pauvre âme au diable. (Hermann Hesse, Le loup des steppes, 1927)
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