Ta robe et la nuit sont blanches
Tes yeux sont à lécher jusqu'au front de l'aube
Et je ne suis pas privé de toi

La nuit sur le papier
Et ton visage entre les doigts
Lisent mes jours

En fait
Nous nous aimions car l'âge est court

Et je veux aller et rester
Parce que tu es belle
Parce que Dieu aime ceux qui aiment
Lorsque la nuit s'étend sur les fleurs
Et mêle
La vie de l'âme au vide de l'âme

Ta robe et la nuit sont vertes
Tes yeux sont à lécher jusqu'à ce que tu me perdes
Le paysage est vieux ciel
Tu sais
Et pour te manquer je me prive de toi
L'amour que je porte est maladif
L'amour que je porte est fort
Aragon n'était pas le dernier courtois
Ni moi
Tu sais
Je veux aller et rester
Je veux t'embrasser contre la mort

Où sont allés nos ancêtres

Au bord de la tête une fenêtre
Et un poète qui regarde la mer
Dans le but de traverser ton ombre

Il y a dans la nuit
Il y a dans la mer
Une chose qui dit à la fois
Le début et la fin du monde
Une chose qui dit la force animale
Afin que la terre gémisse
Afin que la terre pleure
Son sol de sang
Sur les scènes de haine meurtrière

J'ai tant vu
J'ai tant vécu
J'ai tant rêvé
Sans moi

Il y a des bateliers sans étoiles
Il y a des chameliers sans espoir
Il y a des souffrances cachées

Dieu sauve Dieu pitié
De la boue qui veille
Entre le profond trou du vague
Et l'enclume de la pensée qui se martèle
Sans moi

Ta robe et la nuit sont ailes
Tes yeux sont à lécher jusqu'au vin de l'oubli
Et je ne suis pas privé de toi
La nuit est voleuse
La poésie est pays
L'odeur de ta peau est lâche

Mon cahier est l'écureuil de l'os

L'automne abandonne
Et je ne suis pas heureux de moi

ô Dieu de l'espace qui surpasse le temps pitié
De la boue qui veille en son lit essentiel
Parce qu'elle est seule
Parce qu'elle est triste

Il y a dans la nuit
Il y a dans le silence
Une chose
On la sent
L'aube est proche
L'automne abandonne son oeil jaune
Je deviens léger comme un vent
Doux
D'été