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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-08-28 | |
Ô rage, ô désespoir!
C’est ce qu’avait hurlé un vieillard inutile Sur une scène d’Espagne où il déambulait, L’orgueil encor transi d’une blessure qui l’avait amputé De sa vanité flamboyante jadis. Vieillards inutiles! Pourquoi criez-vous donc? Votre honneur est-il enterré dans les limbes de votre jeunesse, Sur une scène latine où vous déambuliez, Au sein d’une Europe défigurée par un rideau de fer, L’orgueil encore transi d’une blessure qui l’avait amputée D’une Roumanie flamboyante jadis? Ô rage, ô désespoir! Le tyran est tombé! La guerre mangeuse d’hommes S’est découvert une passion Pour le Moyen-Orient Et a laissé l’Europe aux chirurgies plastiques De Monet, Schuman et autres artistes de l’économie politique. Exilés! Mais n’êtes-vous vraiment que des vieillards inutiles? Dans vos cœurs vit encore le tyran qui vous avait blessé Dans votre jeunesse jadis, Apollon musagète vous tend des vers au nez Et vous les récitez dans un état de transe, Le vin et l’encre sont vos deux ambroisies. Qu’importe le monde! Qu’ils aillent se faire foutre, Tous ceux que l’Europe n’a pas déchirés! Êtes-vous exilés? Le tyran est tombé, oui –votre jeunesse Est enfouie sous les décombres de la révolution. Comme la flamme de l’amour, votre orgueil de jadis N’en est que ravivé; la distance et le temps Ne sont pas pour vous de cruels châtiments. Votre supplice est doux, ô poètes, poètes! Chercheurs d’or des temps modernes qui trouvez des pépites Enfouies dans les décombres de vos souvenirs! Exilés, oui! Mais heureux, Ivres de vie et de poésie, D’amour et de femmes qui réchauffent vos cœurs, Fantômes des ruines de vos vers estropiés. Vous souriez au temps et à la mode, Un goulot à la main et un stylo dans l’autre. Une table bien garnie, un poème et un mot d’esprit Font votre paradis, Ovides décharnés! Oubliez donc un peu votre Rome Et ses fantômes de ruine, de haine et de décombres. Attila est passé! Les Vandales ont dépouillé les riches Des biens qui les rendaient si odieux Aux yeux de ceux qui disaient œuvrer pour le bien commun. Si bien œuvré, qu’ils ont même volé leurs vers aux poètes! Oh! la tyrannie n’étouffe plus les cœurs; Le couple de voleurs a été fusillé. Mais qui rendra les vers qu’ils ont volé aux poètes? La famine, dit-on, est une muse de misère, Et il n’en sort que des vers misérables. Qui rendra la jeunesse aux vieillards? Qui pansera leur orgueil transi? Quel baume apaisera les plaies de leur vanité flamboyante jadis? Tyrans! Vingt ans d’Histoire se sont accumulés au-dessus de vos tombes, Et vos fantômes hantent encore les poètes latins! Vos crimes ont-ils à jamais défiguré leur fierté? La souffrance se sent et se lit encor mieux. Souvent, au détour d’une conversation, Toujours ces noms entachent les propos D’un cercle de poètes disparus, Exilés, immigrés, échoués Sur une île d’Amérique où ils ont trouvé un Dieu Dans le libéralisme. Remerciant Locke, ils joignent leurs mains en prière Et se cachent dans un verre Parfois de vin blanc, parfois d’absinthe, Tout en composant des vers Parfois blancs, parfois noirs et mélancoliques Comme ces Romantiques qui se gavaient d’opium. La mémoire est votre seul opium, Ovides désabusés, Une mémoire que vous estropiez Pour mieux vous souvenir de votre jeunesse, Et pour tomber, ni dans la rage, ni dans le désespoir, Mais dans l’oubli éternel de la poésie!
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