Un chapeau cabossé par sa vie vagabonde
Posé sur un sourcil touffu, défi au monde
Qu’il a dû rejeter, un matin de printemps.
Il flingue depuis lors, sur les routes, le temps.
Rescapé d’un saloon, ou d’un mauvais bistrot,
On l’entend déballer son blues de clodo
Sur un ré un peu soûl, un accord ébréché.
Ivre de solitude, il se pend chaque été.

Par ce geste lassant il espère sombrer.
Mais chaque aube l’enlève au repos convoité,
Le remet sur la scène de sa dérision
Comme un fan acharné, par excès de passion.
Il soutient sa carcasse et son air improbable,
Quand il a le bourdon, le coude sur la table.
Il commande un cognac et oublie un instant
Ses débauches grivoises, son ennui permanent.
Quelques gorgées plus tard, il ébauche un sourire
Qui éteint les regards, attise les désirs.
Incurable Morphée, il reprend son chemin
Vers l’enfer calciné des mondes incertains.