Bien que le suicide soit souvent considéré comme un acte de lâcheté, je me demande s'il s'accomplit en pleine lucidité. L'amour est parfois une façon dure de perdre la raison et pour mon acte je n'ai pas eu la force de soulever la chape de plomb amalgamée de peines et de pleurs. Quand vous vous noyez dans un torrent de larmes, les idées pernicieuses viennent souvent vous faire la cour, vous charmer, vous séduire pour que vous embrassiez leurs désirs qui vous amènent au dernier soupir. Bien sûr on peut penser que chaque mot a son contraire pour vivre et que le mal est une tare qui pèse sur la balance de l'existence, mais ne fera jamais le poids face à la générosité d'un cœur qui vaut son pesant d'or. Et pourtant, posé sur le fil du rasoir, l'équilibre est fragile et le moindre souffle d'abandon vous bascule dans les ténèbres des griffures du temps. Ainsi, le Pour a besoin du Contre, le Vrai a besoin du Faux, le Pouvoir a besoin d'un Contre Pouvoir, le Bien a besoin du Mal et Dieu a besoin du Diable pour guider nos pas sur le chemin de la raison. Mais est-ce que les forces en présence sont égales pour s'affronter ou ne sont elles que des vérités littéraires ? Je remonte la pente doucement et les projets reviennent après avoir vu la lumière.

Lumière céleste.

Basculant dans le gouffre aux pensées pernicieuses
Dans la boue des bas-fonds, je patauge et me meurs
De mon spectre éthéré comme une nébuleuse
Mon esprit s’évapore en un ciel de noirceur.

Les perles carminées des veines tailladées
Roulent en bracelets sur poignets incarnats
Rubis de sang figé, cadeau d’éternité
Pour Madame la Mort qui me prend dans ses bras.

Douce est la caresse des rayons de lumière
Qui éclairent mon âme au sortir de mon corps
Pure blancheur de paix qui ouvre sa barrière
Pour l’empyrée d’extase où l’amour sera fort.

Jean-François Grégoire