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Sacre des amants
poèmes [ ]
Chant premier

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [kerven ]

2005-02-23  |     | 



Le sacre des amants n'est pas une traduction plus ou moins littérale et mystique du célèbre Cantique des Cantiques mais un essai d’interprétation de cette relation sublimée des amants. J'ai tenté de sauvegarder sans trahir, dans cette transposition rapprochée du langage contemporain.
Le fait de retenir surtout le caractère érotique du poème ne le prive pas, pour ceux qui voudraient en faire une autre lecture, de son caractère mystique. Plus sacré peut-être que certaines traductions qui ont trahi les gestes et dires universels des amants pour les in humaniser ?
Y H


Chant premier

Elle
Tes lèvres sur les miennes,
tes caresses sur moi comme un vin répandu,
tes odeurs d’huiles et de musc !

Ton nom sonne, quand tu me quittes,
comme un air dans la rue.
Je ne m’étonne pas que les jeunes filles t’aiment !

Je suis noire et brûlée au soleil du désert
mais plus belle en mon corps, filles de Jérusalem
que la peau brune de vos tentes nomades !

Donc, vous me dédaignez ?
Vous dites entre vous :
« Sa mère et ses fils, de colère,
Ne lui auront laissé que maigres vignes »
Mais ma treille est en moi, filles de Jérusalem.
Je n’ai pas su garder son vin.
Ses grappes sont à qui dénouera ma ceinture.

Et seule au soir, j’appelle :
« Mon Maître, mon amant,
pourquoi laisses-tu ta naïve
te poursuivre en suivant
les traces des brebis,
tourner à ta recherche
autour de cabanes enfouies ? »

Lui
Va, ma pouliche,
tu serais digne qu’on t’attelle
au char de pharaon.
Tous les orfèvres se battraient
pour te faire un licol aux pépites d’argent !

Elle
Mon bien aimé est un sachet de myrrhe entre mes seins,
un if dressé dans mon rang de vignes !


Lui
Tes yeux sont deux colombes
qui nagent sur mes lèvres.

Elle
Nos draps sont de gazon.
Notre maison est ce ciel pur
dont les grands cèdres sont les poutres,
les tuiles, nos cyprès.

Lui
Je te recouvre d’ombre vive
comme un troène cache un lys.
Quand tu parais, les autres filles
ne sont que des chardons.

Elle
Tu vas, brûlant les foules
comme un grand pommier blanc
éclaire la forêt.
Vêtue de ta seule ombre et coiffée de tes feuilles
je veux croquer tes pommes.

Dis, tu m’amèneras au cellier
puis, d’un coup, en surprise
étendras sur moi ta bannière ?

Moi je grignoterai
pour me rendre des forces
tes gâteaux de raisin.
Mais pour guérir ce mal d’amour
mieux vaut encor croquer tes pommes !

Ah, je sens sous ma tête
ta main,
tandis que l’autre bras m’enlace.

Lui
Filles de Jérusalem
par la biche et le cerf
ne touchez pas à ce corps
qui s’endort d’amour
avant que mon désir l’éveille.

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