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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-03-24 | | DÉFINITION DU ROBERT « Torture infligée aux accusés et condamnés pour leur arracher des aveux. Infliger la question. Soumettre quelqu’un à la question. » Introduction Si les maux nous torturent, c’est pour que nous soumettions nous-mêmes les mots à l’épreuve du temps, en les transmutant pour en extraire la preuve aux feux de l’épreuve : - Par l’alchimie subtile des mots et des émotions. - Par une authentique kabbale, pratiquée au laboratoire du verbe et dans l’oratoire de l’écriture. - Par analyse, découpage, assemblage, collage… comme par une calligraphie que l’on étendrait à l’ombre des inconnues mathématiques, à même les peaux vives, à la plume, au fusain, au crayon, à la mine de rien et à la mine de plomb, mais toujours en terrain miné de gisements et de carrières impénétrables. - Par opération à la pierre noire des jours de cafard, et à l’encre des bons jours, au pastel des événements et des faits quotidiens, au fil des rencontres et des lectures… Ainsi, si les maux nous torturent, C’est pour que nous puissions à notre tour torturer les mots. Comme en peinture, Aux coins et accidents des mots qui s’entrechoquent, à coups d’aquarelles, De gouaches, d’huiles ou d’acryliques aux couleurs de la vie Il faut répondre par des coups abstraits, arbitraires et ambigus, Afin de tourmenter les mots qu’ils deviennent martyrs et saints. Nous faire les bourreaux du contextuel et de l’expérientiel, Qu’ils évoluent de « motifs » en « motivations » Mots – témoins, des dieux et muses de la phonétique. Qu’ils souffrent la mort pour quelque conjugaison que ce soit, Par heurts et mélanges des lavis et des fresques sur la peau, Tatouages aux pochoirs, saignés à la sanguine au nid des artères, Contre placages, Laquages, lynchages à la gravure des expressions Et des motions intérieures, caves et cryptes hantées. Il nous faut soumettre les mots aux chinoiseries les plus subtiles, Les passer à la psychanalyse et à la décomposition, Les baragouiner, les galimacier, les charabiatiser, les lyncher, Les lécher et les lâcher enfin, au fil des phrases en cent morceaux. Comme dans les champs de Maldoror, les sermonner, les savonner, Les Lautréamoner, jusqu’à ce que les vers soient « luisants », jusqu’à ce que la lettre même, À l’iota des consonnes, soit comme tordue de douleurs délectables, À même les syllabes qu’on plie à casser, pour les dépouiller de leurs gangues successives, en les artaurisant à la folie, De joutes en jouissances, et poursuivre, et rependre, Et reprendre encore, avec acharnement, Sans pitié, seulement avec plaisir, et sueurs froides. Sans abolir la peine cruelle du démembrement, moi, cris, Jusqu’à ce que les caïeux de mots paraissent à la surface de la feuille, Printemps des M, m’a, consonne après voyelle, comme l’espace peut Soumettre la chrysalide à l’épreuve du temps, Que la chenille permute de métamorphoses en transfigurations, Et que la nymphe donne naissance aux nœuds papillons, Pour ravir la feuille beurrée de piments, et d’inspirations, Pour rendre la lecture agréablement dense comme pili-pili, Poivres des pages en feuilles, et des versets en livres … À se régaler le corps, l’âme, à cœur de dégoût, Plein la tête et l’esprit, afin d’être « conscience » Et que l’enveloppe s’ouvre à l’envol, aux cieux, Accouche de l’enfant, comme boîte pleine de gros maux, Enveloppe contenant l’inconnu de beaux écrits lépidoptères. (…) Il nous faut soumettre le verbe à la question, serrée, Drue, et la chair aux réponses, et le vent aux cris, à la chute. Pas d’incarnation sans carnation, pas d’écris sans appel, Pas de maux sans mots, pas de sang sans rimes, Horribles saignées sur la surface mouillée par les encres Et de larmes amères, l’écume, la bave des balbutiements. Il nous faut pendre les vers par les pieds, orteils - syntaxes Pour en faire jaillir la substance, la moelle, l’essentiel, Les crottes de nez, les cent ciels face aux censeurs Et autres envieux crotales, vicieux et venimeux Du « beau monde » de l’édition. Les étriper, les dénuder, pour arracher l’aveu aux sujets, Sous la torture, les affamer, les assoiffer, les styliser, Les sur réaliser à la Magritte, par mots-clés dégrafer les portes, Les chagalliser au bleu de cobalt, au violon chagrinant, Les portraiturer, les peinturlurer au chahut des couleurs, À la terre brulée des élans, au zèle des arcs-en-ciel Au vert émeraude des écrits poussiéreux, aux tiroirs Des manuscrits rédigés sur mandat-poste, Au rouge céladon, au carmin des regards, Jusqu'aux pigments de la lie. Jusqu’à teindre le rouge en feu, et le jaune et le blanc Pour les rendre tout semblables à l’or des grands cieux. (…) Les ventiler, les craquer de couleurs de cinabres Des ocres plein les yeux et des pourpres brulés Jusqu’aux pâleurs extrêmes, quand le mot s’évanouit Pour laisser place au mal d’un bonheur à créer. Les cuisiner à l’émincé des mots, les graver au burin, Les sculpter au marteau, leur faire peur à la fissure de l’effroi, Leur faire réaliser le grand écart, chorégraphie obscène, Les compresser à broyer du noir et du blanc, Et contraindre les mots, sans confession, À la lumière de toute chose écrite. Extraire jus, spores, semences, sèves de leurs racines étymologiques. (…) Les livrer corps et armes à la vivisection, Que la poésie ne rime plus avec stupidité, N’avoir aucune crainte d’érafler les mots, de les valoriser, Villoniser, Nervaliser à la totale, les baudelairiser à coups de martyrs Et de m’Artaud … les castrer aux lexèmes, émasculer les rhèmes. (…) Les pendre par les mains à la branche des grammaires, À fleur de langage, à style inconcevable, à baragoinfre, À jargon tourmentant, à charabéat béant, à mots crus Et bouches cousues aux fils à plomb des dictionnaires. (…) Il est nécessaire de les châtier à vif, surtout, Pour avoir divulgué aux dieux, aux idoles, Le mystère du Verbe et la sève des hommes, Afin de sortir l’écriture des sentiers canonisés et balisés par de hautains Seigneur en des châteaux De conformismes. À mots couverts, les étouffer dans l’œuf, les découvrir, Au plus froid du néant, et révéler ce qu’ils recèlent, De plus riche, de plus grand, Leur faire souffrir les pires supplices, déchaussés, En leur faisant exprimer ce qu’ils refusent de dire, Au méandre des mots, labyrinthes serviles et gluants, Terrasser Minotaure et supplicier Marsyas, écorché vif Sous la plume et le supplice des suffocations, Des pages blanches, Littéralement et grossièrement incorrectes. (…) Les fustiger de qualificatifs, de grosses épithètes, De supposition et de doutes, de fautes d’orthographe De frayeurs, d’infractions à la conjugaison, De crimes contre l’académie, de forfaits littéraires, Gratter, griffer, érafler les mots, pour percevoir La pépite qui brille à l’arrière de tout ça, car L’or, c’est le vrai verbe derrière les mots. Il faut électrocuter les mots avec l’aiguillon du Bic, Les battre avec passion et persévérance, Jusqu’à ce que leur corps soit couvert d’ecchymoses, De métaphrases, de métaphases violettes Et de métastases noueuses de termes (…) Il faut les infecter, les affecter, les infester, Les rendre vivants. (…) Il faut les mordre, les dévorer, les digérer, D’allégories en métaphores saignantes, Qu’on ne puisse plus les reconnaître après Le grand œuvre alchimique. Les frapper de fausses gloses, les berguiser, les schoenberguiser, Les stockhauseniser … de portée en portée, De croche en crochets à nouer les glottes. Il faut les torturer par le travail et les exercices forcés, De mille et un sévices moraux et physiques, De toute la hauteur du chevalet des horloges, De toutes les flammes des crémations dantesques, De tous les carcans des pulsions et des passions, De toutes les tensions de l’écartèlement, De tous les pals d’une démente rythmique, Des piloris de la poétique, des signes et des sens, Des roues de la dialectique, des tics et autres Sémantiques. (…) Les coudre et en découdre d’eux, toujours, Au langage des Anges sur les ailes des moulins, À plein-vent de refrains, aux galets des couplets, Pour les broder aux fils bleus des veines et des peines. Les griffonner de rites et de rimes à l’encre indélébile, Cicatrices gémissantes de plaies ouvertes au temps Les mettre dans des postures et des poses étranges, Affleurant le papier de grands rêves froissés, Jusqu’aux cimes de l’extase aux douleurs voluptueuses, Tueuses d’expressions sur le galbe de crêtes Aux mots fragiles comme des seins. Les torturer, tout comme au Moyen Âge Ou aujourd’hui encore, de par le Monde, Aux pays où les poètes sont maudits. (…) Il faut les tourmenter à en perdre la tête, Pour extorquer des confessions aux poètes-sorciers Les défier en cour d'assises sur des tabourets, Tout parsemés de clous et de châtiments, Sur ces pointes acérées, percer les signifiants, Les tirer hors contexte, élonger le phrasé, Les souligner, ponctuer à Hautes Majuscules, En gras, à l’italique des étals liquidateurs. Oui, il nous faut maltraiter les mots, Comme on traite les maux de tous les mots, À plein garrots, par immersion, aux fers brûlants Dans l’anus des mots et tous les orifices de « passage » À plein rouleaux d’épines, à tourniquets fous, À brodequins sciants, aux rasoirs des expériences, Les vider de leur sang, de leur lymphe sémantique, Leur injecter goutte à mot du plomb fondu dans la bouche, (…) Les mettre tout nu assis sur le chevalet froid, Tirer les jambages de chaque côté des marges, À grandes saillies de parenthèses et guillemets. Par L’épreuve et la preuve de l'estrapade. Et pour finir, la torture finale, celle du dernier mot, Du dernier vers, donnant libre cours à notre créativité, À l’extra de l’estrapade par ectopies, euphémismes, calambours Par d’extraordinaires dislocations, les extirper à l’extrapole, À l’extrême fin, à l’extractible, à l’infini (…), Après avoir soumis tous les concepts à l'estrapade Syllabe ectomisée après syllabe, Martyriser sous toutes les clôtures confondues Par l’arrachage des limites, dents et piquets, Que les mots soient, libre comme un vol de goélands, Affranchis des chairs, du souffle, au souffre cramé Des géhennes de toute la création en visions. Que les mots soient dégagés avec des pinces rougies D’un pur soleil de minuit, ou sous la pleine lune, Et qu’enfin, d’une main tremblante, fébrile, Et d’un œil étonné de contemplatif, Qu’on puisse regarder l’Œuvre, Et la lire subtilement, en mangeant Aux méandres de la symbolique, les lauriers arcades mites à l’huile de linguistique. (...) 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