Illustration : La permatosphère.








« La création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore »
(Romains 8, 22).

Dédicace : au physicien, pacifiste et écologiste Hans-Peter Dürr (1929-2014), ancien membre fondateur du Conseil pour l'avenir du monde.



Dans ce Cosmos en gestation où toute la création gémit ; je suis là, solidaire du monde, comme un flagelle éreinté par tous les chemins parcourus, les jambes lourdes et les mollets douloureux, je flageole devant cette réalité de la permatosphère , et je suis autant fasciné que sidéré face à cette vérité intersidérale :

le Cosmos est une Macroferme.

Enfant, je savais déjà que l’Univers « pensait », qu’il pensait même fort, comme un instituteur bienveillant pansant nos incompétences, en aménageant ses leçons, sa vitrine de leçons de choses et ses grandes cartes des océans.

Mais le Cosmos réfléchit-il ? A-t-il une intelligence et une réelle conscience plus réelle que la nôtre ? Car penser, c’est une chose, mais la réelle réflexion, la pleine conscience et la responsabilité surtout en sont bien d’autres ?

Comme elle me confirmait au fil de mes jeux, j’étais moi-même une sorte de Lutin buissonnier, et la forêt de bourgeons en bourgeons à fait de moi un écologiste et un humaniste convaincus.

Imaginant l’eau de la Dhuis couler jusqu’à Paris, et regardant s’écouler le filet d’eau du Rouaillier aujourd’hui enterré, je savais que l’eau avait une mémoire supérieure à la mienne ; et que les grands arbres tout au long de la Dhuis avaient de l’esprit autant sinon plus que les grands hommes ; et peut- être même que la forêt abritait au cœur de ses feuillages ou au plus creux de leurs racines, des nids et des terriers où venaient se terrer les derniers esprits de la grande forêt de Bondy.

Comment l’enfant pouvait-il savoir et éprouver cela ?

Existe-t-il en dehors de l’école, dans tout l'univers, une forme de permaculture et de biodynamie mentale et spirituelle ; comme une réalité transcendante qui tisserait sa toile comme un gigantesque écosystème, pour relier la pure intériorité avec les apparences de monde ?

Et dans ce sens, la pensée magique et dynamique des petits est-elle un pont biodynamique entre le visible et l’invisible ?

Mais aujourd’hui, je n’en doute plus, le Cosmos comme notre planète bleue sont un seul et même être vivant, un Pattern ou une Mattern, telle une matrice autant physique que spirituelle, car je ne me résous toujours pas à séparer l’un et l’autre.

Reflet du Cosmos, la Macroferme est un miroir de cette cosmogenèse où l’on cultive l’Amour et la création de toutes les manières possibles.

Dans la nature, tout y est naturel, dynamique, organique, biologique et vivant… Et les ambitions des dictateurs de tous bords comme le réductionnisme des sciences cognitives, le fondamentalisme des uns et le matérialisme scientifique ou pas, de tous les autres n’y changeront rien !

Depuis la nuit des temps, en dehors de quelques belles exceptions, le monde des homo-sapiens semble faire obstacle à la présence permanente d’un amour créateur, durable et solidaire.

Et ce qui manque tellement à nombre de nos créations technologiques, c’est justement cette humble science éternelle des écosystèmes et l’art infini de concevoir de la nature et de la vie comme de la bienveillance et de la miséricorde.

Comme un aquarium fermé hermétiquement sur lui-même, l’univers mondain est un univers clos ; et afin de passer le cap de l’animalité de l’homo sapiens à l’Humanité d’un Homme pleinement Humain, ce pont ou ce grand « passage initiatique » d’un univers clos à celui d’une multitude d’univers infinis et de dimensions parallèles, va bien au-delà d’une grande révolution copernicienne ou d’un simple changement de paradigme, c’est une prise de conscience responsable qui dépasse à l’infini , tout ce que les hominidés ont pu connaître depuis leur préhistoire.

Depuis mon adolescence, cette « cosmogonie organique » a toujours été présente dans ma vie et ma poésie, comme dans mes visions de plasticien, visions d’une humanité et d’une Terre en pleine gestation, au sein d’un océan stellaire plein d’informations dynamiques comme des spermatozoïdes cosmiques.

Tout comme le Vide (quantique) participe d’un grand processus fertilisant à l’échelle des Univers, où la vie est le reflet d’une attention et d’une intention cosmique, cette « Macroferme » se déploie. Ce qui rejoint la vision teilhardienne d’un Cosmos évolutif.

Voilà pourquoi depuis l’enfance, je rêve d’être jardinier et fermier.

Et c’est ainsi que je vois la Macroferme, comme un superbe jardin d’Eden, reflet de cette cosmogénèse où l’amour est cultivé, et où chaque créature, chaque brin d'herbe et d’ADN, chaque atome ou chaque rai de lumière sont nés d’un Amour inconditionnel ou de quelque big bang des plus charnels, afin de participer ensemble à ce grand projet éternel et infini bien plus vaste que notre cœur, notre cerveau et notre imaginaire.