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■ Le mythe de Sisyphe
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2025-01-23 | | En annexe, un poème inédit de Monsieur C., intitulé : « À un cheveu près ». Dédicace : à tous ceux qui ne cessent de s'arracher les cheveux. « Ô toison, moutonnant jusque sur l’encolure ! Ô boucles ! Ô parfum chargé de nonchaloir ! Extase ! Pour peupler ce soir l’alcôve obscure. Des souvenirs dormant dans cette chevelure, Je la veux agiter dans l’air comme un mouchoir ! » La chevelure, Charles Baudelaire (Les fleurs du mal). la paléogénétique nous révélera-t-elle un jour pourquoi nous avons perdu tout notre pelage ou notre pilosité de primate ; et pourquoi, mammifères sachant y faire et hominidés pleins d’idées, nous n'avons préservé que quelques poils épars et seulement une touffe de cheveux restée-là comme une relique, au sommet de nos crânes de têtu ? À s’arracher les cheveux, la conscience nous pousse-t-elle sur la tête comme les poireaux au jardin ? Se fait-on des cheveux blancs pour être incité à grandir davantage en sagesse ? Le mal aux cheveux nous pousse-t-il vers plus de responsabilité et de prise de conscience ? Et à les couper en quatre ou en huit, cela sert-il vraiment à quelque chose ? Sommes-nous des victimes innocentes, ou des proies pétrifiées par l’enchevêtrement des cheveux de Gorgones ? Comme si nous étions obnubilés ou médusés par les apparences et tout ce fatras de perruques mondaines ? Sommes-nous les bouffons de nos propres bouclettes en spirales, et de tous nos parcours en boucles de Möbius, aux vortex des frisures et des boucles d’un « éternel retour » à nos propres pointes de départ ? D’une manière souvent inconsciente, un cheveu après l’autre, l’existence nous pousse sur la tête, et à y regarder de plus près, nos cheveux semblent se dresser pour nous tirer vers le haut, comme en direction de la vraie Vie. Le cheveu, c’est comme un chemin de kératine, d’ailleurs nous en avons même au bout des doigts pour agir, et sur la tête pour penser, imaginer et croire, afin de croître vers plus de conscience. LE RENDEZ-VOUS. C’est la raison pour laquelle, afin de boucler sa propre boucle existentielle, ce tout nouveau patient, par peur d’être pris pour un fou chevelu, ou pire encore, par effroi de friser le ridicule, avait, durant des mois, épluché les annuaires de A jusque Z ; cherchant entre la profession d’Analyste et celle de Zoothérapeute, un ou une psychothérapeute disponible à proximité de chez lui. Et c’est là , suite à sa prospection et à ses introspections relatives à ses propres imperfections, que notre futur patient, sans avoir pris rendez-vous, sonna à la porte de mon cabinet. Toutes les frisettes qui couvraient son espace - tempes étaient comme une invitation à la permanence comme à l’im-permanente, c’est-à -dire comme une bienvenue au traitement du coiffeur comme à celui du thérapeute. Heureusement, mon épouse était là pour l’accueillir, le faire entrer avec son éternelle bienveillance, et lui fixer un rendez-vous. Comme quoi il n’y a pas de hasard ! Et que si tout est analogique dans le Cosmos comme dans les cabinets de psychothérapie, pareillement tout est synchronicité dans les espaces chevelus de l’Univers. Nous étions déjà à la mi-juin, et à un cheveu des grandes vacances qui déjà , à grands coups de beau temps pointaient le bout de leur nez. C’est de la sorte que, trois semaines plus tard, les boucles de cheveux de Monsieur C., comme Crolle ; et les mille questions de cet indéfrisable patient, pénétrèrent la salle d’attente et mon cabinet, afin d’y être démêlées, comme s’il s’agissait pour lui de boucler une bonne foi pour « doute », sa propre boucle existentielle. L'ECHEVEAU DES CHEVEUX Quel lien pourrait-il y avoir entre les crolles des cheveux frisés d’un enfant de chœur ; la double spirale de notre ADN ; la raie dans les méandres de l’existence ; et toutes ces boucles temporelles qui régissent nos pensées et nos croyances ; en ces dédales qui sillonnent nos corps, nos « espaces tempes » comme nos « espaces temples » ? Des questions tirées par les cheveux direz-vous ? Je le pensais aussi avant de recevoir dans mon cabinet cet indéfrisable patient, aussi bouclé que l’espace-temps ; et peu de temps avant qu’il ne me conduise sans le vouloir par la tignasse, comme le furent Saint Paul et Saint Ignace, de nos propres cheveux jusqu’aux racines de la toison d’or de Dieu. Comme pour m’aider à peigner les problèmes, et afin de démêler les choses, pour faire le lien entre toutes ces multiples questions et leurs variables, Monsieur C., dès les premiers entretiens, se montra comme un patient coopérant et bien agréable, avant de devenir lui-même un guide et une sorte d’accompagnateur pour moi-même. Les échevelés comme le fut Albert Einstein ont des intuitions profondes ; et Monsieur C. était de ceux-là ! « Le cuir chevelu, il faut penser très fort pour le tendre, et réfléchir en profondeur pour le détendre ; le sommet de nos crânes est bien souvent comme un vieux parchemin… » me disait-il avec foi. Et c’est probablement pourquoi on parle de « cuir chevelu », de pensée qui nous tannent quand notre cuir résonne comme une peau de tambour en nos caboches trop résonnantes. Par – chemin, certainement ! Mais on pourrait tout autant parler de « grimoire », de mémoire dans une reliure de peau ; ou carrément de « peau de chagrin », de fou folio, comme d’une édition sans cesse revue et corrigée par notre trop fragile mémoire. Parfois, dans ses moments de confusion, de ses deux mains tremblantes, il couchait vers l’arrière ses mèches les plus rebelles, comme pour repousser certains affects. Ses cheveux pêle-mêle étaient comme un fatras de vieux souvenirs, et dans ces moments-là , ses mains, comme un peigne à dix doigts, me semblaient chercher la trace d’une raie de lumière dans une invisible raie de conscience. Il avançait, tel un stalker cherchant une ligne de séparation entre un lointain passé et ses peurs du moment ; ou une zone de démarcation entre l’instant présent et l’appréhension d’un futur en chemin. Il n’est pas facile de porter la raie droite quand les chemins de kératine sont courbés comme l’espace-temps. Pas facile de suivre la courbure de l’espace dans une mèche d’un temps qui ne cesse de vriller. Pas facile de vivre au sein du monde dans un temps causal, linéaire et duel, alors que la vraie vie nous inspire le contraire, et nous aspire comme un vortex tourbillonnant. Nos arcades sourcilières disent peu de nos soucis réels, comme notre protubérance occipitale externe ne dit rien de la bosse des math ; depuis toujours, il se fait que les mots de tête et les maux du monde sont intimement liés ou associés, comme entre le Ciel et notre espace tempes enluminé de luisants cheveux blancs. « Les Élohim racontent que nous sommes tous reliés, comme de cœur à cœur, aux cheveux de Dieu par nos propres cheveux… » Délire ou intuition profonde ? Croyance du Nouvel-Age où découverte fondamentale ? Monsieur C. , sans le vouloir ne cesse de m’interpeller. N’est-ce pas d’ailleurs, de mémoire de résineux, la raison pour laquelle, nous décorons nos arbres de Noël avec des « cheveux d’Ange », ces guirlandes dites aussi de Tinsel, ces beaux brins de couleur métallique, argentée ou dorée très décoratifs et lumineux, comme de divins cordons, parce que Dieu, en cette divine connexion, utilise peut-être le filaire plutôt que le wifi, et la Communion plutôt que la connection . « Oui, nous sommes tous connectés au sommet du crâne par nos cheveux » me dit-il, en me parlant de ce fameux « Sahasrara » des Orientaux ; ce chakra des plus subtil, celui même que l’on dit « de la couronne ». « Vous ne l’avez peut-être pas expérimenté, mais c’est un portail en forme de fleur de lotus qui nous relie au Cosmos, comme par une antenne au sommet de la tour Eiffel. » Il semblait, non seulement connaître parfaitement son sujet, mais l’avoir aussi, maintes fois éprouvé comme un expérienceur d’EMI ou de NDE. Pour Monsieur C., le Sahasara, était comme une sorte d’ascenseur spirituel, telle une fleur de Lotus ascensionnelle ; une fleur aux mille pétales qui selon ses dires « nous mettent en communion avec la plus pure des Intériorités, le divin lui-même . Comme une fleur de Vie qui nous relierait au ciel (comme un cordon ombilical ou un tunnel de NDE), par « une multitude des brins », selon ses propres mots, « ceux mêmes d’une corde de Miséricorde ». « Et même quand nos cheveux sont bien plantés, bien souvent, à un cheveu près, nous manquons ce train entre le paradis ou l’enfer, restant là béats dans notre propre purgatoire, dans un monde des plus mondain … » DES ETATS PLUTÔT QUE DES LIEUX L’enfer, le purgatoire ou le Paradis, pour moi, ce ne sont pas des lieux plus ou moins clos ou locaux, comme Noël ou Pâques ne sont pas seulement des moments de commémorations ou des fêtes chrétiennes ; ce sont avant tout des états, des états d’âme, d’esprit et de conscience, c’est-à -dire des états de confiance absolue, comme il existe pour les thérapeutes des états modifiés de conscience et pour spécialistes, des états quantiques. Si j’adore Noël, c’est justement par ça, en raison pour ses racines profondes comme celle d’un arbre phylogénique, de sa tradition séculaire et de ses perspectives infinies. Un cuir chevelu brillant ne dit pas que des idées brillantes ! Même chauve, il y a des horizons cachés sous nos crânes reluisants comme dans de trop lourdes crinières. Alors, pour trouver son chemin de kératine, Monsieur C. ne cesse de jouer avec ses crolles, sa moustache et même avec sa barbichette. Il passe une main dans ses cheveux, comme s’il cherchait dans sa chevelure de Sanson une invisible raie, un sentier particulier ou un chemin peu fréquenté. Parfois il fronce les sourcils, comme s’il était fâché sur lui-même, exaspéré de ne pas se rappeler quelques souvenirs éteints, ou irrité de ne pas percevoir un horizon ou d’avoir une conscience bien alignée, tel un sillon dans un champ de céréales bien entretenu. LES CROLLES Les « crolles » comme on dit chez nous en Belgique, sont comme des boucles enroulées sur elles-mêmes tout autour du vide, ce fameux vide des physiciens et des taoïstes, un vide tout plein d’informations, un vide en anneau de mémoire, là où chaque cheveu est comme une graine à planter. LES CAUCHEMARS « On se croirait dans des camps de la mort. Il y a là des cohortes de têtes plus ou moins rasées, certains coupés à ras jusqu’au cou. Et des camions de poils et de cheveux défilent pour déverser leur chargement de cheveux, dans d’énormes appareils qui ressemblent à des pièges à décoiffer les rêves... » C’est ainsi qu’au fil des séances, il me semble de plus en plus confiant ; et tente même de me raconter ses rêves, et même l’irracontable, à grand renfort de descriptions et de détails, et en particulier ses cauchemars récurrents : Des « cauchemars de Tonte » comme il les appelle. Des visions de tontes d’humains déshumanisés, comme des tontes de gazon et de mouton… Ce sont des visions qui l’effraient au plus haut point et qui révèlent sa tendance au complexe de Samson. « De grands chapeaux cachent leur crâne rasé, et des perruques en forme de mitre recouvrent leur tête... » « Certains rasés ont des casquettes, et d’autres des sombreros, mais la plupart ont des melons comme chez Magritte, ou des hauts-de-forme comme chez Delvaux… » « Ils sont nus comme des vers, avant d’entrer dans la machine dont ils ressortent chauves comme des cranes dégarnis ou des sphères désorientées, avec des orbites comme des trous noirs ou de grands yeux d’éwarés… » « Et sans le moindre cuir chevelu, ils avancent silencieusement comme des zombies, sous un essaim bruissant de tondeuses qui volent juste au-dessus de leurs têtes… » « Ils sont là , errants et chauves, tels des arbres sans feuillage et sans écorce… » « Il y a là , à terre, une multitude de rasoirs, et des rats sans poil qui sortent de terre en criant « coupez » comme dans un film d’épouvante… » « Comme les passagers de Paul Delvaux attendent leur train, ils semblent attendre leur destin… Autour d’eux des ciseaux pleuvent comme s’ils tombaient des nuages... » Et ce lapsus significatif, où les signifiés comme les signifiants soulignent sa hantise : « Les tondeuses sont comme des épées de Dame aux tresses » Sa mère de son vivant était coiffeuse ; à longueur de journée et de salons, elle faisait des permanentes, posant des bigoudis dans les cheveux les plus gracieux comme dans les tignasses les plus rébarbatives. « Elle savait vraiment tout des cheveux ! » dit-il Si aujourd’hui Monsieur C., frisait la cinquantaine, il se sentait orphelin de ses parents disparus trop tôt. « Mon père et ma mère avaient eux-mêmes des cheveux frisés. J’ai hérité, semble-t-il, de ce double gène dominant… » De cet héritage, lui-même comme ses frères et sœurs, ont toujours eu des cheveux bouclés, et une chevelure aussi abondante que touffue. « Mes frères et sœurs, on frise tous naturellement ! » Mais que frisait-il en me disant cela ? Ne dit-on pas que les cheveux symbolisent le pouvoir, la force et même la virilité entre autres, comme chez Samson. Et sous sa tignasse Monsieur C., se sentait bien ,protégé comme pas les plumes d’un Ange gardien. Mais par contre, le cheveu plus court, Monsieur C., se sentirait nu. Se faire couper les cheveux était pour lui, depuis ses premiers souvenirs, un calvaire, comme une mutilation. Une mèche sur le front couvrait son troisième œil et une houppe au sommet de son crâne protégeait sa couronne. Pas question pour lui de porter une tonsure comme on porte sa croix ; et si la longueur ne fait pas l’homme, pas plus que l’habit ne fait le moine ; la pilosité pour Monsieur C. revêt une importance extrême, tel un privilège aristocratique, et plus encore, comme une couronne de liberté et puissance. C’est pourquoi il prenait grand soin de ses boucles, comme l’Univers entretient à l’infini et pour l’éternité la multitude de ses boucles temporelles. Sous sa toison, Monsieur C., se sentait druide, et porteur d’un symbole magique, comme si le sommet de son crâne était le nid de son âme. Pour lui, cheveux et chevalerie se devaient de rimer, tout comme sont liées les racines aux pointes. Il me disait avoir le cheveu bien planté, comme par un jardinier attentif aux lunaisons. La calvitie aurait été pour lui la pire des maladies, maladie doublée d’un handicap. Les frictions et autres shampooings étaient pour Monsieur C., comme de saintes onctions ; et s’il venait chez moi, c’e n'était pas pour un entretien capilaire, mais tout bonnement pour que je l’accompagne tel Raphaël sur un chemin, pour démêler ses idées, un peu comme on démêle les fils d’un métier à tisser la vérité. C’est la raison pour laquelle je cherchais avec attention et intention mes mots, avec le peigne le plus fin ; tressant des métaphores avec ses propres boucles, entre sa petite enfance et son âge dit mûr. Bouclant de la sorte des rapprochements avec des analogies qui frisaient parfois le délire ou la révélation. Comme avec des papillotes de papier crépon et les bigoudis de ses dits et de ses non-dits ; je m’efforçais de mettre en plis son histoire, ses rêves et même ses lapsus… En évitant qu’un seul de mes mot ne tombe comme une cheveu dans la soupe, tel un perruquier de cabinet et d’Opéra; mettant là un accroche-cœur pour induire une émotion, ou une boucle temporelle pour réveiller un vieux souvenir… Figaro si, Figaro là … Mettant le doigt sur tel cheveu sur la langue (lapsus), sur telle mèche sur le front de la vie ; cherchant une hypothétique logique comme une hypothétique raie dans sa forêt topicale (cf. Les topiques de S. Freud) ; cherchant moi-même l’aiguille dans la touffe de ses idées, pour faire boussole, avec le plus respectueux des toupets. Tout ça, toutes ces séances, pour finir par brosser une sorte de triptyque, comme un tableau à plusieurs panneaux de toute sa mythologie, de son scénario de vie et de toute son histoire familiale, à partir de l'ensemble des cheveux de sa mémoire hirsute. Lui qui n’acceptait de les raccourcir qu’en partie, et seulement à la période des solstices ; sans sa toison se sentirait particulièrement vulnérable et voué aux forces du monde comme au mauvais œil, il me faisait confiance. Alors, tant bien que mal, je l’aidais avec mes pauvres moyens, à protéger ce lieu sacré, comme un Golgotha, ce fameux « Lieu du Crane ». « Les cheveux, on les lave avec amour et on les porte comme on porte un nom ou un reliquaire » me disait-il avec conviction, mêlant ses cheveux aux mots et ces sentiments aux mouvements légers des mèches ondulantes de sa chevelure d’étalon. Il ne cesse de rêver de femmes aux longues chevelures blondes comme celles des comètes entrant dans l’atmosphère … « Certaines sont rousses et leur chevelure coule comme des fontaines sacrées sur leurs solides épaules et sur leurs seins sucrés » C’est clair comme un cheveu blond, que Monsieur C., est un vrai poète, doublé d’un mystique qui comme monsieur Jourdain s’ignore encore. « J’ai parfois le sentiment que mes cheveux sont les liens qui me relient au ciel… Alors dans ces moments-là , je me laisse tirer vers le haut, comme sous une natte tendue qui me relie au ciel, et indirectement, aux cheveux de Dieu » « Dans notre chapelle de quartier, il y avait un vitrail qui représentait Jésus au temple ; il était pour moi comme un miroir rassurant. Enfant de chœur, de mes huit ans jusqu’à l’âge de quatorze, en regardant ce vitrail, j’aimais me comparer à cet Enfant Jésus tout bouclé comme moi. » Toutes nos boucles sont-elles des sceaux, plus exactement des sauts temporels entre notre petite enfance et l’âge adulte ? CONCLUSION Nous nous sommes ainsi rencontrés toutes les deux semaines durant une bonne année. Quand ses idées et ses cheveux allaient dans tous les sens, il lui arrivait de porter une natte comme dans une sorte de rituel, ou parfois une queue ; et avec ses airs de poète, d’artiste ou de beatniks, je dois reconnaître que ses longs cheveux bouclés lui allaient très bien, et qu’il était bien loin d’avoir des idées courtes ! Ainsi, là où dans toutes les directions l’espace se déploie, l’Univers lui-même se fait chevelu ; comme dans les cheveux rayonnants de la déesse Civa. Les poètes, les sages et les Saddhu, comme tous les immortels le savent, le cheveu est un chemin, une route qui va de l’existence à la vraie Vie, d’une couronne de cheveux broussailleux jusqu’aux racines mêmes de la couronne de Dieu. Dans le fauteuil où il était assis, sa chevelure ne cessait d’onduler comme la lumière dans mes rideaux ; il y avait de plus en plus de paix dans son regard comme dans ses propos, et parfois même une pointe de joie comme une pointe de cheveux. Et comme Dieu au cœur de sa récréation, je vis que nous avancions doucement et que cela était beau et bon. Et même si ce chemin de kératine est long, tous les échevelés, à l’instar d’Albert Einstein, ont bien conscience que tout est « relatif », comme le sont les notions de cheveux et de vide, de paradis ou d'enfer, d’énergies ou de masses, de transfert en psychothérapie, ou de lumière en physique. ANNEXE Dans ce poème de Monsieur C., Le concept de « cheveu près » cristallise l’entre-deux ou l’entre-trois (le juste en - droit), tout comme le mot « Sens » cristallise comme substantif la substance même de la sensation, de la signification et de la direction. Le « Cheveu près, tout comme un « cheveu prêt », c’est plus qu’une simple image ou une banale métaphore ; parce que, à un cheveu près ou prêt, Monsieur C. C’est un peu vous et moi. Si tout est analogique dans le Cosmos, j’irais même jusqu’à dire, à un cheveu près, que le cheveu, c’est l’analogie ou le lien excellent entre le cuir chevelu de l’homme et les myriades de cheveux de Dieu. Tels des particules quantiques ou des « chemins de kératine » qui ne sont pas des extrêmes ou des fins en soi, mais toujours d’éternel « repousses », comme des fils d’Ariane, ou des liens chevelus entre chacune et chacun de nous, comme entre le passé et le futur, l’espace et le temps, l’infini et l’éternité. À UN CHEVEU PRÈS (Un poème de Monsieur C.) « À un cheveu près, la matière n’est que « vide ». Tout comme les anges ne sont que plumes… A un cheveu près. À un cheveu près, le mal s’estompe et les causes se font « grâces ». À un cheveu près, les racines se mordent la pointe, comme un serpent de kératine. À un cheveu près, l’Infini ne tient l’éternité qu’à un cheveu ... Et le moment présent touche à l’un et l’autre. À un cheveu près, le Boson de Higgs est un cheveu de Dieu, comme notre sébum est une huile d’onction. Au rouet des jours et à un cheveu près, l’aurore se fait crépuscule et la lumière vibration. Tout comme l’existence, à un cheveu près, se fait vie... À un cheveu près, l’imminence de la mort n'est que celle d'une vraie vie. À un cheveu près, la coiffure, c’est de la pure poésie, et la peinture de la musique. De même, qu’à un cheveu près, tout art est une science, comme le tout est un Art de vivre, à un cheveu près. À un cheveu près la religion est presque spirituelle. À un cheveu près, la plante des pieds est une prise de terre, et le sommet de nos têtes, une parabole ouverte au milieu divin. À un cheveu près, chaque cheveu est un fil d’Ariane. À un cheveu près, toute « coupe » de cheveux est comme un chemin vers le saint Graal. Entre la racine et la pointe, comme entre les extrêmes, à un cheveu près, tout est centre ou Juste milieu, comme un éternel « milieu divin ». Namur février 1994 |
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