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Christophe Liron& en touchant le feu
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par [Ioana Dana Nicolae ]

2010-03-24  |     | 



Artiste plasticien et poète, Christophe Liron est le président des associations « Clapàs » d'Editions poétiques, et de « Passage à l'art » pour la promotion de l'art contemporain, qui gère une galerie d'exposition avec résidence d'artistes à Millau, et organise le festival des Arts Métiers. Comme artiste plasticien il réalise dans l’art visuels des tableauX, des sculptures et des photographies et des installations et nous dévoile ses techniques:
“La base de mon travail plastique est la peau (chirurgie plastique ?) mais le bois, le métal, les vinyles, les polymères et autres résines y sont les bienvenus quand ils ont quelque chose à dire .En voulant inventer, à partir de la peau animale, un matériau qui, à l'instar de l'argile se prêterait au modelage, je ne savais pas que j'inventais en même temps le papier de cuir qui ne ressemble vraiment à aucune autre, chaleureux dans sa matité et profond dans sa finesse même ; il est aujourd'hui la nouvelle base de mon travail mural et mobilier.” (source: site de l’artiste)

Christophe Liron est l’auteur d’un nombre impressionnant des Publications poétiques :« Fiasco »1974, « Fruits défendus »1975, « Conversation avec le diable 1976», « Prélude-sque» 1977 , « Assez pour partir »1978, « Christophe Liron recueil » 1979, « Le Louxor assassine » , « Ellivre Ier » objet livre1996, « Sur les traces d'un orient» 1998 , « Vents et marées », « Les oiseaux le savaient avant nous »2001, « Je donnerais le printemps pour un cri d'hirondelle » 2005, « Bien être, savoir vivre »2006.
Il réunit dans un petit recueil „Quelques poèmes” traduits en espagnol et en catalan, exactement comme il annonce dans le titre, il y a quelques poèmes, seulement 12 textes. La préface de ce recueil, c’est un poème signé Xavier Bordes dédié à l’auteur même.

Christophe Liron sent la plénitude de la matière, ses signes qui détruisent ou fleurissent, le poète apprivoise le feu avec le tumulte de sa voix.

Il compare les filets de pêche aux cordes trop tendues de la guitare.
Ludiques, les mots se suivent dans un rythme musical (“Tant pêche”). Comme dans ses tableaux conceptuels, l’artiste utilise un parallélisme très suggestif entre signes, formes, couleurs, texture: “ il faudra le relever/ pas comme loup au fenouil/comme faire et defaire/et le lancer plus loin/ou les courants moins forts/et les fonds moins rocheux/de toute facon, une autre fois,/
ailleurs, encore, comme tous les pecheurs.”

Un personnage vigoureux comme la nature est Antonio, simple et “immobile au milieu d'une fresque sociale étonnante “:”II dit aussi:/«Je ne sais que pêcher et boire.»/II habite un village sans journaux ni radio,/tout est soumis à l'Océan, ici.”(„ Antonio”)

L’artiste joue avec des signes musicaux, il fait et refait l’harmonie d’homonymie dans un jeu de mots intraduisible: “mais un petit griffon/gris faune d'un après midi/ m'apprit Médée/et aussi que les gris /font et défont les ombres.”
Chaque texte de ce livre est unique comme les compositions plastiques de Christophe Liron, expressives les poèmes ne sont pas inscrits dans un groupage unitaire, ils sont uniques comme dans les recueils classiques.
Un élément constant de paysages c’est l’océan, un générateur de poéticité avec l’atmosphère d’attente, de la dissipation, de l’éternité du moment : “Tous les objets ont regagné leur place, c'est l'heure où les bateaux quittent le port, l'heure d'amour ou les vieux bois rêvent en silence avec des odeurs d'essences rares, de fleurs ou d'îles calmes, le moment ou les plantes poussent leurs branches neuves plus en avant pour appeler le soleil et ma main ne tremble plus et la vie n'a plus peur de rien.” („Grain de nuit”)

Un poème détaillé, cinématographique réveille l’univers fascinant de cet artiste : la proximité et l’immensité de l’eau, un lieu de repos spirituelle: “Le chemin surplombait la mer apres avoir longé une plage de galets, il s'élevait doucement. Un peu plus loin, dans un mur de soutenement, quatre dalles de pierre qui dépassaient faisaient un escalier; celui-ci filait en un sentier de terre seche et de pierres noires qui s'effritaient sous les pas. Descendre vers la mer sans la voir... enfin, le rocher immense et noir, posé comme un navire échoué sur les hauts fonds ou accroché au ciel, avec ses mille contours, ses hérissements, ses porosites, ses dalles plates et ses cuvettes, ou le sel se recueille quand le soleil a dissipé l’eau que le vent quelquefois arrache aux vagues qui se brisent sur ses multiples étraves de roc.”(„ Mer se crête”)

Christophe Liron revèle dans son recueil des traces appartenant à l’art conceptuel : l’unicité du rangement artistique, les traces visible d’une fabrication ardent.
Il atteint la douceur des fleurs de lilas et la puissance miraculeuse du feu. Il a l’orgueil de rompre ses mots dans la matière incandescente du feu et de les détacher en silhouettes fragiles mais plus fortes.


Christophe Liron, « ALGUNS POEMES » Llibres de l'Aljamia - Valencia (Espagne), 2009



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