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Le Voyage
prose [ ]
Rameaux du temps (1)

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par [Salvamaria ]

2009-02-17  |     | 



Avant-propos:
La dimension unique du temps est une simplification et non une réalité. Le temps subjectif, biologique, a une dimension dynamique.


Aujourd'hui, je réalise que, pendent toute mon enfance, j'étais ensorcelé, mais non effrayé. Je ne faisais pas la différence entre les objets et les êtres, entre l'état de veille et de sommeil. Tout ce qui m'entourait avait une âme, et le rêve était une expérience réelle pour moi. Même le temps, je ne pouvais pas le percevoir comme une ligne droite. Je considérais le passé, le présent, et le future, comme des composants d’un temps tridimensionnel. Les trois composants créaient pour moi le petit instant qui suivait librement son chemin sur la courbe du temps. L'univers s'étendait entre la voûte étoilée et le Voivodeni, bordé par la Bocsig à l'Ouest, la Bârsa et la Sebes à l'Est… puis, la forêt au bord du pâturage, au Sud, et au Nord, les Montagnes Zarand qui rencontraient l'horizon…

Mes parents étaient les plus beaux, les meilleurs et les plus honnêtes de tous les parents du monde. Le sens moral organisait la vie sociale comme dans une citadelle. Chacun des membres de la collectivité était de bonne foi et avait sa propre importance: du porcher, cordonnier, forgeron, tailleur, barbier, épicier, agriculteur… à l'instituteur et au prêtre du village, le prêtre étant mon père. Dans la famille, le père était à la fois barbier et cordonnier, apiculteur, agriculteur, celui qui coupait le bois dans la forêt et aussi le juge de la maison. Ma mère était un enfant plus âgé qui prenait soin de ses frères cadets. Je n'ai pas eu le temps de me réjouir de la présence de mes frères, étant donné qu'ils étaient plus âgés que moi, de trois et quatre ans et le temps d'aller à l'école à Bârsa est arrivé trop vite. Leur amitié avec les enfants du voisinage ne m'incluait pas, c'est ainsi que je suis resté fidèle à la petite galette sucrée que mon père l'apportait du marché. Je ne la mangeais pas, pour ne pas la tuer, mais je l'admirais pour ces couleurs, je la gardais comme une amulette dans la Chambre des Mystères. J'y gardais aussi le petit ballon à 1 leu, dont je lançais et courais après. Si je le lançais si loin, comment j'avais décidé dans ma tête, Dieu accomplissait ma pensée. L'oncle Aurel, le demi-frère de mon père, m'avait offert un beau jour un petit miroir parce que j'avais tout mangé de mon assiette. (Toute mon enfance, j'ai été terrorisé du fait que je dois tout manger, tout ce que ma mère mettait sur la table, devant moi. Pendant toute cette période, j'ai attendu un cerf-volant en papier, que ma mère m'avait promis. Le chien, Bombonel, était mon compagnon de jeu, nous allions ensemble conduire Joiana, la vache, au pâturage (elle s'appelait comme ça parce qu'elle était venue au monde un jeudi). J'étais le seul enfant du village à avoir un tricycle. Celui qui était gentil avait le droit de se promener avec mon tricycle.

J'étais sur le tricycle et accompagné de Bombonel quand je l'ai échappé belle, de ne pas être mangé par le collet d'un renard, qui se trouvait par hasard sur le dossier d'un fauteuil dans la salle à manger. La salle à manger était la chambre qui restait dans la pénombre, toujours y faisait frais et ici se trouvait un grand buffet en acajou, le miroir vénitien et une table entourée de 12 grandes chaises - fauteuils. Malheureusement, la salle à manger n'a jamais accompli sa mission, restant pour moi seulement la Chambre des Mystères… et ceci, parce que chaque mois de l'année je considérais que Dieu est assis sur l'une des 12 chaises. Le collet en fourrure se trouvait exactement sur la chaise sur laquelle aurait dû être assis Dieu. Le Diable lui avait pris la place. Mon cœur était petit… petit, comme un pou. Je n'ai pas crié, mais je me suis faufilé dehors, agenouillé… j'ai pris le tricycle et Bombonel et nous sommes allés chez Nonu, pour chercher mon ami, Cornel. J'ai été déçu en apprenant qu'il avait été envoyé à l'école des sourds-muets. Cornel comprenait ce que je voulais lui dire, seulement par le langage mimique. Il n'existait aucune chose que je ne puisse pas lui communiquer. Maintenant, j'étais impatient de lui raconter comment je me suis sauvé du Diable.

J'ai décidé de construire un four, sur lequel je préparerai des galettes pour le retour de l'école de Cornel et de Nonu. Je monte alors sur le tricycle et je me laisse aller en descendant la ruelle, vers le Dolma. Le chemin continue avec une vallée qui coupe en deux le plateau de la colline où, d'un côté, comme de l'autre, s'étend le village. Sur la colline de gauche, en été, mon grand-père installait la batteuse pour l'égrenage. La côte se terminait avec la petite forêt de chênes, jusqu'à Dolma. Dans cet endroit ombreux, un dimanche, en après-midi, j'ai péché un plein seau de barbeaux, en compagnie de Chizutu, le chantre d'église de mon père. En bas, le lieu était une large prairie de la Dolma, où mon père a fait un chadouf et un caniveau pour arroser le champ cultivé de légumes. Papa a construit ici un petit pont que les villageois traversaient pour se rendre à la gare de Rapsig. La rivière de Cris était très profonde et calme, à cause de ses méandres… du côté droit, à perte de vue se trouvait la prairie des peupliers et après la plage, que la rivière l'avait laissée pour nous, les enfants, il y avait un lieu magnifique pour se rafraîchir dans l'eau cristalline et se rouler dans le sable de la plage, fin comme la poussière. À ce temps-ci de l'année, mon père était le champion de la pêche à la main. Pour ne pas s'y baigner, on racontait que dans la rivière vivaient des silures qui avalaient les enfants, les oies étant une bagatelle à l'apéritif. À la base de Dalbina, comme dans une énorme chaudière, l'eau de la rivière de Cris se repose, en tournant comme une roue de charrue… je ne sais pas comment c'est vraiment passé… un après-midi, je me retrouvais ici, dans cette roue, dont le calme t'appeler sur ton nom… je sautais de joie comme une balle, quand je sentis l'eau jusqu'à la bouche, la rive en pente, argileuse et glissante… l'eau bougeait lentement, en me tirant au fond du bassin… seulement Dieu a fait le miracle de ne pas me noyer. Même aujourd'hui j'en suis effrayé, je ne savais pas nager… et, malgré tout ça, je garde le souvenir de ce lieu magnifique, l'odeur et la musique des feuilles de peuplier, quand le vent soufflait comme une caresse… l'odeur et le goût juteux d'épi de maïs bouilli, dont les garçons plus âgés préparaient pendant que les autres conduisaient les chevaux à l'herbage. Je ne crois pas qu'on peut trouver sur la Terre un autre endroit si tranquille, comme le bienfait d'une paix, que le village de Voivodeni.

Monté sur le tricycle, j'arrête tout droit dans le rouvre de la nappe, à droite de la vallée… le seul arbre entre cette vallée à l'arrière de notre jardin, la zone des saules pleureurs et des osiers entourant le moulin. Fidèle à ses habitudes, Bombonel s'en allait souvent à Dolma, en courant dans la boue après les hirondelles en vol rasant à la surface de l'eau.

À gauche, notre glissoire borde la vallée et, à droite, c'est le puits avec son chadouf. Près du puits, il y a deux planches comme les marches d'une tribune pour le battoir et un op-là! pour arriver de l'autre côté de la rivière. J'y venais avec Cornel pour pêcher et souvent je sentais mon cœur battre très fort quand une fille soulevait sa robe, pour ne pas la mouiller, et traverser l'eau… et les cuisses blanches, brillantes au soleil, me faisaient perdre la raison. S'agitait-il d'une sorte de précocité, mystère ou sensibilité supérieure? Je ne le sais pas, mais il est sûr que, le plus souvent, je ne voulais pas croire d'avoir vu plus. Il existe, quand même, une croyance populaire que la nuit de l'Épiphanie, si tu venais au puits à genoux, l'eau du seau se transformait en vin.

Je sentais l'odeur de fumée et je ne réalisais pas pourquoi j'ai froid en plein été. Je me réveille la tête arrosée d'un seau d'eau. Près de moi, au bas du rouvre, j'avais construit le four en argile et, en voulant allumer quelques brindilles, je me suis endormi, la tête sur le tricycle. Entre-temps, Éole a eu pitié et a soufflé dans le feu… peu à peu, le feu, qui avait l'aération sur même l'écorce, arrive à allumer le vieux rouvre. C'était elle, notre voisine, Vali, qui n'avait pas réussi me réveiller de mon rêve avec le serpent, celui qui portait le tonneau sur la rivière de Cris et d'où je suis arrivé de sortir en prenant mon vol, monté sur le tricycle, pour aller rendre visite à la vieille Codinoaie qui m'avait promis une recette pour garder Joiana de loin, à l'aide de la pensée, et une autre recette pour redonner la parole à Cornel… c'était elle, notre voisine, Vali, qui m'a réveillé cette fois-ci en versant la moitié d'eau du seau sur ma tête et l'autre en éteignant le feu.

De nouveau sur le bateau… je me réveille engourdi de sommeil. Laurentiu est assis sur le fauteuil et il fume. Le hublot ouvert laisse l'air frais entrer pleinement dans la cabine, les mouettes tournent autour du bateau. Je regarde l'heure et je ne vois que la date: le 20 mai 1991.

- Je t'ai arrosé un peu pour que tu te réveilles en douceur et que tu sois prêt, déjà lavé. Regarde, la Bible est tombée du lit. Sois plus attentif, et laisse le livre de côté avant de t'endormir!
- J'ai essayé plusieurs fois, mais, dès que je le laisse, je reste en état de veille.
- Viens, prends ton café et allons-y regarder les Dardanelles!




note: traduit du roumain d'après "Voiajul" (Le Voyage) de Ioan Mircea Popovici - livre paru chez Muntenia, 1994

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