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Remember - Mateiu Caragiale
prose [ ]
Traducere - prima parte

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par [Nadja ]

2008-07-03  |     | 



Remember

Mateiu Caragiale


Il est des rêves qu’on dirait avoir vécus jadis, quelque part, comme il existe des histoires vécues dont on se demande si elles n’ont pas été des rêves.
Voilà à quoi je pensais la veille lorsque, tout en fouillant dans mes paperasses pour voir ce que je pouvais encore jeter au feu, - les paperasses sont encombrantes - je tombai sur une lettre qui éveilla en moi le souvenir d’un événement étrange, si étrange que, n’étaient que sept années depuis qu’il s’était passé, j’en serais saisi par le doute, je croirais en avoir seulement rêvé, en avoir lu ou entendu quelque part il y a longtemps.
C’était en 1907. J’avais été très malade à Bucarest et j’étais rentré à Berlin, chez moi. Mon rétablissement était lent, exigeant de grands soins. A mon départ, le docteur m’avait conseillé d’éviter les moindres émotions. Pauvre docteur ! J’avais haussé des épaules en souriant et en l’assurant d’être tranquille.
Je revoyais Berlin après un exil de deux ans. Berlin est mon faible: les circonstances les plus tristes ne m’avaient pu empêcher de le revoir avec plaisir. Je le retrouvai tel que je l’avais laissé : tout fleuri. Mais si beau qu’à ce début de juin, il ne m’avait jamais paru. Quant à courir ses rues et y flâner comme autrefois, il n’en était plus question à présent. Je m’épuisais vite et la fatigue pouvait faciliter la réinstallation de la maladie.
Je me résignai donc quelque temps à garder ma chambre, sacrifice dont j’étais pleinement récompensé par la beauté de la vieille musique qu’on jouait chez nous depuis le matin jusqu’au soir.
Envahi par une douce langueur, je m’abandonnais au gré de mes rêveries qui prenaient naissance et s’évanouissaient à loisir dans le tourbillon d’harmonies sublimes, en regardant par la fenêtre, aux yeux mi-clos, ondoyer des arcs-en-ciel dans la poussière fluide du jet-d’eau de la large place publique.
Le souffle léger du couchant berçait les boutons empourprés des roses accrochées à la terrasse de la maison de vis-à-vis, portant leur odeur jusqu’à moi. Le soir animait les ombres, des frissons moiraient mystérieusement les miroirs.
C’est l’heure que j’attendais pour admirer le coin le plus charmant de la place - un bout de forêt resté intact en pleine ville, quelques arbres au feuillage sombre, dignes de servir pour modèles aux peintres les plus fameux. Je les retrouvais même au musée Frédeeric dans un cadre de Ruysdaël, - ces arbres touffus, ombrageant un château en ruines, près d’une chute d’eau. Je ne passais jamais devant cette toile sans m’y arrêter longuement. Tout en la contemplant, ma pensée se perdait à l’infini dans le bout de ciel violacé, dans la profondeur de son horizon.
Un amour païen et religieux à la fois est inné en moi pour les vieux arbres, réminiscence d’une hérésie ancestrale. Je leur dois de très nobles et graves inspirations, parce que je ne crois pas qu’il puisse exister au monde vers humain, ou chant inspiré qui me touche plus vivement que le mystérieux bruissement éveillé par le vent du soir dans leur feuillage. Ces arbres peints m’enchantaient encore plus que ceux réels, ce paysage mélancolique représentant un reflet de mon âme.
J’allais très souvent au musée. Si plongé que je fusse dans la contemplation des toiles, je n’omettais pas non plus, les visiteurs souvent assez intéressants. Aussi avais-je remarqué parmi eux un jeune homme, toujours présent qui, dans cet endroit surtout aurait accroché tous les regards ; car en effet on aurait pu dire qu’une sorcellerie l’avait fait sortir d’une vieille toile.
Pour ceux qui avaient pieusement goûté au mystère du passé, aurait-il pu exister de plaisir plus exquis que celui de rencontrer une icône en chair et en os, surgie des temps jadis ?
Deux ans auparavant, j’avais vu dans la salle française du musée une petite dame qui faisait la copie de Maria Mancini, d’après Mignard. Elle ressemblait tellement au modèle qu’on aurait pu croire qu’en se regardant dans un miroir, elle faisait son autoportrait embelli
Ainsi, le jeune homme ressemblait-il à certains de ces lords que Van Dyck et Vand-der-Faës après lui avaient rendus immortels par leurs regards, leurs mains et leurs sourires. Je dis certains de ces lords parce qu’ils sont presque tous pareils.
Autrefois, dans toutes les castes restreintes, chaque époque imprimait le même air, sinon le même aspect aux personnes rapprochées et étroitement apparentées, vivant ensemble, ayant les mêmes habits et coutumes. Il arrive aussi, là où l’on s’attend le moins du monde qu’il surgisse des personnes dont il faut chercher ailleurs la vraie ressemblance ; dans des pays, des époques et chez des peuples différents, si bien qu’on ne pourrait même pas soupçonner quelque parenté lointaine avec ceux dont ils sont séparés par des précipices de temps et d’origine. Toute supposition sur l’origine du jeune homme était donc superflue, mais je faisais toutes sortes de réflexions sur sa personne vraiment unique et bizarre qui s’imposait impérieusement à l’observation.
J’avais été subjugué par le prestige et la froide arrogance du jeune homme qui auréolé de sa pleine beauté marchait seul dans la vie, impassible et le front haut. Je l’ai considéré dès le début l’une de ces créatures exceptionnelles, étrangères à l’humanité, pour lesquelles j’ai toujours ressenti une vive attraction.
Je le voyais tous les jours, le musée n’étant pas le seul endroit où je le rencontrais. Pendant les promenades que j’avais pris l’habitude de faire en ville et pour éviter la fatigue, je m’arrêtais longuement à un bistrot où l’on pouvait savourer les chefs-d’oeuvre d’une vieille distillerie d’eau-eau-de vie néerlandaise. Cela après avoir contemplé Ruysdaël, Van-Brower et Van-der-Hough. Je ne me recueillais mieux nulle part que dans cette petite pièce, un peu sombre qui aurait pu faire honneur à toute habitation de bourgmestre ou de marieur par la richesse de ses lambris de chêne enfumés jusqu-à mi-hauteur du mur où la planche s’avançait tout autour vers l’extérieur en une espèce d’étagère suspendue sur laquelle on avait posé des carafes et des cruches de Delft.
Les merveilleux moments que j’y ai passés !
Assis côte à côte pendant le jour, sur le seul banc de la salle accueillante et solitaire, le jeune homme à visage de vieux portrait sirotait lentement les breuvages les plus doux et les plus parfumés à aspect de pierreries fondues, incitant à des rêveries exotiques et à de lointaines nostalgies par leurs épices pimentées de Java et d’Antilles.
Là-bas, nous n’étions plus étrangers l’un à l’autre et, chose amusante, plus tard, après nous être mieux connus, on s’est avoué que lui, comme moi d’ailleurs, avait eu l’impression de nous être tenus ainsi côte à côte jadis dans une chambre pareille.
Et pourtant, je n’aurais pas pensé à nous lier d’amitié, mon opinion étant justifiée par le fait que je le croyais faire partie d’un monde tout différent du mien. Cela sautait aux yeux ; la fleur des champs est tout autre que celle cultivée. On ne pouvait expliquer ce fait que de deux façons : soit qu’il eût fallu des siècles pour qu’une haute lignée fleurît si brillamment à son crépuscule dans un fier élan de sang bleu vers l’idéal, soit qu’il n’y eût qu’un heureux hasard ; de toute façon on n’aurait pas pu créer quelque chose de meilleur.
Il est aussi vrai que ce bijou humain devait se donner quelque peine pour qu’il parachève chaque jour sa beauté car je n’ai vu jamais femme parée de tant d’atours que lui. Devait-on supposer, selon son aspect, qu’il était l’un de ces toqués ou débauchés dont le nombre semble avoir augmenté le dernier temps partout, à nous en attrister ? Absolument pas, je ne pouvais pas le croire même si un sourire inquiétant effleurait souvent les lèvres de cette poupée fardée. Sous l’arc des sourcils ses yeux gardaient cette clarté innocente qui ne brille que sous les paupières des héros et des enfants.
D’ailleurs, il était très jeune ; il aurait pu avoir une vingtaine d’années tout au plus. Que n’était-il permis à cet âge, surtout aux gens riches ? L’absence de soucis pour le lendemain change l’esprit humain, engourdissant le sentiment de responsabilité ; la fortune amollit et grise d’un doux vertige continuel poussant les hommes à courir après de rares plaisirs et de nouvelles sensations.
Mon nouvel ami qui jouissait sans doute de grandes ressources matérielles devait appartenir à ce monde frivole et nonchalant, dépourvu de tout préjugé commun.
Et pourtant, il avait l’air de vivre en dehors de ce monde et, plus encore à l’écart de tout autre monde. Il était aussi d’autres personnes qui lui ressemblaient à Berlin Ouest mais on ne les apercevait que rarement chevaucher leurs montures dans la brume du matin ou se dépêcher le soir vers leurs parties de plaisir. Je ne pouvais me l’imaginer autrement qu’habitant l’une de ces rues qui bordaient le royal Tiergarten à l’ouest, entouré d’un merveilleux collier de villas où l’or avait réussi en quelque mesure à recréer le paradis terrestre. Je me l’imaginais donc, feuilleter de ses doigts effilés des tomes richement reliés dans la somptueuse solitude des pièces à miroirs profonds où s’étiole une profusion de fleurs rares. La vision d’un tel décor ne suffisait-elle pas à elle seule à éveiller la puissante odeur si enivrante qu’il exhalait et qui poussait à la rêverie même à l’état de veille ?
Aubrey de Vere. Lorsque je pense à lui…….


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