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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2015-11-21 | | En ces tristes et sombres zones d’incertitudes, cherchez l’Homme et vous trouverez La Faille. Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa… Ou plus exactement, c’est ma faille, c’est ma faute, c’est ma très grande faillite ! Comme les noms de sapiens, d’erectus ou d’habilis, les mots faille, faillible et faillite sont de la même famille, tout ça, parce que l’homo sapiens comme toute créature est tristement « faillible » ! Aucune grande révélation et pas la moindre surprise, dans ce jeu des 7 familles où l’homo sapiens est le seul survivant sur Terre, notre sujet en ce leurrant lui-même, et parce que la faillite homo sapienne touche Le Monde entier, notre sujet dis-je, offense l’Homme toujours possible. L’homo sapiens est bien là, créature toute provisoire et tout abandonnée à elle-même, céans au bord des lèvres existentielles de cet interminable Trou, seul et désolé au seuil de cet inépuisable Manque. Sur les rebords de La Faille, consternés par nos défaillances, nous sommes comme de burlesques funambules qui ne cesseraient de chercher l’équilibre entre la bête qui jusqu’à l’os nous possède; et l’Homme à venir, qui du dedans nous appelle à devenir. Alors que d’une rive à l’autre (1), de l’abîme d’être ou la plaie d’exister, douloureuses comme les plaies nauséabondes du monde, les non-dits abondent, la parole se dit et se donne. C’est de là que je vous parle mes amis, mes frères. Je parle, mais c'est un peu comme ces émissions qui traverse le temps, ou comme ces soldats qui, par honneur et pour la patrie, traversent les mers, en criant « Vive la France libre ! » et « Vive de Gaulle ! » À la commissure de ce no man's land, aux frontières de l’enfer et des parts à dire, en ce lieu inconfortable, sans aucun Homme véritable, au sens propre comme au sens figuré, je vous parle. Ici l’ombre, les poètes parlent aux poètes ! Sur l’arête coupante des espaces, au rivage de nos corps déficients, aux berges de nos esprits frustrés, en bordure du dedans et du dehors, les encres se mélangent aux sangs des victimes et des coupables. Les plaies se touchent dans l’incandescence des contacts entre les jours anciens et l’avenir incertain, pour rejoindre à l’orée du temps nos rêves les plus beaux. Ici l’ombre, les poètes parlent aux poètes ! Ici, on peut observer des ouvertures grandes comme des oublis, et des oubliettes comme des mémoires sans visage et sans territoire, symboles d’amnésie et d’absence. Et au revers des ourlets comme à l’envers des chairs palpitantes, on peut entendre le souffle et les cris désespérés des âmes et des désirs inassouvis. Ici, tout n’est que blessures à l’écart des plaisirs, trouées dans la consistance de nos inconsistances, comme un puits à nausée, un trou à vomissure dans notre simulacre d’histoire. Il y a une baie saignante dans l’échancrure des bouches d’enfants blessés, des bouches sans issue dans les corridors du temps. On peut voir et entendre des frappes et des trappes par milliers comme des farces et attrapes, jusqu’à percevoir des percées comme des trous de souffleur dans des corps sans identité que l'on enterre dans des trous de pauvreté, comme on enterre des viols et des violences, à l’embouchure des mots dans des trous de silence. Ici encore, c’est la brèche des mondes, c’est l’antre des bourreaux et des bêtes immondes. Ici, c’est l’entre-deux entre la bête et La Belle aux cheveux embrasés, aux yeux excavés comme des abîmes sans fin. Au bord du précipice, je vous parle, mais j’ai le vertige, c’est un puisard sans fond, une fosse commune, un cauchemar de masse, un vision dantesque. De ce trou existentiel, pourtant mille voix s’élèvent pour crier leur vérité, appeler à l’aide ou donner des conseils. Dans les gravats, creusez le manque dit le père à ses enfants, manœuvrez avec ardeur, « car un trésor est caché dedans… », évidez, ébraser, échancrez encore et encore, car vous êtes bien loin du compte et vos pelletées sont nettement insuffisantes. Ici, vos outils et objets High Tech ne sont d’aucun usage, vos agitations sont vaines, vos mots sont imparfaits ; il faut être à bout pour toucher le fond de ce qui n’en a pas ; il faut être dans le manquement essentiel pour toucher l’essentiel. Il faut manquer de tout pour toucher le rien, être dépourvu de tout le nécessaire pour aborder aux rives du néant. Comme l’apnéiste à court d’air, il faut de l’indigence, du dénouement pour voir au-dedans de soi plus loin que les apparences. Plus la perte est totale plus vous élargissez vos horizons, alors fils et filles, amis et amies, enfoncez-vous encore, non pas pour suivre un guide, non pas pour vous laisser conduire par quelque maître… Mais tous simplement, humblement pour vous habiter plus encore du dedans. Car sur l’Homme, on pourrait croire que tout a déjà été dit, et pourtant, nous ne savons rien de celui qui n’est pas encore, puisqu’il n’existe pas ! Le travail est colossal, il nous reste à changer totalement l’idée que nous nous faisons de lui. Car c’est bien là que gît le nœud du problème que l’on dit à tort « Humain », l’homme n’est pas ! il est seulement une suite de mots, d’idées, de croyances, d’initiatives technologiques, artistiques ou culturelles, qui lui donne sens, dans des actes et des langages qui restent malgré tout ceux des homo sapiens. C’est pourquoi il me semble nécessaire de reprendre les choses au début de la création. L’Évolution naturelle en soi n’a jamais été une voie de libération de la nature et de l’animal que nous somme « en – corps », elle fait son œuvre, elle bio diversifie, elle sélectionne les plus forts et les plus adaptés ; l’Évolution est en soi une merveille, mais elle n’a jamais prévu l’Homme, car elle n’a aucun plan ! Avec l’oubli de notre Évolution ou carrément dans ce déni qui caractérise notre semblant d’humanité, le décalage entre l’animal et l’homme ne fait que de s’accentuer et Le Gouffre entre l’existence et l’être se creuse de jour en jour. Toute notre vie, ne serait-elle qu’une lacune ou un excès de tout ? La vie ne serait-elle qu'une nauséeuse surconsommation ou une interminable dépossession ? et sommes-nous condamnés à ce manichéisme ? À ces conceptions où le bien et le mal s’opposent, à ce manichéisme de masse, outrancier et quasi délirant ou il nous faudrait choisir entre posséder ou nous déposséder ? Ici l’ombre, les poètes parlent aux poètes ! Quand la dépossession devient un acte militant et le seul acte vraiment courageux et presque Humain, il n’y a semble-t-il plus de dualisme, mais un choix pour la vie et pour l’humain ! Alors qu’autour de nous tout est feint et qu’une faim sans limites traverse le monde tel un immense cri, ou comme la lumière traverse l’espace pour révéler la vie, cette vie qui nous meut ne serait-elle qu'une interminable dépossession au bénéfice de notre véritable nature qui serait celle d’une humanisation progressive ? Certes, l'Homme véridique, c’est un possible parmi tous les possibles ! "Mais il est bien difficile d'accepter le renoncement à l'image que l'on se fait de soi-même, d'accepter la métamorphose, la transsubstantiation nécessaires pour atteindre la réalisation de sa véritable nature..." m’écrivait dernièrement une amie, en écho à mes propres mots. Il y aurait-il toujours un trou à vider ou à remplir ? Toute notre vie, ne serait-elle qu’une lacune ou qu’un excès de tout ? Ne sommes-nous pas tous et toujours sur une corde raide, comme ces funambules en équilibre instable ? Entre la bête que nous étions et l’homme que nous ne sommes toujours pas, dans une tension et une attention insupportable pour laquelle une vigilance tout animale s’impose, entre un manque à perdre et un manque à gagner qui sommes-nous vraiment ? Dans un équilibre instable disions-nous, entre une certaine abondance, parfois honteuse, et le constat d’un constant sentiment de carence, entre des opportunités manquées ou une surcharge insupportable, quasi inhumaine, qui sommes-nous ? Entre absence et présence, entre la pesanteur des causes et l’apesanteur des grâces, ne sommes-nous pas toujours en équilibre instable ? Avoir, savoir, pouvoir, devoir …, n’existeraient-ils que pour combler le gouffre, la béance, comme un déficit sans fin qui fait de nous les adeptes inconditionnels d’une surabondance organisée ou les disciples de la table rase, tels ces collectionneurs en quête de l’objet manquant, ou ces partisans obsessionnels d’un feng shui qui fait l’éloge du vide. Selon la morale, les préceptes, les idéologies ou les grands principes des uns et les autres, la vie ne serait-elle comme un grand vide ou un trop-plein, qu'il faut absolument remplir ou vider pour faire place nette ou pour nous permettre de garder précieusement ce que nous avons peur de perdre ? Entre avoir ou être, c’est toujours la même angoisse du vide et la même peur du plein qui fait tourner la machine. Entre l’envahissement, la captation ou l’oblation …, ne sommes-nous pas tous le lieu même d’une osmose et d’échanges, de transformations, comme entre notre nature animale et notre devenir humain ? Afin de nous protéger de quelque chose ou de quelque abus, comme pour exorciser quelque chose en nous, Telle est la béance que l'on voudrait remplir d'idées, d'enfants, de critiques ou de créations, de travaux divers, de relations et de traces laissées là comme d’indélébiles empreintes dans une grotte sans lumière. Ou alors, ne sommes-nous pas dans un trop-plein, une désagréable farce qu'il nous faut absolument vider pour respirer enfin et survivre au surplus ? Ici l’ombre, les poètes parlent aux poètes ! Mais il existe des “Entre-deux”, des zones tampons, ainsi avec leur encre de Chine, les calligraphes utilisent “les blancs volants”, ces traînées incomplètes comme nos incomplétudes ; car sachez-le, vous êtes tous et toutes des symphonies inachevées. C’est ainsi, qu’entre les vides et les pleins, les blancs et les noirs, les calligraphes chinois connaissent bien ces “ blancs volants” qui se déploient avec légèreté, tels ces cerfs-volants ou ces lanternes célestes qui montent avec grâce, cherchant l’équilibre le plus juste entre le ciel et la terre et tous les opposés. (...) Les blancs volants sont donc pareils aux ballons d’oxygène, ou semblables aux ballons rouges qui traversent la nuit pour grimper aux étoiles. Ce sont des vides médians entre la noirceur et la pleine lumière, des trouées claires dans la nuit la plus noire ou des sources d’espérance au cœur de la désespérance. Tout au bout de la nuit, au plus profond du gouffre, il y a toujours des médiations possibles à portée de la main et du cœur, des mains tendues comme des intermédiaires au bord de nos dilemmes. (...) LA FAILLE - extrait. Notes (1) Je parle en ce lieu des rives de l’imaginaire, des contours symboliques en de nombreuses métaphores, et des rebords inabordables d’un inaccessible Réel, à l'image des étoiles de Jacques Brel. Mais je parle aussi des plaies du corps, tout autant que des cassures de l’âme, des brisures sociales et des fractures culturelles, mais en ces mots imparfaits, je cause avant tout de "la cause", de ce qui meut mon propre causé : cette insupportable faille entre notre nature biologique et nos rêves humains. |
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