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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2013-09-02 | | Le psychopathe comme le Saint qui ne parviennent pas à gérer leurs pulsions animales, peuvent saisir cette contraction aiguë des nerfs et tout ce jeu de rouages, de pressions minérales et de dépression des chairs, en cette tension permanente qui les écartèle sans cesse entre le Ciel et la Terre, l’Intériorité et les apparences. De même, le Voyant né lucide comme tous les voyeurs invétérés, qui n’arrivent pas à contrôler leurs visions, peuvent comprendre ce désarroi des gargouilles qui crachent le sang des peuples martyrisés. Entre les idées fixes et les étoiles filantes, La bête et la Belle, L’abîme et le Bon Lieu… L’espace et le temps se déchirent Dans une avalanche d’images Et de craquement minéral. (...) Tendues entre l’intériorité et l’extérieur, les Basiliques ne sont-elles pas comme des lieux de passage, des chemins vers quelque ciel perdu comme à court d’horizon ? Les grandes Cathédrales et Basiliques pétrifiées ne sont-elles pas comme d’anciennes victimes de Méduse ou de Sapiens médusés, et les gargouilles les images mêmes des Gorgones figées par l’attente, dans l’attente ? C’est normal et c’est même naturel, tout corps crispé n’est-il pas lui-même le lieu privilégié de tous ces grands tiraillements, de toutes ces contractions en leurs multiples contradictions ? Oui, C’est là même l’enfer des enfermements, La gaine, Le corset, La prison des âmes, Le lieu même des compensations Et celui des grandes décompensations, Entre de fragiles consolations De grandes désolations Cousues d’adversité. Entre les mors de la vie et l’appel des Ailleurs, C’est là même le beffroi des effrois, Le haut de coeur, Le lieu des oubliettes sordides, Des récits et des contes sanguinolents Avec leurs ogres redoutables Et leurs cruelles Gorgones C’est bien là , Le royaume du milieu, Le lieu médian de tous les cris du dehors Et celui de tous les grincements du dedans ; Oui, c’est bien là le lieu redouté et redoutable Des pas et passages, Des labyrinthes... Et de tous ces supplices inventés par le Sapiens, ceux des récits mythologiques et des histoires de grandes terreurs. (...) En La fête de la Faim. « Si j'ai du goût, ce n'est guères que pour la terre et les pierres » Ainsi s’exprimait Rimbaud, le Voyant de Charleville « Mangez les cailloux qu'un pauvre brise, Les vieilles pierres d'églises, Les galets, fils des déluges, Pains couchés aux vallées grises! » Car en Notre Dame d’Espérance, l’espoir lui-même jaillit de toutes ces gargouilles taillées de hautes brises et de froides giboulées. (...) L’autel n’a plus de vin ni même de pain, les bénitiers n’étanchent plus nos soifs, ils s’assèchent comme un désert ou une vieille peau. En cette fête de la faim, sans fin les pierres soupirent et les âmes aspirent après cet Homme qui lentement mais surement, vient à nous comme viennent les belles pensées. La Basilique s’étire sur la pointe de ses flèches, elle se dresse pour mieux percevoir l’arrivée de l’élu, comme ma sœur Âme au sommet de sa tour, elle semble surplomber la ville, humblement, et trôner sans gloriole sur d’anciennes murailles. Elle semble, car tout est apparence, illusion… Car elle tremble surtout en ses niches trop vides. Elle vibre de tout son être tendue à perdre la raison, assidue à l’appel des cloches et au souffle des vents. En ses cavités trop vides, seuls quelques pigeons s’éprennent de sa candeur de pierre, y trouvant un abri bien sec pour les jours de grandes bourrasques. Dans le nuit, toutes les gargouilles sont grises et toutes les vierges noires ! (...) Comme la Bastille de Rimbaud, « Cette bête », qui selon le poète « Suait du sang à chaque pierre », Notre-Dame de l’Espérance transpire à plein moellon la moelle de nos espérances Comme dans un lit rêvé pour quelque hiver, tel « Un nid de baisers fous » reposant « Dans chaque coin moelleux. » (...) En la Basilique Notre Dame d’Espérance, tout patiente, tout est là , lactance d’un ciel aux arrêts, latent, latence, comme à l’état de pause, une trêve, un arrêt sur image, avant les grandes retombées. Tout est déjà dit, gravé dans la pierre, tout est déjà là en survie, comme en sursis, en suspens dans l’espérance moite des cœurs aimants, dans l’attente fébrile de jours meilleurs, dans l’expectative d’un bonheur qui ne saurait tarder, tellement palpitent les cœurs dans les poitrines sèches. Tout semble dans l’attente, comme en suspens ; tout travaille au cœur de la pierre comme au cœur du monde. « Homme de constitution ordinaire, la chair n'était-elle pas un fruit pendu dans le verger, ô journées enfantes ! » (Sonnet – Rimbaud) Tout espère ardemment, tout patiente vivement, tout y prévoie une majestueuse survenue aux grandes avenues de nos profonds souhaits ; tout tend vers cet Homme différent de nous Sapiens ; tout souhaite le changement, tout endure l’épreuve et la souffrance pour un mieux à venir, tout bande ses arcs et déploie ses diversités. Entre la pesanteur des causes et l’apesanteur des grâces, tout est grave et gravité ; comme tout palpite, tout tremble, tout semble en pleine gravidité, depuis la matière première à l’origine du souffle, à travers l’œuvre en devenir et la nuit des cavernes labyrinthiques. (...) C’est une éternelle et gravidique création, une lente et longue gestation de l’Humain, Notre Dame d’Espérance est la Porte du Ciel et de la Terre, la Très Sainte Montagne et l’Etoile de la Mer ; elle reste Notre-Dame de la Délivrance, Vierge Ardente et Table des Béatitudes ; Reine des nuées, Arche d’Alliance et Fontaine scellée pour les ères des ères ; elle est encore et pour toujours l’Arbre de la vie, la Rose mystérieuse, la Valée humide et la Vasque des bienfaits, le Vase sacré parmi tous les réceptacles du Ciel et de la Terre. Dans sa douce simplicité, en elle, avec elle, par elle et pour elle, tout autour de nous et dans tout l’Univers préfigure l’Homme qui vient pour rendre hommage L’espérance habille la totalité de ses surfaces dorées. Dans un céleste battement minéral, dans toute la poésie de ses vitraux et toute la tension des formes et des couleurs, tout aspire en elle à la quintessence, aux quatre saisons qui précèdent l’arrivée de l’élu. Alors que les voyeurs s’illusionnent sur leurs mirages, les Voyants qu’en à eux, en poètes, conçoivent le Verbe par le regard ou par l’oreille ? En ce temps où les écrans plats et tactiles nous éblouissent, l’urgence n’est-elle pas à la contemplation, à l’écoute, au changement de regard, au delà des apparences et à l’émerveillement au delà des illusions ? L’ouverture du cœur ne doit-elle pas succéder au voyeurisme ambiant et aux médias réalités ? L’intérieur ne doit-il pas primer sur l’extériorité et le transitoire ? Avez-vous comme moi ce pressentiment d’un monde au-delà du monde, d’une âme au delà de l’âme et d’un cosmos bien au delà de tous les Univers ? (...) L’Apocalypse d’un autre Voyant, Jean, en parle ; ce jour-là , au son des trompettes et des carillons de la place Ducale, sur tout Charleville-Mézières, un signe grandiose apparaîtra au Ciel, une Femme qui sera porteuse du premier Homme. Le soleil l’enveloppera de ses rayons d’or, et la lune elle-même s’offrira à ses pieds pour servir de carpette au seuil de l’Infini, et douze étoiles couronneront sa tête. Depuis 1499, en sa gothique et flamboyante vocation, chaque pierre de la Basilique Notre-Dame d’Espérance aspire à cela ! Tourner les clefs de voûte et tourner sa langue verbeuse sept fois dans sa bouche, pour prononcer le mot de passe comme des voyelles énoncées : « A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu, voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes, A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombillent autour des puanteurs cruelles… » Vierges noires, blanches ou rouges, selon le sonnet de Voyelles, qui enfantera cet enfant de bonheur ? Qui accouchera dans ce Cosmos de transition, de cette nouvelle Humanité ? Qui sera à la hauteur de la mission ? Qui sera l’Alpha et l’Oméga, dans les joies et les douleurs d’une étrange naissance ? « O, suprême Clairon plein de strideurs étranges, silences traversés des Mondes et des Anges: O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux! … » (Rimbaud) L’esprit et le Verbe même des dieux, opère l’alchimie subtile qui fait que L’Homme virtuel vient, car le hasard fait bien les causes et plus encore de fil en aiguille il tisse les grâces ! Des grandes cathédrales gothiques aux petites chapelles romanes, des demandes à la Recevresse d’Avoth, du cœur d’enfant à Notre Dame d’Espérance, c’est tout ce que quémandent aux cieux les gargouilles questionneuses ; ce qu’elles demandent et crient aux vents, ce qu’elles répètent en cette requête de pierres chauffées à temps, hérissées de toutes les tensions qui viennent solliciter les goules , gueules ouvertes à l’assemblé des horizons. Bouches criardes de pierres dans la ouate nuageuse, en grandes saillies minérales, clameurs d’un silence d’écorce, clameurs érodées du hurlement des tensions de tout l’Univers. Anges de caillasses ou démons rocailleux, chimère ou bêtes immondes, des corbeaux croassent à l’intérieur et des gargouilles suintent à l’extérieur, de gouttières en chenaux, dégorgeoirs grimaçants de questions sans réponse, de cris sans rémission, de douleurs sans apaisement et de désolations sans douceur. Ne sommes-nous pas à leur ressemblance de pauvres gargouilles sculptées par la vie, orifices naturels par lesquels s'écoulent des larmes amères comme stagnent au désert les eaux de Mériba ? Oui, qui viendra nous délier de nos amertumes et de nos terrestres liens ? Et d’où viendra ce salut sans cause dernière ? Gargouilles de pierre ponce ou de roche polie pour nettoyer nos pensées erronées et nos mémoires abusées de Sapiens médusés. Des menhirs dressés aux flèches gothiques, des grands arbres aux colonnes de l’Olympe, des gratte-ciels aux héliotropes de mon cloître intérieur, tout cherche à prendre de la distance comme du recul. En attendant l’Homme, tout prospecte la hauteur et la profondeur de l’être, tout farfouille les nuages ; tout sonde les âmes et les cœurs, tout perce les apparences et les regards, tout dit notre petitesse et notre faiblesse de Sapiens en chemin. (...) Depuis les diverses révolutions Sapiennes, les niches des Basiliques et Cathédrales sont vides de toute réalité ; seules subsistent quelques vulgaires présentations, elles n’abritent plus que des mirages rassurants et des illusions décoratives. Le seul chemin praticable est celui des possibles ! Comme marionnettes à fil ou a gaine, l’Homme reste suspendu à ses liens entravant. Quelle Révolution vraiment « Humaine » viendra enfin libérer l’Homme en nous pour le déposer en ces niches d’amour, au plus creux de nos paradoxes, tel un doux Jésus en la crèche de Noël ? Comme le dit autrement l’apôtre Luc dans son évangile, Saint est son Nom à cet Homme premier-né, Lui qui en puissance, fait et fera pour nous d’impossibles merveilles. Voila pourquoi il semble préférable de ne pas se faire des images infidèles comme des idées fausses, pour rester bien ouvert aux mouvements du temps à aux convulsions de l’espace. Comme les anges, les flèches se cachent dans les nuages, par gothique pudeur, ciel contre terre, les cathédrales font la nique au soleil dans un désir infini, avec toute la démesure de l’azur, ciel et terre se possèdent dans un baiser de pierre taillée sur mesure. Comme eux, bande tes arcs, lie tes voûtes, converge ton être, tourne tes clés, étends tes nefs, nique tes anciens dieux ou tes faux dieux, hisse tes flèches, flamboie de tes ogives nues et de tes spasmes rayonnants, car tu es un être en devenir ! (...) Flexion, génuflexion et réflexion ... Notre Dame des Gargouilles (extraits) EN LA BASILIQUE NOTRE DAME D'ESPERANCE De Charleville-Mézières, août 2013. Lien : http://francais.agonia.net/index.php/prose/14056812/Humano_chimerus |
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