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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2012-12-04 | |
Illustrations : avec la collaboration posthume de William Bouguereau.
« Les blancs volants » que l’on trouve en peinture ou en calligraphie chinoise sont comme des « métaphores angéliques », et les nuées d’Anges qui peuplent nos légendes comme des analogies de l’ambivalence des symboles. À travers la littérature, que la calligraphie soit latine, chinoise ou arabe, qu’importe ! Sa fonction n’est pas d’annuler la dictature de Rome, de Pékin ou de tel pays arabe, mais d’être juste, transparente, honnête, afin de rendre possible le dialogue, d’offrir à la parole un espace de liberté et une vraie liberté à la parole. Entre les extrêmes, au-delà du blanc et du noir, à grands coups d’ailes (de plumes) les « blancs volants » suscitent le débat, la conversation ; dans l’entre-deux, ils régulent, puisque les Anges, les Ibis, les colombes ou les oies sauvages de tous les pays restent avant tout « des messagers » de Paix. Bons ou mauvais anges (démons), compromis de plume et de chair, ces êtres spirituels, comme les idées (concepts) peuplent les cieux – c'est-à -dire le juste-milieu, lieu de pure intériorité et de providence. Finalement, « Blancs volants » et « Anges » y résument un espace de médiation possible entre les opposés et les extrêmes, ils récapitulent « un Bon Lieu », celui de la parole, du causé (Le Bon Dieu - du Verbe), ou le désir peut s’exprimer pour voler de ses propres ailes... Le S... des Anges, c'est le S du Sens ou du SIGNE ! On raconte même dans les monastères chinois que le calligraphe Cai Yong, qui vivait sous la dynastie des Han, voyant un jour un artisan peindre sur un mur des caractères à la chaux, en fut tout bouleversé. En rentrant chez lui, habité par ce qu’il venait de contempler et donc de vivre, avec de beaux traits amples lacérés de blancs il conçut le style dit "du blanc volant", une écriture que l’on réalise avec un pinceau plus ou moins sec, c’est-à -dire imprégné de peu d’encre, ou en utilisant les poils du pinceau qui étant loin d’être concentriques sont écartés dans le mouvement de la main, de telle manière qu’ils laissent dans leur sillage des blancs au milieu de la trace. Ce qui donne à la calligraphie ou aux paysages peints cette impression d’être à la fois présents et absents, abstraits et concrets, réels et irréels, invisibles et visibles … afin de montrer les choses en les cachant, à l’image d’une parabole ou d’une métaphore. Ainsi, « un Ange passe », dit-on, quand il y a un blanc dans le tracé, ou un silence dans la conversation, ou même une blanche dans une mélodie… C’est un blanc qui vole, la plume d’un Ange qui file, un volant blanc comme un reflet du ciel et de la terre ; c’est une réflexion, un chatoiement de plumes, c'est l'esprit à l'oeuvre, le souffle vital qui circule, flue, tourbillonne…, tels un vide pictural ou un silence qui se font le plein de sens. Comme ce seul trait de caractère est à l’origine de l’homme, un seul trait de pinceau semble être à la source de toutes choses, un seul trait d'union, un geste, un mouvement, un appel à la vie, un cri comme un pont entre terre et ciel. Entre l’encre, le papier et le pinceau, c’est une angélique histoire d’amour, comme la Providence peut en déployer entre l’homme, le ciel et la terre. Le trait de pinceau est habité par l’ombre et la lumière des contraires, dans le blanc volant, les opposés se mirent pour engendrer de la réalité. Ce vol blanc que vous suivez des yeux, ce volant blanc qui traverse l’espace et le temps, c’est l’énergie de la vie qui circule comme la source se donne à boire, c’est l’énergie qui suinte su corps, du stylo ou du pinceau, c’est la somme même de tous les graphes et graphies de tous les traits humains par lesquelles ils s’expriment pour révélé le S… des Anges, c’est-à -dire les bords mêmes de vie qui laissent transparaître cette subtile énergie. (…) Vu à travers le prisme de l’impuissance des sens à percer le voir et les multiples obstacles mis à la raison, l’inconnaissance plane comme une plume au vent ! Dans les personnages de William Bouguereau tout comme dans les mythes et récits angéliques, il y a toujours ce quelque chose qui est de l’ordre de l’évanescence, quelques âmes flottantes qui questionnent notre insensibilité vis-à -vis de ce qui reste imperceptible et inaudible. Quelque chose que je rapproche du chatoiement de la lumière dans un regard d’enfants, ou que je comparerais à la texture du vent ou aux ondulations moites d’une eau très pure. Toutes les allégories angéliques ont cette fluidité des couleurs, ces mouvements incertains comme une plume à l’arrêt, en suspens dans l’inconstance où l'inconsistance des ombres et des reflets. Frivolité des chairs dévoilées, des formes et des lumières…, ainsi, un nu d’angelot ou une nuée d’Anges relèvent toujours de cette évanescence, qui est de la consistance même des rêves et de la transparence même des zéphyrs. Comme des bouches pâteuses ou des mots tirés à bout portant par des stylos billes ambigus, l’ambigüité règne au royaume des plumes et des symboles. Et cette ambivalence qui est le propre des Anges comme des symboles est justement ce qui permet de réconcilier les contraires comme dans une douce symétrie. Les blancs flottants et le S… des Anges, c’est l’équivoque, l’équivocité, l’équivoque cité, c’est-à -dire « causé », parce que tout ce qui est « Flottant » est synonyme de double, d’équivoque ou d’ambigüe. L’ambigüité est là au chœur même des causes comme au lieu même du causé. Sous le soleil, l’Ange de l’Éternel se tenait parmi les myrtes ou sous le Térébinthe. À l’image des peintures de Bouguereau, les êtres semblent voler entre deux eaux, surnager entre le ciel et la terre, dans un flot de chair vagabonde, comme enlevés ou emportés par quelque vent ou quelque esprit, dans une métamorphose des corps. Parce qu’ils habitent une quatrième dimension, celle des arts, ils peuvent se montrer tels qu’ils sont : volants, ambigus, hésitants, incertains, ondoyants… (...) En la Genèse du Monde, les Anges de Dieu montaient et descendaient comme la main leste du calligraphe ou tels les doigts d’eau de la marée ; esprits libres comme le vent, ils vaguaient de gauche à droite, et d’avant en arrière … « Je suis Gabriel… », dit-il à la Vierge, car il est de ceux qui portent la bénédiction (Luc 1.19) ou de ceux qui portent ou apportent la destruction (1 Chr. 21.12) ; et ils sont de même capables de porter les fléaux (Apoc. 15), ou des coupes de bénédiction. Anges de malheur, ils exterminent, détiennent les clés des cieux et celles des abimes ; ils luttent avec les hommes (Jacob), séparent les méchants des justes, voient, voilent ou dévoilent la face cachée des lieux (des dieux). Innombrables, en myriades de myriades, ils forment le chœur des mots et le cœur des choses ; ils attestent ainsi de la parole, fortifient les hommes, les libèrent, délivrent, ouvrent ou ferment les portes… Vagues, flous ou nuageux, ils ondulent dans les airs, se superposent à la chair, ils ressemblent à des pensées, des instants fugaces, à des formes indéterminées aux voiles fragiles, aux bords transparents comme ceux d’une présence absente ou d’une absente présence. (…) Bruits d’Ailes et glissement progressif du désir. Avec le pas feutrés des Anges, le crissement des ailes ou de tracé des plumes, c’est la douceur des doigts qui se posent sur ma bouche pour faire le silence, alors qu’un long et sinueux trait de caractère se couche sur le papier blanc. « C’est la voie du milieu » me dit l’Archange Raphaël, « Ta voie ! », celle qui traverse le temps pour y semer des mots. Dehors comme dedans, le monde change et nous, si la vie nous dispose à la vie, nous ne cesserons jamais d’évoluer, les maux y contribuent ! Dans les nœuds de l’Évolution, c’est « le symptôme » du mal à dire qui fait corps, entre la chair et l’esprit, il est une sorte d’égal du réel, réalisé à l’image et à la ressemblance du réel. Ce « duel trait », c’est le symptôme d’une main mise sur les nœuds de l’humain, une traîtrise ! Dans ce « duel trait » de caractère qui sépare, guerroie, oppose les littérateurs et les croyant, dans le jeu des dualités extrêmes, le symptôme se trace comme « le blanc volant », de telle manière (et de telle matière) que le trait n’existe plus ; seul subsiste le juste milieu qui permet à la vie d’éclore. Comme montent et descendent les Anges, comme jaillit la vie, nous voyageons sans cesse entre les extrêmes pour que s’opère l’alchimie du milieu. Le S… des Anges s’y présente comme lieu de la jouissance, c’est « ce qui fait trou dans le réel » comme dirait Lacan. Car le réel n’a pas de sens, il est un vide à combler au cœur des extrêmes les plus invivables. Ainsi dans la Nature, la Vie « au lieu (à cet endroit/ en ce trou) de se perdre » va explorer par essais et par erreur, de trouvailles en retrouvailles (car rien ne se perd vraiment !) en se dispersant dans la création et s’étendant comme l’Univers et la parole s’épandent entre le bien et le mal. C’est l’un des nombreux paradoxes de la vie, le S… des Anges, c’est le S de Symptôme ! Et les maux à dire (du mal à dire) restent les principaux moteurs de l’évolution ; « Mal à dire » qui nous protège en fait d’un risque plus grand encore : l’anéantissement. Il n’existe pas de sélection "surnaturelle" ! Les Anges, comme être symboliques, participent pleinement à la nature même des choses, il n’y a pas plus naturel que les Anges, les symboles ou les symptômes. L’encre noire sur le papier du temps s’étale, comme une trace de pinceau, une calligraphie cursive ; ainsi notre histoire évolutive s’écrie dans nos gènes, la sélection naturelle opère de symptôme en symptôme, de crise en opportunité, de guerres en paix, avec le pas feutrés des Anges et les crissements d’ailes, entre le vide et le trop-plein, nous continuons à évoluer, alors qu’un long et sinueux trait de caractère se couche sur le papier blanc. Le S... des Anges, c'est le S du Sens ou du SIGNE ! |
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