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Coup de théâtre
prose [ ]
Qui est dans l’écran et qui est hors scène ? Qui est obscène ou qui est hors jeu ?

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par [Reumond ]

2012-11-15  |     | 








Le brigadier frappe les trois coups, trois coups de feu qui résonnent dans la salle. Avant de lever son dernier vers, le poète tombe sur les planches, je m’approche du corps des mots ; c’est Federico Garcia Lorca qui est là allongé, c’est un anonyme tué par l’anonymat ou une célébrité tuée par la balle de l’audimat ; c’est un soldat inconnu qui brûle d’amour ou de haine, indéfiniment comme en enfer ; c’est toi, c’est moi, nous, couchés sur le plancher de la scène, juste avant le lever de rideau. Trois coups du sort qui symbolisent la très Sainte Trinité, eux qui commencent, commentent et terminent tous les Mystères.

Les rideaux du théâtre sont comme les marées hautes et basses, ils tombent lourdement dans un grand jet d'écume, et se relèvent encore dans les applaudissements de vagues, laissant là quelques épaves éparses et quelques souvenirs à l’odeur d’algues rouges .

Qui est dans l’écran et qui est hors scène ? Qui est obscène ou qui est hors jeu ? Qui est dedans ou qui est encore dehors ?

Le chœur de l’Opéra crie sous les bombes brisantes ; l’écran plat ne saigne pas, mais c’est tout comme !

Le plasma des écrans se répand comme les humaines humeurs percent l’écran, ça crie, ça baise, ça frappe, ça cause des causes et des finalités sans fin…, des cénacles les plus fermés aux lieux les plus ouverts, les amphithéâtres s’ouvrent et se ferment sur nos intérieurs confortables et sur notre opulence nauséeuse.

Les herses de projecteurs LED nous aveuglent ; à contre-jour, je perçois un enfant perdu blessé par une balle perdue ; le décor est plus réel que la fiction, la scène est horrible, les débris et grabats couvrent ma moquette, et les membres éparpillés des victimes traversent la pièce où je me croyais à l’abri des éclats de pire.

Dans la salle des pas perdus, les pas et les balles se croisent, l’ouvreur est un transsexuel travesti qui demande le mariage et l’adoption d’enfant de Mars.

Un tas de talibans déguisés en gros méchant loup nous font oublier nos propres névroses ; sur la banquise chaude à s’y baigner nu, un agent de police en string nous demande nos papiers, mais à cause du réchauffement je perds mes eaux, juste avant d’accoucher d’une identité qui n’est pas la mienne. Mais qui suis-je pour dire que je suis ?

Je conteste des mains et des mots, autour de moi, il y a d’autres spectateurs qui se mélangent aux belligérants ; tout couverts de sang et tout affublés de sens ; je ne sais plus qui est qui, il ne me reste plus qu'à demander : êtes-vous bien la victime ou le coupable ? Le responsable ou l’innocent ? Le sage ou la brute ? Mais le silence me répond que tout est relatif ! Mais relatif à quoi ? Et à qui ?

Le vestiaire est plein de SDF qui n’avaient d’autre lieu pour dormir au chaud, c’est en tout cas ce que me répète en langage des muets, la dame en rose du vestiaire qui est aussi la dame pipi.

Avez-vous votre ticket ? Me demande un soldat des forces de l’OTAN ; mais je n’ai plus aucun ticket et plus aucun courage ; mais par contre, j’ai une profonde blessure qui atteste de ma présence sur les champs de bataille ; et faute d’argument, je lui montre la plaie béante que j’ai dans l’œil. Alors, il me composte, puisque, de père en fils, chez les Reumond, nous sommes biodégradables.

Je n’ai plus la force ! Elle n’est plus avec moi dans cette guerre des stars du Système, ni spéciale, ni de frappe, mais j’ai encore mes jambes pour fuir ailleurs comme l’explorateur de l’invisible, et des jumelles de théâtre pour voir dans le trou du souffleur, afin de lire sur ses lèvres les mots d’amour qu’il tente désespérément de faire passer au-dessus des murs et des fils de fer barbelés qui séparent les hommes.

J’ouvre le programme, il est vide de page, d’illustration, vide de texte et vide de sens ; ma pauvre tête est elle-même vide comme un trou de bombe dans un trou de mémoire. Parce que le général Alzheimer commande les opérations, mais il ne se souvient plus que d’une chose, une seule, ses vacances à la côte belge avec le docteur knock, l’année même du Grand Débarquement.

À l’avant-scène, l’orchestre s’installe, ce sont des vétérans de 14/18 aidés par des réservistes de 40/45, tous ont tous suivi des cours d’harmonie et d’instrumentalisation des besoins primaires à l’Université du 3e âge.

Leurs béquilles s’enfoncent dans la boue collante des tranchées de la fosse d’orchestre. Le poulailler est plein, tous les balcons sont pleins comme des alcooliques en fête ; même la grande salle du théâtre est pleine comme un studio de la RTBF. C’est vrai que la TV réalité dépasse souvent la fiction !

Le chef d’orchestre est aveugle, et sous les applaudissements des poules, avec sa canne blanche il tente vainement d’apaiser la cacophonie de ses musiciens. C’est cool et vraiment un beau spectacle !

Sur scène, deux ouvriers en salopette bleue déposent au sol un décor transportable et transposable, c’est une scène d’Afghanistan sur laquelle des poètes musulmans chantent la paix.

Au-dessus de nous, sur les passerelles de travail, les techniciens en kilt lâchent des obus de carton ondulé qui cartonne sur le sol avec un grand bruit de cri strident, alors que monte comme dans le brouillard froid, celui d’un triste matin au bord de la Tamise dépressive.

En toile de fond ou en fond d’écran, je ne sais plus à quels décors me fier ou à quel acteur me vouer, les décorateurs ont peint des rendez-vous manqués de peu, beaucoup…, avec la destinée, la vôtre, la mienne, la nôtre … Alors, je pense avec nostalgie à mes amours manqués le long d’un lourd chainon manquant.

C’est alors que le chœur interrompt brusquement ma méditation, il entonne le chant des questions et la question des champs, des plans et des perspectives, j’en profite pour entamer mon premier cornet de flocons de pop corn.

Oui, qui est l’opérateur ou le régisseur de cette grande mascarade, qui est le chef de cette ridicule opérette ? Qui tire les cordes dans l’ombre des coulisses comme on tirait pour jouer, enfants, les nerfs des pattes de poulet ?

Il y a-t-il un seul Dieu dans l’avion ou plusieurs pour se tenir la main, afin de réguler les tensions entre le ciel et la terre ? Qui est l’auteur fou ou l’écrivain génial de tous ces drames lyriques successifs, de ces catastrophes naturelles, de tout ce méli-mélo mêlé de folie ? Qui est le créateur de ces opéras comiques et de ces tragédies bouffonnes ?

Opéra bouffe ou grande bouffe de rumeurs et d’images violentes et érotiques ? Mais l’opéré de l’opéra ne répondra plus à toutes nos questions ! Par l’opération de l’esprit, il vient de prendre une porte entrebâillée par Magritte, pour accéder au quai 13 d’une gare peinte par Paul Delvaux, afin de prendre un dernier train pour Knokke-Le-Zoute .

Comme la peinture peut se faire hyperréaliste pour tromper le réel, ce qui est sûr et certain, c’est que Dieu est bien belge, et que la vie est non seulement surréaliste, mais plus encore surréalisée et surréalisable.









Notes :

Régisseur d’une troupe de théâtre dans les années 80 ; troupe subsidiée par la Communauté Française de Belgique et subventionnée par les Tournées Art et Vie du Ministère de la Culture, je connais bien ces jeux d’acteurs, ces enjeux de scène, ces décors, ces sons et lumières, et ces dialogues d’acteurs, qui comme des livres d’aventure, trompent les sens, parlent aux émotions et à l’imaginaire, suscitent l’illusion, le mystère et le rêve. La Compagnie du Grenier, était une troupe dont les comédiens furent formés par Max Parfondry, (1943 – 2002), travaillant en collaboration avec le TPW (Théâtre Populaire de Wallonie), sur base de la philosophie du « théâtre-action », et de la Formation de « comédiens Animateurs » engagés dans des projets de sensibilisation et de conscientisation autour de problématiques sociales diverses ; tout cela, dans un jeu de relations entre les différents publics ( étudiants, profs, travailleurs sociaux …), et les acteurs animateurs. De Max Parfondry et des comédiens animateurs du conservatoire le Liège, je garde un extraordinaire souvenir de l’homme d’action voué au théâtre ; je me souviens avec émotion du bon pédagogue et de l’animateur ouvert ainsi que du producteur créatif qu’il était ; acteur lui-même, metteur en scène et directeur d'acteurs, Max Parfondry était un professeur humble et entier, au sens propre comme au sens figuré.

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