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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2012-10-31 | |
illustration : éclats de rire (Roland Reumond)
Pour dire sa tristesse et sa colère, aller jusqu’au bout de la peur et de l’envie, jusqu’aux frontières de la perception et aux limites de l’intuition ; pour se situer dans l’espace et le temps et à tous les niveaux de la relation, il faut bien des mots ! Pour affiner notre besoin de croire, d’espérer et de douter face aux incertitudes de la vie ; pour avoir des projets, pouvoir avancer pas à pas sur les chemins escarpés, il faut des mots, lisibles comme des balises terre-à -terre gravées noires sur le bleu du ciel ou rouges sur le papier blanc. Pour cultiver le besoin de se sentir utile et solidaire ; arriver à se penser comme être unique, et à penser aux autres comme des perles aussi singulières et différentes, il faut des mots. Pour s’accepter, admettre ses propres failles, connaitre le prix de la vérité et les limites de la liberté ; pour expérimenter l’amour comme la haine ; pour estimer le prix de la paix et les maux de la guerre, il nous faut encore des gros mots. Pour discerner l’ami et le prédateur, tester l’intimité, donner la parole et accueillir les mots de l’autre ; pour distinguer la critique du compliment, la gratification de la dévalorisation, faire la différence entre l’encouragement et le jugement, l’admiration et le sarcasme ; il faut préférer les mots tendres, justes et bons, aux vains mots sans utilité. Enfin, pour savoir se jouer des maux, face à toutes les crises et à toutes les formes de conflits, afin de les exorciser, il faut encore des mots et toujours des mots, y mettre des phrases colorées et y coller des métaphores Sur nos contemplations et nos désolations, il faut mettre des mots. Pour juger de la consistance des maux, les jauger à leur juste mesure, il faut les causer, décider du bon choix, agir en connaissance de cause et de causé en mesurant bien la valeur du silence et la relativité des choses. Pour causer, il nous faudra bien des mots tendres et parfois des mots durs, car tout, absolument tout est sujet au causé, objet de locution depuis l’aube de l’humanité. Dans la chair du Monde, la naissance de l’humanité, même si elle n’est pas en corps, a commencé avec cette capacité de symbolisation et de métaphorisation, c’est parce que l’homme pu mettre des mots sur ce qu’il vivait qu’il survécut aux maux, par l’esprit et l’humour, et en particulier par ce sens de l’autodérision qui reste une vertu première L’homme est né d’un big laugh enjoué et rayonnant comme un sourire d’ange, il est apparu après une grande explosion de joie assez puissante pour exorciser tous les maux passés, présents et à venir. Oui, cet homme qui naît est bien le fruit du Logos, le vrai rejeton du verbe être ; il est celui qui vient et devient, par un complexe principe de conversion permanente, à l’ombre des maux, en y discernant la juste lumière. Car l’homme, même s’il n’est pas en corps, est né « Vir-tualité » avec cette extraordinaire capacité de parler et nommer les choses du monde, d’en rire et d’en pleurer, et par là même de convertir les maux de la réalité en une réalité des mots. (…) Voyant qu’il était nu, Adam prit les mots à part pour se vêtir des pieds à la tête, et mettre ainsi entre les maux et lui, un peu de distance ; il nomma les choses dont il avait besoin et appela les couleurs à en témoigner, en recouvrant avec agilité sa propre peau de rayures magiques ; une fois les préalables terminés, il tourna sept fois autour du feu en balayant de grands gestes circulaires tout l’espace habité de la hutte commune. Depuis, l’homme se vêt de graphismes divers et de mots aux sens multiples. Il s’habille de comportements bizarres, de discours sans fin, de rituels obsessionnels et de mouvements bien symboliques ; et en société, il s’équipe même des outils nécessaires pour traverser le temps et l’espace sur les traverses glissantes de la scène de l’humain. Ainsi, jadis, parmi les animaux humains, naissaient entres autres, la paléographie, la chorégraphie et la scénographie... Après de rustres tentatives et de rupestres essais, il se travestit aussi pour échapper aux prédateurs et à son propre regard ; en se faisant l’ami des esprits, avec la fange des marais et l’argile des rivières il traça des limites entre lui et l’autre. Depuis, se révèle l’âme humaine, à travers de multiples médias et des techniques mixtes pour tisser des liens entre l’art de vivre, les arts plastiques et ceux de la parole... Ainsi est né l’humain de l’humus, pour exprimer avec son corps de bête, toutes les dimensions variées de la réalité, telles ces expressions de métaphores soyeuses comme des fourrures chaudes et précieuses pour survivre au doute. (…) L’humanité est en train de devenir, non d’une lamentation, même si l’épreuve et la souffrance sont au rendez-vous, mais d’un immense rire cosmique dont nous sommes tous les éclats parsemés. Entre nous, c’est le big laugh, et en nous, c’est l’âme éclatée, l’esprit fragmenté du monde qui chantent. Vous comprenez maintenant comment et pourquoi chacun de vous est important et nécessaire dans ce grand corps divisé, cet ensemble à recomposer comme l’image fragmentée d’un miroir ou des milliards de milliards d’éléments épars. Dans ce grand processus, le Sapiens appartient déjà au passé, il nous faut maintenant passer la main ou le relais à l’homme qui vient ! (…) Comme les maux sont le verbe à l’œuvre dans la chair du monde, les mots sont eux-mêmes le verbe se réalisant dans la chair de l’homme. La vie à l’épreuve des maux se diversifie, elle aime la différence, la distinction… Les maux y sont douleurs, comme des contractions utérines, des spasmes, ceux de la transformation. L’être secoué des convulsions des métamorphoses ressemble à ses bêtes qui muent, de mutations successives, pour quitter son enveloppe comme l’Imago de l’insecte ou un esprit trop à l’étroit dans son corset de chair. C’est mot à maux que l’homme se dégage de la gangue, mot à maux qu’il exorcise l’animal qui est en lui, l’invitant a aller mener sa vie ailleurs, en des terres moins rationnelles. Donnez-lui la parole, et il volera de ses propres mots ! Car c’est mot à maux que l’homme sera peut être un jour, et qu’il parviendra enfin à se réaliser de tout son naître. (…) |
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