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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2012-02-06 | |
Comme le chante si bien Jacques Brel,
Il nous faut regarder ! Derrière leurs cris, il nous faut écouter ; et au-delà de leurs comportements, il nous faut regarder ; sentir plus loin que la puanteur, et l’étrangeté, pour percevoir derrière nos peurs et les différences que tout chez eux est une invitation à la réflexion sur nous-mêmes. Si le verbe « déménager » peut se conjuguer avec des significations différentes; si au sens premier qui est celui de l’anglais « To move house », signifie changer de lieu, de maison ou de logement, de vie et de référence ; sa deuxième acception semble avoir une portée bien plus profonde, car le véritable « déménagement » n’est-il pas tout intérieur ! Ce changement, cet envol, ce départ, ne sont-ils pas ceux de la folie, des troubles mentaux ou des grand bouleversement ! Partance plus ou moins douce ou brutale qui nous porte et nous conduit en des ailleurs improbables. Ainsi en-est-il des termes délirer et divaguer, pour changer de rive en un voyage tout à fait déraisonnable et parfois même sans retour ! En situation d’immersion, le plus important est de passer la tête hors du bain, de ne pas s’y noyer, et de continuer à croire, à espérer et bien sûr à respirer ! Face aux miroirs, aux événements comme aux autres …, vous êtes-vous déjà demandé quel était votre statut d’homme ou de femme dans la famille, au travail ou dans la société où vous vivez ? En réalité, quelle est votre véritable mission sur Terre ou dans le Monde, ou tout simplement quelle est votre fonction dans la vie, au quotidien ? Peut-être, avez-vous essayé avec la boussole de votre plume sur la ligne de votre propre graphie, dans l’empreinte grasse de vos traces, de discerner quelques oracles, des signes, un appel ? Et avec le marc de café, le tarot de Marseille, le bâton de sourcier ou le pendule de radiesthésie, avez-vous risqué de trouver votre vrai moi, ou de retrouver votre propre centre de gravité ? Entre liberté et lourdeur, dans les drèves de la nature et sur les routes balisées de la culture, sur les petits sentiers de l’amour et les véloces et féroces autoroutes du ressentiment à plusieurs bandes ; probablement avez déjà essayé de deviner votre chemin de paix dans le regard d’un être aimé, la joie des enfants, les couleurs de vos émotions ou de vos peintures, dans les formes de toute argile fatiguée comme salade avec vos propres mains de sculpteur. Tentant de découvrir votre juste place, avec quelques regrets pleins les poches et tout plein de désirs dans le regard ; entre sentiments d’échecs et impressions de succès. Quel est votre rôle ici-bas ? Comme moi, il vous arrive de fréquenter tous les jours des gens qui vous semblent être sûrs d’eux et de leurs propres choix de vie, confiants de leurs convictions ; marchants droit comme des i, sans aucun regret. Oui vous aussi, vous connaissez probablement des personnes qui semblent avoir trouvé leur voie ; ou vous semblent avoir derrière et devant eux, une vie comme toute tracée par leurs ancêtres, dès leur premier jour de venue au Monde. En dépit d’une légère jalousie, peut-être même les avez-vous regardés avec une certaine envie. En situation d’immersion au Pavillon des anges, le plus important est de rester lucide ; de ne pas paniquer et de continuer à respirer l’odeur marquante des urines qui disent un marquage. J’observe les Anges avec dévotion ! En dehors de celui de se taire ou de brailler dans la nuit froide, de bayer aux corneilles criardes ; ils n’ont aucun pouvoir spécial. Comme le fou du Roi rayonnait de sa douce folie, mes Anges irradient comme des antihéros ; ils n’ont aucun pouvoir sur Terre, aucune fonction, aucune responsabilité apparente, en dehors d’un statut de malade, pauvres parmi les pauvres, ils jouent bien, à la folie, leur rôle d’aliénés. Mais en les regardant de plus près, comme on sonde avec attention et intension les plissements d’une paroi aurifère, j’ai le sentiment qu’ils renferment autre chose que leur apparence ; j’ai l’intuition subite qu’il y a une chez eux une tout autre majesté que la normalité ! Quand je parle de sentiment, je veux dire que ma connaissance est ici de l’ordre de la communication intuitive. C’est comme si j’avais en moi la compréhension profonde qu’ils incarnent dans leurs symptômes quelque chose qui relève du mythe, qu’ils matérialisent dans leur corps, un message des origines qui dit un chemin à suivre. Qu’ils expriment à chair et à cris, une autre réalité qui trouve sa source ailleurs, d’une monstration et d’une aberration apparente qui s’origine non seulement dans les gènes, mais dans une fonction qu’ils assument à la perfection, par loyauté, comme une forme de pacte sacré qui se dit dans leurs cris et s’exprime par leurs désordres. Pareillement à l'Esprit Saint qui vient au secours de notre faiblesse, la nature elle-même en eux intercède pour nous, en des monstruosités tangibles sous lesquelles se cache l’inconnaissance. Pour que nous puissions vivre notre vie ; pour que nous puissions naître à nous même, ils se font « ratures » d’humanité, blessures, afin qu’à travers ces chairs brisées, ces regards hallucinés, viennent au monde, comme des retouches sur la toile, une humanité nouvelle, encore impalpable. Leurs cris ne sont pas sans me rappeler les « Gémissements ineffables » dont nous parlent les livres saints; ce parlé en langues indescriptibles, cette folie du verbe créateur quand il se fait poète. Des geignements indicibles qui ne cessent de nous rappeler que nous sommes, nous-mêmes, et pour toujours, en pleine gestation. Les cloches qui sonnent ne disent pas seulement l’heure d’un office, L’appel du muezzin dépasse la dimension de la prière, il y a toujours quelque chose de caché derrière le minaret ou le beffroi ! La folie créatrice s’exprime derrière ces plaintes étonnantes, derrière les brahmanes en prière et les brames créateurs d’un univers en rut, derrière les « larmes d’un Cosmos Ordinaire », pleurées par des Anges en émoi dans des cieux bien troublés, il y a un mystère bien plus grand encore. (…) Heureux les pauvres en esprit qui savent par cœur et par dénouement, cet humble cri des profondeurs de l’être ; je ne parle pas ici de ces tristes prières formulées comme des énoncés magiques, apprises de mémoire et récitées de père en fils, de génération en génération; mais je parle de ce cri qui répond au silence du ciel, quand s’ouvrent les yeux des petits à cette folle réalité de la condition inhumaine. Quand l’esprit, le cœur et l’âme s’ouvrent follement à cette unique présence qui vous pénètre comme l’épée de l’amour, pour s’exprimer en des gestes fous, des soupirs et des gémissements ineffables. Ce qui signifie que la véritable prière des Anges et des hommes passe par nos cris bruts, nos chairs crues, nos nerfs vifs… c’est-à -dire par tout ces chemins tordus qui mènent à notre être profond. Que ces prières qui jaillissent du plus profond de la matière se fait folie chez les uns, Même si nous ne comprenons pas ce langage des oiseaux, ces crissements de portes entrouvertes, il nous faut les décoder, les interpréter au cri. Car c’est par ce langage de fous et des pauvres déments, que les prophètes blessés nous parlent de nous et de nos chemins de vie, de notre appel et de notre propre fonction sacrée en ce monde de misère. Regardez ces corps qui rampent à terre, étendus et crispés dans les douleurs de l’enfantement ; regardez ces corps d’enfants au faciès ingrats et aux ailes tordus par le tourment, qui se tordent en criant comme la femme qui enfante d’une humanité qui ne vient pas assez vite. Regardez et écoutez ! À travers les Anges, c’est toute la Création qui est déraisonnable, et tout le Cosmos qui est fou à lier, ce sont les étoiles qui gémissent l’une sur l’autre dans un univers où tout converge ; telle une destinée en marche jusqu'à ce jour où l’homme respectera l’homme. (…) Derrière la vitre blindée, je distingue des grimaces stupides comme la mort qui foudroie l’enfant, ou comme le jardinet que l’on piétine avec des bottes guerrières. Dedans, face aux doux rayons du soleil qui effleure les visages torturés, parcourent les corps d’Anges comme une chaude caresse ; les bouches se déplient comme des demi-lunes ou des fleurs au jardin, quand reviennent les rayons de bicyclette du printemps. Faciès d’ange, face à l’extérieur, face au monde, face aux règles qui valent au-dehors, face aux normaux et à leurs normes normales, le Pavillon bleu ressemble étrangement à une maison fortifiée. Une folle bâtisse, fragile comme un château de cartes dans un vent de folie ; un château instable, avec ses créneaux de neuroleptiques, ses ponts-levis d’isolement et ses forts gardiens en blouses bien repassées. C’est dans sa nature de normaliser ! Afin de protéger le dehors du dedans, et l’extérieur de l’intérieur ; l’homo normalis sauve coute que coute les apparences, il se cache à lui-même ses travers, s’abuse lui-même comme on trompe son conjoint, dissimule les déviants aux trop chastes regards, et leurs démonstrations criardes aux oreilles exagérément vertueuses. Quant à nous tous, gens du dehors, de l’extériorité, nous les maîtres des apparats et des faux-fuyants, n’avons-nous pas toute une panoplie de justifications rationnelles pour nous défendre contre nos propres démons, contre nos propres aliénations ? Avec nos gros quartiers de tartes à dénis, et une logique à toute épreuve ; regardons-nous, ne sommes-nous pas la preuve même de la réalité normale ! (...) Le Pavillons des Anges (Extraits II) Illustration, Edvard Munch - Le cri, détail. |
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