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Chroniques de psychothérapies
prose [ ]
Ces 365petites histoires au jour le jour (historiettes poético-psychologiques), forment un tout, comme les différents nœuds qui ordonnancent nos vies.

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par [Reumond ]

2010-01-14  |     | 



INTRODUCTION AUX CHRONIQUES

Chers amis et amies,

Ces 365petites histoires au jour le jour (historiettes poético-psychologiques), forment un tout, comme les différents nœuds qui ordonnancent nos vies, nos relations thérapeutiques ou tout simplement humaines.

On pourrait estimer que cette fonction de psychothérapeute est incompatible avec toute démarche poétique ; le praticien « clinicien » doit-il s’abstenir d’écrire sous prétexte d’une fonction qui l’étiquette, de protocoles qui lui collent à la peau, de déontologie ou d’éthique ? Toute la littérature psychologique et analytique prouve le contraire ! Les cliniciens sont souvent de grands bavards aux buvards tâchés de réflexions diverses, d’inlassables « écrivants » en leur qualité de grands analystes et observateurs d’une humanité en souffrance quand ce n’est en question.

Il sait aussi se faire un homme de silence, un vrai contemplatif, dans les landes des regards partagés. Mais si le clinicien est avant tout un homme d’écoute et de parole, il est aussi un homme de l’être et de lettre si l’occasion se présente à lui.

Hypocrate me pardonnera bien ces quelques « variations poétiques » sur les relations entre accompagnés et accompagnateurs ; passagers et passeurs aux gués de la vie et des difficultés vécues.

De partages en passages, pas à mot, dans tous ces lieux humides de larmes ; pas à mots aux méandres des souvenirs tortueux, pas à mots des caves sans air et des greniers sans lumière …, mots à mots, les chemins de guérison sont des chaussées solitaires toutes pavées d’intentions, parfois mauvaises, souvent bonnes.

Ce pèlerinage vers soi-même est une marche lourde de choix, de lieux clos qu’il faut entrebâiller, de labyrinthes fétides, de portes fermées à triple tour, de couloirs étroits au fil tendu des déplacements abrupts, des grandes questions, de deuils multiples, de ruptures et de seuils dangereux.

Que l’humour et l’amour tracent dans la neige ou le sable, dans la bonne terre ou entre les paupières ouvertes, comme un double sillon ; deux lignes parallèles où marchent ensemble l’un et l’autre vers eux-mêmes, ces compagnons d’infortune, liés par le serment, fragiles et humbles dans les rocailles et les orties.

Que « la poésie » comme lieu privilégié du langage, des mots de passage, se fasse l’écho d’une double voix en voie de création , trouée de l’être et récréation à la pointe des mots, à porteplume redondant, à langue déliée, à mains déliées, à peaux dénudées, à échanges vifs et crus …, soit le vivant témoignage que cette « cure » qui est avant tout « une cure de parole ». Une parole qui se donne librement pour donner le verbe et se libère pour libérer l’expression de la vie même, à même les maux les plus vrais, tels d’authentiques cristaux du Logos.

Les mots pour se dire, c’est le « bon à tirer » de la vie, qu’il nous faut signer pour avoir la preuve au saut de l’épreuve.

Hypocrate me pardonnera bien cette ponction de moelle à la force du stylo bille, ces transfusions d’encre dans nos veines fragiles, nos porteplumes pliants jusqu’aux paliers du papier, nos jets d’encre et de sang échangés fraternellement, ce bouillon de matière grise dont on fait les brouillons de l’amour et de l’existence.

En principe, il est formellement interdit, en tant que psychothérapeute, de divulguer les secrets de nos patients et de parler de leur vie privée en public ! Sinon, gare à l’Ordre et au désordre !

Terre a peux, je suis avant tout une terre à travailler, un artisan du langage, brave paysan entre les braves, en son cas binette (Al binette) à alléger les bonnes terres grasses d’une humanité qui se cherche en lui comme ailleurs. Ces chroniques de psychothérapies concernent donc aussi la mienne ? Car en réalité, diplôme, expérience, analyse didactique, le tout, clé sur porte, passe-partout en main, une thérapie n’est jamais terminée – est-elle réellement commencée ? Qu’en est-il de notre chemin à tous ? Sinon des chemins de traverse qui se rencontrent, se tissent et s’entrecroisent au fil des rencontres à la recherche de l’Éternel Amour.

Il y aurait probablement bien d'autres choses à partager, de toutes ces aventures au pays de l’être, de nos extraordinaires passagers, de nos échanger de béance en séance, mais cette introduction ne fait qu’effleurer un sujet aussi vieux que le Monde : Comme guérir de notre manque d’amour et de notre peu d’humanité.
Le vent effleure le cerisier du Japon pour saupoudrer tous nos chemins de pétales rosés.

Bien amicalement.

Roland


CHRONIQUES DE PSYCHOTHERAPIES

Dans la salle d’attente, j’ai planté un b. a.-ba livré d'Afrique tropicale, et sur la table basse, mon épouse a déposé quelques exemplaires du Petit Prince en guise de mode d’emploi, un Bic, pour ramoner les volcans et une paire de ciseaux pour couper les branches afin qu'elles n'envahissent pas trop notre planète.

Entre deux accompagnements, j’aime déposer quelques mots sur la plage, quelques impressions sur la page, comme les traces laissées par quelques mères inquiètes, un père absent, un fils en souffrance, une adolescente en crise…, et puis je laisse la mer emporter dans son reflux les traces délétères toujours solubles dans l’eau salée.

Il avait peur de tout et criait sous tous les « toi », les « tu », les « Je », les « nous », les « on » …, que les prédateurs étaient lâchés et que les chiens aboient toujours quand la caravane trépasse. Que les traces se font nuit sous leur vrai jour … Pour apaiser sa paranoïa, il ne me restait qu’une chose à écrire, sur le sable fin du salon : « Au coucher des paupières, tu es l’aimé, tu es l’unique ». Alors, paisiblement, à l’horizon, le soleil pouvait se coucher.

M., cuisinier, 33ans, rêvait de se faire crucifier avec des clous de girofle sur une grande croix de cannelle. Je reconnais qu’il sentait bon la muscade et goûtait le pain d’épices, et à chaque rendez-vous, il laissait durant des jours des effluves subtils dans la pièce. Comme prescription, je lui ai plutôt conseillé de noyer son chagrin en se faisant tisane.

Quels que soient son âge, ses difficultés, son vécu, trouver coûte que coûte, quelqu’un à qui parler, à qui dire que la vie est cruelle, que l’hiver est trop blanc et les nuits bien trop noires ; parler de tout, de rien, au point qu’on se croirait parfois dans un cercle de poètes anonymes se jouant, en toute confidentialité des maux, avec des mots authentiques, brillants comme des cristaux de neige.

Sur Facebook, 420 caractères pour dire l’humanité en marche ; dire la tendresse, la souffrance ou la joie ; c’est bien peu, quand la parole et l’écriture veulent déborder la marge et se rire des silences ; se faisant avides avec le vide et tristesse au nœud des épreuves. Fierté de l’être, haine au nez du vent, amitié au fil de l’eau, jalousie, amour, quand monte la sève dans l’arbre de vie. Honte et remords, pitié et colère, déception brutale, culpabilité, admiration, peur d’être, dégoût de soi ou de l’autre.

Ancien prof de logique, N., a pour habitude de me proposer durant la séance de faire une partie d’échec. Les blancs jouent le premier coup ; il avance un pion, j’avance une idée ; il déplace une pièce, je propose une image ; le long d’une ligne il déplace le fou, je métaphore, je parabole, je conte…, j’accueille ses transferts en évitant la confrontation. Entre nous, il y a toujours de l’espace pour se dire, l’ « échec au moi » n’est jamais de la partie. Sur l'échiquier, il y a toujours deux enfants, deux gagnants les yeux tout pétillants.

Pour nourrir sa curiosité, cet homme de 50 ans lisait tout, s’alimentant de philosophie et de littérature ; se ravitaillant de bibliothèques en médiathèques, s’approvisionnant aux supers marchés de la culture, à grands frais, dans tous les domaines des sciences et techniques. Comme les revues et les journaux, toutes ses journées y passaient, sans qu’il prenne le temps de lire une seule fois entre les lignes de sa propre vie.

Pour gagner du temps, j’ai accroché au mur du cabinet une pendule à remonter les souvenirs. Souvent, il m’arrive de descendre avec eux jusqu’à la plage, pour y retrouver les traces infâmes de châteaux piétinés par des pieds abusifs. Après l’entretien, dans le bac à sable, il m’arrive souvent de ramasser quelques coquillages qui se souviennent du temps où l’enfant était une fleur fragile…

Il aurait aimé que l’on puisse le désimprégner de ces expériences heureuses aux conséquences malheureuses. Il aimait trop caresser le velours des mots, les belles images et les belles choses … ; tout « ça » disait-il, lui venait de l’enfance ; pas sous forme de traumatisme, mais de souvenirs délectables, comme le contact de l’eau tiède aux limites du feu. Frisant l’interdit avec ses doigts de fée ; cette compulsion ne s’arrêtant pas là, il voulait arrêter.

Cette jeune fille entrait dans mon cabinet en passant platement par la boîte aux lettres. Depuis quelques années elle refusait de s’alimenter en raison de certains conflits familiaux ; elle me parlait de l’éveil de ses pulsions, de ses craintes d’être abandonné comme un paquet à la poste, de sa nostalgie d’un passé innocent ; ayant été jusqu’à coller un timbre sur sa voix pour que j’oblitère à coup de cachets ce qu’elle me racontait.

Après plusieurs tentatives, cet huissier de justice a de nouveau essayé de mettre fin à sa vie à coup de sommation, citations, ultimatum, rappels et autre contentieux. Heureusement, il aime la vie et ses jours ne sont pas en danger ; seules ses nuits m’inquiètent ! Ses rêves sont toujours peuplés de sans domicile,de squatters d’habitations hantées, et de fantômes de chômeurs zombiesques,revenants pointer toutes les nuits dans son bureau.

Qui sont ces femmes et ces hommes qui viennent pour la première fois s’assoir en vis-à-vis avec confiance ou défiance ? Entre nous, pas de bureau, mais la mer avec ses vagues à l’âme, ses flux et reflux d’émotions …, il y a en chacune, en chacun, des horizons illimités à 360° de bonheur, des galions entiers aux trésors cachés, des îles où il fait bon vivre, quelque chose d’infini et d’unique au point que la pièce semble vide sans eux.

(…)




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