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CHEVAL DE TRAIT
prose [ ]
L’enfant rêve-t-il de poésie ou le poète rêve-t-il de l’enfant ? Qui sait ce que les rêves distillent au creux de la nuit.

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par [Reumond ]

2009-09-14  |     | 





« À Cheval sur mon stylo, quand la plume fait dodo, que les fées volent trop haut et … » chante la maman, à l’enfant qui dans sa couette de duvet d’angelots s’endort au fil de la lecture.
Paisiblement, tranquillement, doucement …, les adverbes et les adjectifs « font trois p’tits tours et puis s’en vont » comme les images s’envolent dans le regard émerveillé du poète qu’il sera demain ; le cheval doudou bleu à la main, couché sur sa poitrine, contre sa lèvre du bas, le cœur au chaud, rassuré par tant de présence et par ce chant du chœur des bons jours qui courent nus après des rêves de satins. L’enfant rêve-t-il de poésie ou le poète rêve-t-il de l’enfant ? Qui sait ce que les rêves distillent au creux de la nuit.
De sa plus belle écriture, tel un cheval aux chants des mots, il calligraphie ; trop seul au creux vide des sillons, selon les crues de l’encre et de l’inspiration, il avance de traits en formes modulées avec art.
Il tisse des caractères d’une écriture labourée, de termes célestes et d’expressions terreuses, formées selon cet art nommé « poésie », au gré des vents, des vagues et des fantaisies du corps ou de l’âme, le poète se fait ainsi cheval de trait.
Hébraïque, chinoise, arabe, gothique … L’écriture se taille entre ses mains des crayons gros comme des nuages, pour saupoudrer, point par point, le bleu d’un ciel moucheté, et s’appliquer d’une main gauche à écrire comme le temps, des frondaisons vertes et des soleils rouge sang sur le front d’un espace enceint de nébuleuses.
À bien former sa courbe aux traits gras des terres sillonnées, il fait de la calligraphe, le cheval de trait, des poèmes qui goutent la glèbe et gouttent comme la pluie, sur les pages endormies pour réveiller l’aurore.
Dans les champs sémantiques, sillons après sillon, il tire des traits, traces indélébiles des mots dans la glaise luisante, saillances sur le roc froid ou creusées dans le limon des regards éveillés, comme soc de charrue, à la pointe des porteplumes.
Cheval de feu, il sait se faire araire dès le petit matin et travaille parfois assez tard dans la nuit des cultures, entre les choux où lèvent les enfants et la rose trémière qui pousse dans les chairs des jeunes filles, quand torture et culture se riment à lui rompre les nerfs. Oui, du soir au matin, il tire charrettes de vers à semer des liens et des métaphores au bord de tous les chemins.
Vaillant petit cheval, il sait aussi cultiver l’amour des hommes et les mots des poètes, philanthrope c’est un cheval précieux pour colporter l’espoir, l’amour, la révolte, la justice et la vérité … à forcer les barrages, sauter les obstacles à plein hennissement, à ruer, à crier GUERNICA ! Avec le zèle du poète et le même élan que le cheval.
Un peu picador il ne pique jamais à tort, il aime trop à aimer, le Monde, comme un cheval aspire à courir la prairie, trottant sans fin sur les douces collines et les falaises abruptes du réel.
Comme l’hongre, mi-écrivain, mi-bête hybride, cheval fourbu à crinière d’artiste, plus petit que Dieu, mais plus grand que l’âne, il est le baudet des bons et des beaux mots, des gros mots aussi à la fine pointe du langage et l’étalon parfois des grands écrivains. Cheval domestiqué par les académies diverses et nobles, il est lui-même le serviteur des mots, des moches, des pauvres et des opprimés. Il serait même « La plus noble conquête que la littérature » peut-on lire en gras et en italique au fronton des champs de blé.
Ce cheval a belle allure dans sa robe de prose, à la fringale des mots il préfère de fringantes épopées, au pas ou au galop, ventre à terre ou nez en l’air, dans les étoiles, il caracole d’école en école, s’ébroue, et va de tous poils, galope de cercles en maison, coure s’ébrouer partout où la parole se dit, se cabre pour voir plus loin, plus vrai, l’absolu dans l’horizon, et sur la langue des sons à charmer l’auditoire, comme chant de sirène sur la grève des pages.
Parfois centaure, parfois licorne ou maudit, il est l’animal fabuleux à corps de lettres qui trace ses chemins dans les livres d’école. Le dit-on dadaïste, surréaliste, fantastique … il est simplement, entre la nature et le surnaturel, il déploie ses ailes à sa propre magie des mots. Chevalier dans des tournois impossibles, il peut même y écrire au fer à cheval, chauffé à blanc sur des rétines bouillantes de contemplation.
Tel l’hippogriffe s’élance pour écrire sur des parchemins à Cieux ouverts, il sait jouer aux petits chevaux et atteler les mots les uns aux autres, aux jeux de mots, d’échec en échec et parfois de réussites, au hasard des croisées où les pions sont des tours, des reines et des petits soldats.
Abracadabra le tour est joué, à tour de mots fleurs, il est le jardinier, le magicien, l’illusionniste, là où l’hébreu kabbale et le latin caballus prétendent l’un et l’autre communiquer avec les vivants et les morts, le Ciel et la terre, les fées et les démons …, il est le médiateur, le cheval sauvage, l’indomptable indompté, le mustang fou des muses folles pour se faire destrier aux confins des aventures les plus incroyables qui soient, tel un griffon, avec grands hennissements et rythme.
Les naseaux en éveil, à cultiver les images sur des crottins féconds et des fumiers qui sentent bon la campagne et l’infini, il est parfois passif, poussif, parfois cagneux à grands coups de mots, de croupe et de sabot.
« À Cheval sur mon stylo, quand la plume fait dodo, que les fées volent trop haut et … » chante le vent dans les plis de la vague, alors que roucoulent les vagues dans les saillies du vent à l’enfant sur la plage qui tourne la page dans son lit de sable d’or.
Calmement, placidement, finement, finalement…, les adverbes et les adjectifs pour nous plaire « font la cour et puis s’en vont » comme les mots s’envolent et que les images restent dans les regards émerveillés.
L’enfant rêve-t-il de cheval, le cheval rêve-t-il d’océan ou le poète rêvent-il de l’enfant de sel qui a du varech dans les mains et des coquillages à la place des yeux ?
Qui sait ce que les vagues distillent au creux de la mer.

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