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agonia Textes Recommandés
■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-02-17 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt
Ce sont les bégonias clairs
couleur de fruits, couleur de chair, couleur de coquillages pâles. Bégonias aux lourds pétales couleur de perles et d’opales - couleur des fleurs aussi qui moururent hier - Ce sont les bégonias pâles. Bégonias si grands ouverts sentez-vous les doigts de l’hiver menacer votre cœur ouvert? Et vous dont la pourpre est si vive, bégonias couleur de sang couleur du soleil qui descend vers la mer qu’une houle avive - Bégonias éblouissants qui parlez de gloire et de sang au bout de tiges mutilées, sentez-vous tout ce que l’on sent quand le vent, le brouillard, la pluie ou la gelée se glissent le long des allées? Ciseaux du jardinier… que n’ont-ils fait déjà ! Tiges molles qu’on déchargea d’une orgueilleuse fleur fanée… C’est bien fini pour cette année. Vos haillons de velours se dispersent déjà . Sur vos têtes découronnées un nom, barbare un peu, dira que vous étiez de cette pâleur fine ou de ce rouge altier que les soirs d’automne exagèrent. Bégonias d’âme étrangère, fleurs de luxe, fleurs qu’on aima comme on aime d’autres climats dans l’air un peu trouble des serres – Fleurs des jardins aux grilles d’or, voici l’heure, l’heure où l’on dort au fond des grands palais de verre. C’est l’heure des graines qu’on serre, des bulbes roses et velus gardant, de fleurs qui ne sont plus, le germe frêle sous la terre. Fleurs trop doubles; fleurs sans parfum, sans arôme léger, aucun, mais d’une beauté de mystère, feuillages verts, feuillages bruns, rameaux de corail un à un, couchés dans les massifs défunts, c’est l’heure des prisons de verre. Dormez. Le vent souffle dehors et tant de beaux rêves sont morts d’une mort sans réveil possible! Cœurs tendres ou cœurs impassibles, j’aime vous savoir endormis dans le terreau fin des semis cependant que le long des vitres impassibles le vent qui souffre, le vent fou emporte des haillons là -bas, je ne sais où… (In "Les Poèmes de Sabine Sicaud", Paris, Stock, 1958)
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