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Le chant des sirènes
poèmes [ ]

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par [gui ]

2006-02-24  |     | 



Capitaine d'un voilier dessouché de son mât
Par des intempéries voraces et féroces
Sournoises
Le piteux rafiot fonce dans l'estuaire
Se perd dans la mer houleuse
Le vieux radeau décrépit
Coule lentement
À pic

Soudain des voix surgissent
Au loin d'une île voilée de brouillard
Étrange musique qui secoue le capitaine moribond
Mi noyé mi mort sur l'épave
À demi inconscient à demi vivant
Le capitaine ouvre un œoeil
Se gratte les deux oreilles
Et se croise les dix doigts

J'entends ce cantique sublime et superbe
Je l'entends clairement
Haut et fort
Moi qui gis inerte sur ce grabat flottant
J'entends ce chant doux et mielleux
Mil voix de colombes et de rossignols
Caressent mes oreilles de leurs ailes soyeuses
J'entends ce bruissement musical envoûtant
Charmer mon ouïe tout rouillée
J'entends la mélopée des sirènes
Mil fados résonnent dans ma tête
Et je déraisonne sous cette kyrielle de sons
Qui sonnent
J'entends cette aria petite musique de nuit
Musique de chambre
Violoncelle et hautbois

Capitaine d'un vaisseau fantôme
J'entends clairement l'antienne des sirènes
Moi mi-zombie mi-cadavre
J'entends leurs voix-sangsues sensuelles
Mil cordages mil amarres vers leurs corsages
J'accoste sur les rives de l'île enchantée
Et me laisse glisser sur le rivage
À l'assaut du ravage de leurs baisers
Au lasso de leurs étreintes
Ô las au carnage de leurs assiduités
Je refuse d'ouvrir un oeœil
De me gratter les deux oreilles
Et de me croiser les dix doigts
J'abandonne totalement ma destinée
Aux mains des nymphes musiciennes
Aux appâts de leurs charmes

J'entends ce cantique sublime et superbe
Le chant des sirènes
Haut et fort
Hélas ! Je n'entends plus ce doux refrain :
Les battements de mon coeur

(À Homère et à Walt Whitman)

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