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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2020-02-17 | | Inscrit à la bibliotèque par Guy Rancourt J’étouffe dans un jardin ; Des bouquets Lâchement faits Et noués de rubans M’écoeurent et m’enfièvrent. Jardins clos Sans vrai ciel, ni horizon ; Ciel de papier, Mur de papier. Ô fleurs des rideaux Et de la tapisserie, Laissez-moi donc dormir ! J’irai dire mon ennui à ma mère ; Comme autrefois, Mon oreiller sur le dos J’allais me coucher dans son lit, J’irai la trouver Avec ma blessure en croupe, Et elle me dira : « Que portes-tu là ? C’est trop lourd pour toi, Viens te coucher Et pose ça là ! » Mon cauchemar N’est donc pas guérissable, Que ma mère et mon père réunis N’y peuvent rien ! J’étouffe dans mon jardin de fièvre, Et des Lilliputiens Se tenant la main Dansent, tout légers, Sur ma poitrine. J’aime les sentir danser Légèrement, Sur la fleur pourpre Tout étendue De mon cœur. (Anne Hébert, Les songes en équilibre, 1942)
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