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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2015-10-02 | | Présentation de 1979. Roland REUMOND est Liégeois d'adoption, depuis plus de dix ans. Originaire du Calvados, il semble avoir conservé de son pays natal, la nostalgie de la " douceur des pommes sûres ", si chères à Rimbaud . Et l'amour, enraciné de la Mer . Roland Reumont - que je regrette de mal connaître, apparaît comme un " cas ". Poète, essayiste, artiste-peindre- graphiste, créateur de musique électronique, la vie entière de cet homme de 34 ans ( " encore " jeune, mais plus tout jeunet , si l'on voit ce que parler veut dire ? ),répond de sa sincérité . C'est un inquiet, en paroles, mais davantage en actions et en ré-actions. Chose rare, à notre époque pourrissante, c'est donc un vivant ! À ce seul titre, il mérite toute notre attention sinon notre respect. Il cherche visiblement à choquer ou à provoquer, en s'astreignant, par-là , à un néo conformisme peut-être encore plus sclérosé que celui qu'il prétend abolir. Chez cet artiste, pourtant, le goût de l'exhibitionnisme ne semble pas un jeu gratuit, au rebours de trop nombreux bipèdes avachis et hirsutes qui portent, à trois pas devant eux, leur zizi monté en ostensoir-soleil, parce qu'ils n'ont rien d'autre à proposer, Reumond - s'il sacrifie à un snobisme déjà largement dépassé - ne vient pas à nous le cœur vide, ni le cerveau délavé . C'est un vrai Poète, un visionnaire. La lecture, seule, du recueil " EMBRUN " n'amènera pas forcément le liseur à partager ce point de vue, d'entrée de jeu . Le propos de ce texte est d'esquisser une psychanalyse des origines de la vie sexuelle. Encore qu'on ne distingue pas clairement le rapport obligé entre la Poésie et la psychanalyse, on veut bien l'admettre , à priori . Fallait-il, pour autant, nous embarbouiller de sperme, d'anus, de verges érigées, de vagins baveux et de menstrues, jusqu'à la nausée ? On se le demande ! L'érotisme nous paraît postuler une tout autre élégance et même - ne riez pas ! -une certaine pudeur. Faire remonter les origines de la vie ( sexuelle ou autre ) au mystère de la Mer est logique, orthodoxe et vachement conformiste, pour tout dire, mon cher Reumond. Vous vous donnez, par ailleurs, la coquetterie d'orthographier "La Mèr" voilà une (re)trouvaille qui nous séduit et sert votre propos. On en a découvert d'autres, qu'il n'est pas possible d'aligner céans, faute de place. Exemples : ... L’océan de mon corps se dessèche dans la nuit - … des mots qui sentent la poussière et le sel - … le bateau de mon corps sombre dans la solitude… » Il y avait là des perles à sauver, ami Reumond , des " galets-roustons " à polir . Savez-vous que vous pourriez, que vous DEVRIEZ être le chef de file d'une génération de jeunes poètes qui cherchent à quoi raccrocher leurs rêves ? L'oserez-vous ? Vous en avez incontestablement l'étoffe et le pouvoir. Léon Norgez, 1979. (...) Raz de marée à la pulpe de mon être Raz de marée jusqu'au désordre des chairs. Méchant à torturer les mots Avec mon inquiétude en gestation À ouvrir les ventres Aux nuages du désespoir Cruel à cribler vos regards De parfums de gangrènes acides Et d'évents de langage stérile. J'aime la vie J’aime l'Amour J'aime la Mèr Tumeur aux yeux bleus Aux cheveux de varech Au sein de galets Aux cuisses ensablées Aux mille muscles houleux. Qu’elle en faisande mes instincts de noyé tellement qu'elle roule son flux aux balcons de mes yeux. Que la Mèr enflammée à coups d'embrun salé Me chamarre l'anus et décharge ses mythes. En des sphères moites et bleues Elle flux et reflux Psychique et somatique Mi-embrun, mi-algues roses Mystérieuse à outrance Humide à satiété. Elle est Mère par le nom et mer Comme l'eau, par la matière. Boisson enivrante telle une semence écumeuse Une sève montante Un courant intérieur, comme une rivière de sang Ou plutôt un torrent de sens. Une vie qui coule comme un frisson Dans le lit des espaces ; Gulf Stream de mes instincts, Fleuve de mes pulsions... Et moi, je suis pêcheur de mots aux couleurs de métaphores Pêcheurs d'épaves et de pavés d’émotion salée. Je suis mousse aux mâts de l'existence Là où claquent les pavillons du temps et de l'azur. Rongé de remords Assiégé de vagues dénudées Je pense donc je suis l'embarcation du Rêve fait chair Une barque flasque Aux rameurs invisibles. Galère de galère Et mon navire navigue Et ma tête chavire Radeau de la mérule Et mon corps te cherche Mèr impénétrable Océan comme un ciel sans fin Inconnaissable Réel sans réalité Néant et chaos tout à la fois Air, terre, mer… Au large des mots creux, je te cherche Et mes mains ... nagent Errantes comme vaisseaux fantômes. Malheur aux mousses qui la cherchent La Mèr aux yeux-baleines Et aux mille ouvertures béantes Comme des horizons livrés à l’œil. Sur ses côtes mamelues, les corsaires sèchent aux vents La langue stigmatisée par le verbe fiévreux . Le sexe rubéfié par le sel-serpent et le ventre percé De trois mâts lumineux . Matelots de la Mèr ; Qui cherchez des "MOTS D'OR" et des langages de "SEL" Aux rivages inhumains de votre bestialité Sachez-le Vous êtes condamnés aux grandes quêtes sans retour Et aux grandes aventures naufragées. Je dérive à la folie, Quand hurlent les tempêtes de Mèr et je m'accroche aux mots Comme à des bouées fragiles, petit bouchon au bout d’un cordage creux. L'écume rouge des jours accélère la mort L’encre sèche au bout des rames Et les vents noduleux accablent ma voilure. L'esprit des ondes est là Déesse des mondes sous-marins mi-femme, mi-poisson, Mi-dentée, mi- palmée... Dans tes eaux, j'aime AIMER À P éblouie À B violacé À Z transmuté À N sanctifié À V médaillé À cierge béni À robinet béant Outil planté verticalement sur l’horizon Aux quatre coins du LARGE. Sous les retombées féeriques des EMBRUNS-Arc-en-ciel J'offre au vent mes os-cris blancs, comme des roustons-galets J'offre mes dents de pierre au petit poucet de la fatalité, car j'en crève de vivre. Raz de marée Flux cataractant Saccade aux étoiles (...) ROLAND REUMOND EMBRUN, recueil de 1979 - extrait Illustration http://ossiane.blog.lemonde.fr/2008/04/20/embruns/ |
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