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Poezii Românesti - Romanian Poetry

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Je me suis construite sur une colonne infinie
poèmes [ ]

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [angegab ]

2013-06-28  |     | 



la colline de la Gardiole s’oppose aux vents fous
le soleil mord dans les vignes sages, j’ai besoin de lumière, du bleu,
des cactus, des oliviers sauvages, des iris de Van Gogh,
du figuier résistant
dans les bras du mistral
ou de la tramontane.
bourdonnement millénaire au-dessus de la Via Romana,
les ventres bleus ,les locaux, reconnaissent le vent qui soufflera
selon la consistance de la mie du pain ;
le pain sec annonce le mistral, le pain humide, le vent marin
un ventre bleu est celui qui a des racines de père en fils, pirates, corsaires, pêcheurs, bergers,
cette terre a un cœur, cette terre a un pouls
entre la Méditerranée et la montagne couverte de vigne immortelle
la baleine à l’horizon –le mont Saint Clair-tombe dans la mer avec son cimetière marin légendaire
Paul Valéry, invisible, introuvable, bercé par le soleil,
,
Notre- Dame de la Salette, la chapelle des miracles, bénit le chemin
des bateaux,
plaint les marins perdus ;
l’étang de Thau de Brassens berce la barque des copains d’abord ;
il se repose pour l’éternité, selon ses vœux, dans le cimetière des pauvres, le voyage vers la rIve de l’étang de Thau.

je me reconstruis sur une colonne infinie, je suis citoyenne du monde ;
voyager c’est exister ; parfois je crois rêver ;
je sens la grande Europe pousser dans mes veines
j’ai des voisins apportés par la Méditerranée : Maurice, Rachid, Luigi, Enrique, Suleiman,
ventres bleus mélangés avec ces exilés dès les phéniciens, grecs ou romains jusqu’à nos jours.
des ères fantomatiques
Héraclès lui –même, dit la légende, est passé par là, assoiffé

a avalé étonné la sacrosainte liqueur de muscat doré, a déformé la bouteille
de vin jusqu’à la dernière goutte.
Richelieu, l’homme du roi, a détruit des cathédrales, a coupé des têtes de rebelles,
la ville des ventres bleus, appelée ainsi au temps d’une terrible
épidémie de peste qui les a décimés,
s’est étendue au-delà de l’église –forteresse Saint-Paul,
qui à la révolution a perdu son clocher-campanile,
déposé jusqu’à présent à la mairie, la maison du peuple ;
des italiens-« macaronis, ritals »- poussés par la pauvreté sont arrivés du sud de l’Italie,
ont séché mes étangs, ont crée la Peyrade, le chemin de pierres,
ont séché les lacs
ont nommé l’endroit la Pointe Courte,
les portugais-les morues-ont fui Salazar, les espagnols, la dictature de Franco,
les arabes, les harkis, les pieds noirs, installés les uns sur les autres par le Général de Gaulle,

dans la guerre incendiaire d’indépendance coloniale,
quand Camus clamait « j'ai mal à l’Algérie »
je me définis sur une colonne invisible
les Roumains se rencontrent à l’église, les protestants leur prêtent
la leur
ils s’entraident surtout pour les gâteaux (colive)aux aux enterrements,
courent en Espagne, pas très loin, acheter des choux, des condiments, des saucisses pour mititei, des brioches au pavot,

ils ont des associations, sont sur la page facebook « les roumains à montpellier », ou sur Skype
échangent des nouvelles du pays, injurient de mère et de père le gouvernement,
envoient des mandats postaux, attendent les vacances,
reviennent à la maison, emmènent les parents chez le médecin, font les zouaves en Patrol,
s’inscrivent sur une colonne de plus en plus absente,
au fur et à mesure que leurs enfants ont oublié
la douce langue roumaine qu’ils ne sauront peut-être jamais
ubi bene ubi patria
il n’y a pas d’équivalent pour ce « dor » ou état de langueur.






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