Je ne t'aime pas comme tu es
Je t'aime selon l'immense silence du désert
Le désert qui dit le manque
Le manque que pagine la mémoire en ton absence
Ma mémoire
Ma pauvre et geignarde mémoire

Je ne t'aime pas comme tu es
Je t'aime parce que sur les palmiers ruisselants quand il pleut
Tes seins racontent la fraîcheur maternelle de la terre
Je t'aime à condition que tu sois ailleurs
Transparente comme la timidité
Vagabonde comme les vagues vacillantes de l'écumante nudité
Vaine comme un doigt planté vers le mystère

C'est l'âme qui s'éloigne
Comme si ton amour agitait dans de l'enfantillage et de la fumée sur les côtes de l'espoir
La pensée qui ne renvoie qu'à toi

Où je vais ton visage

C'est l'âme qui s'éloigne
Comme si ton amour occupait l'horizon des routes
Comme si ton amour occupait les esprits qui dorment
Tes yeux sont désormais la soif
Tes yeux sont désormais les haies
Tes yeux me capturent comme l'épanouissement d'un vide
Je ne t'aime pas comme tu es
Je t'aime comme un poète absorbé par sa splendide inquiétude
Absorbé par son fastidieux vertige où s'attise la dégradation des moeurs
Par son oubli sa ridicule ivresse fugitive
Son abandon bref qui brait
Son récit mâché pour les oreilles ouvertes