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feuilles sur le pavé
poèmes [ ]
(pluies chaudes – yams de six)

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
par [Salvamaria ]

2009-09-09  |   

Literary Translation - Translations of classic and original poetry and other materials %Ce texte est une suite  | 



le dernier sentier
devant le premier sentier
paradoxal – abyssal – fatal

les pluies d’automne pleurent
l’histoire des feuilles sur le pavé
elles parlaient toutes en même temps
les jumeaux
le mensonge et la peur
ne naitront jamais le bonheur

la voie vers le bonheur passe par la souffrance
la voie vers la vérité traverse le bonheur
tombent des pierres vers le monastère

un tonnerre prolongé et tout d’un coup le rêve s’arrête dans l’escalier de la porte fermée
des pas des voix ton rire me firent écouter
on dirait qu’ils sont pressés craignant que la fête soit terminée sans en avoir dit assez
aujourd’hui ce qu’il me reste... voilà c’est tout
moi je dis qu'il reste encore quelque chose
il a fait très beau entre nous deux
je pensais au lever du soleil
et toi à la maison couverte de lierre
le parapluie bleu se détacha du groupe et descendit une seule marche
il a fait très beau entre nous deux as-tu répété en me rendant plus curieux
il y avaient quelques passages nouveaux
il est comme ça il aime improviser

un tonnerre prolongé ponna veut que je la prenne dans mes bras elle n’aime pas les tonnerres
dorra se niche près de la bûche
doruta monte sur le bateau et s’assoit sous l’étagère plein de manuscrits
un signal du cellulaire une rafale de pluie fouette la fenêtre entrouverte
les tasses de café se rangent seules dans une tour sous le torrent d’eau
on entend le tonnerre longuement gronder alexis me fait signe qu’il va s’en aller
je prends une petite gorgée de café remmy vole et se pose sur l’épaule du mannequin
les grands ciseaux découpent l’œil qui voit tout
entre moi et le rêve il n’y a plus rien
l’aboiement de ponna se fait attendre
des bottillons rouges cassent les perles de verre

à la pyramide quelque chose se passe
de grandes feuilles de petites feuilles des nervures et des paniers pleins de débris
dans les dernières gouttes de pluie la toupie heurte le dé
des coups au bord du plateau et enfin le silence
je ferme les yeux et je vois quelques mouvements de la revanche
les verbes cherchent seuls parmi leurs propres mots
l’hélicoptère survole l’écluse
aux croisements de chemins c’est la confusion
le même tonnerre prolongé

une journée calme qui débute un peu avant que le soleil se lève est menée jusqu’au sentier de la lune
derrière la maison les pruniers les noisetiers les cognassiers lourds de gros fruits
sur la table les dés tombés par hasard en combiné yams de six
je dessine la portée et je te laisse écrire les notes
un désastre se pose bientôt sur les parallèles
un tonnerre prolongé et pour une troisième fois la pluie recommence
au-delà du hasard la ligne bleue de la mer
la paix de petites vagues aucune tare
quelque part un transfuge

je découpe jusqu’à ce que de la photo il ne reste que le signe d’exclamation
un tonnerre prolongé de petites vagues
sur la plage une charrue derrière elle une longue boucharde
si longue que je n’arrive pas à attraper le dernier souvenir par un seul regard
la chanson et l’aboiement me coulent sur le dos
la lune a disparu derrière un nuage
en face du mannequin une grue cendrée une ganse attachée au parapluie
tu t’es pressée et tu as pris la fuite
aujourd’hui il pleut comme il n’a pas plu de tout l’été
comme une invitation sur le bateau
je prends les rames et je monte seul dans la barque
les tasses de café rangées par-dessus les manuscrits brillent comme les pierres nacrées d’anne
demain c’est sa fête derrière le miroir le petit chiot qu'elle a crocheté aboie avec Ponna vers le matou picasso
sur l’escalier la balançoire de la soirée
toi avec un cigare
et une fleur jaune de trèfle
vous êtes échoués au bord d’un jeudi – soir

le soir lorsque la lune est encore la reine après les pluies et le vent
et quand ton escalier est grand comme tout un monde dans une pensée
la guitare près de toi tu regardes dans le vide
et ensemble nous prenons une petite gorgée de la coupe pleine de vie jetée dans la roulade du temps

de longues ombres courent dans la nuit la portée est blanche
des notes gaies et étrangères et mon rêve chaud
le lierre a amassé sur les murs une volée de grues cendrées
en errant dans le souvenir aujourd’hui et d’un temps à autre hier et quelques fois le lendemain





Constanța, le 8 septembre 2009
(Nativité de la Sainte Vierge Marie)

............................

d'après frunze pe caldarâm (ploi calde - yames de şase), de Ioan-Mircea Popovici


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