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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2006-07-13 | |
Même si cela n'a pas peut-être pas d'intéret pour un autre que moi, je voudrais profiter de l'espace de liberté qu'offre Agonia pour commencer une discussion sur les fondements de l'ecriture poetique.
Durant mon adolescence, je lisais beaucoup, et en tirais un vif plaisir mais qui n'était que celui du divertissement. A 15 ans, j'ai découvert HP Lovecraft et la puissance d'invocation des mots, capables de dévoiler en quelques lignes la béance du ciel et les profondeurs abyssales du temps et de l'espace. J'ai alors commencé à écrire, pour entrenir l'écho de cette angoisse existencielle qui résonnait si profondément en moi, et j'ai cherché les auteurs qui gravitaient autour de Lovecraft. Son admiration pour Poe me mena à Mallarmé et Baudelaire (je ne lis, depuis, que des poètes) A 17 ans, comme tous les lycéens de France, j'ai passé deux heures par semaine à écouter, puis à converser avec mon professeur de philosophie. Par la remise en cause de concepts qui n'étaient que des préjugés, mon esprit s'est trouvé mis à nu et, peu à peu révélée à moi-même, ma voix s'est faite plus personnelle. J'ai appris à dire 'Je.' Dans le même temps, redécouvrant dans des textes d'auteurs connus des images et des métaphores que je pensais - immodestement - avoir créés, je me suis mis à croire à la valeur littéraire de mes 'poèmes'. Après mon bac., j'ai poursuivi mes études en classes prépa. scientifiques (maths.sup/spé). Ingurgiter des mathématiques à haute dose oblige à s'interroger sur le sens même des mathématiques et j'ai soudain compris une chose essentielle que je n'avais qu'effleurée en philosophie et même dans mes lectures poétiques : la nature essentiellement conceptuelle de notre rapport au monde. Les objets du monde réel ne sont pour nous qu'une somme d'attributs percus, que nous nommons par rapprochement avec les mots-concepts (somme d'attributs prédéfinie) que nous fournit le langage. La fleur est bien l'absente de tout bouquet... et, comme le dit Rimbaud dans la Saison en Enfer, nous ne sommes pas au monde. Pourquoi donc écrire des poèmes ? je crois que j'écris pour creuser dans l'épaisseur du langage un espace de liberté pour ma voix propre, m'approprier les mots de mon rapport au monde qui, même s'il n'est pas plus réel qu'un autre (car nous sommes coupés du monde et irrémédiablement seuls), me permet, en creux, de susciter la présence du monde en moi. Se confronter au réel, dans ce qu'il a de plus vrai et de plus absolu pour nous (son absence, comme un germe de mort qui fait son oeuvre, inexorablement), et chercher les signes de sa présence (dans les feuilles froissées par le vent ou dans le regard d'une passante) : voila ce que je pense être la Poésie.
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