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Qui sauve un homme sauve l'humanité...
personnelles [ ]

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par [syriuseyes ]

2016-02-17  |     | 



Un autre jour se lève sur cette terre, baignée de cette rare lumière que ne perçoivent que les survivants. Comme au sortir d'un cauchemar, lorsqu'on se rend compte de l'irréalité de nos peurs, quand on s'aperçoit de la pure beauté du réel, sans artifices ni réflexions. Juste une sensation, juste un souffle, un éveil momentané sur la possibilité du jour.

Béatrice regarde l'horizon, perdue dans sa plénitude et son soulagement. Comme des milliards d'autres, elle a échappé à la mort grâce à la détermination d'un seul semble-t-il...
C'était un matin quelconque, les enfants jouaient dans l'école d'en face et Béatrice se préparait à partir travailler quand elle fut soudain prise de vertiges. Elle ouvrit les yeux à l'hôpital, couchée sur un brancard dans un couloir. Oubliée dans la cohue, abasourdie par les cris et les pleurs des gens autour d'elle, le flou que lui rendait sa vision masquait à peine le sang des enfants que tenaient dans leurs bras des parents désespérés. D'autres vociféraient pendant que les médecins désemparés priaient tous les dieux du monde de leur venir en aide. Une pandémie mondiale s'était déclarée et le nombre de mort atteignait déjà le milliard. La télévision qui braillait dans l'une des chambres adjacentes parlait de la disparition prochaine de l'humanité. Les hommes de foi priaient, les penseurs pensaient, les pleureurs pleuraient, les philosophes philosophaient. Qu'allait donc laisser l'homme et à qui?

Tous ces livres que personne ne lirait plus, toutes ces œuvres et personne pour les contempler. Toutes ces vies qui se croyaient importantes et ne trouvaient leur but que dans le plaisir ou dans la transmission du savoir, dans l'amour donné et dans tant d'autres quêtes. Toutes ces vies seraient rendues à la vanité, au vide de l'espace. Peut-être une autre espèce intelligente d'ici ou d'ailleurs retrouverait nos restes comme on admire un coprolithe de lézard datant de l'éocène, comme on s'étonne devant l’actualité des tablettes cunéiformes et la beauté intemporelle des mythes de Gilgamesh.

Dans son délire Béatrice pensait à son père Antoine qui philosophait souvent sur l'essence de la vie. Elle pensait à toutes ces discussions qu'elle avait eu avec lui, à ce qu'il répétait si souvent. Le plus important à ses yeux était ses enfants qui portaient en eux la force et la fierté de leur famille. Qu'il fallait apprécier cette liberté de choisir! Régulièrement son père faisait allusion avec fierté au choix de son arrière-arrière-arrière grand père qui avait refusé d’assassiner lorsqu’on lui avait signifié de le faire. On avait tenté de le convaincre de la justification de la cause, de la valeur d’être un atout prêt à tout, on avait vanté les martyres passés, on l’avait menacé du courroux divin et pour finir on l’avait rabroué, traité de traitre et de lâche. Mais il avait su garder sa foi en la vie et avait fui devant la pression et la menace. C’est sur cette dernière pensée que Béatrice sombra dans un coma profond.

Lorsqu’elle ouvrit un œil, la radio passait la chanson Karma du groupe Eagle of Death, et comme si ce morceau lui avait révélé une vérité, comme si son cerveau avait travaillé pendant son sommeil, la solution apparut d’elle-même au docteur Théodora. C’est ainsi que le vaccin à ce fléau fut trouvé. Un seul Homme avait fait la différence, un seul Homme sauva l’humanité, son histoire, son devenir et sa raison d’être.

Pour la petite histoire, le docteur Théodora n’était qu’un humain comme tant d’autres, guidé par ses ainés, ses rencontres et les aléas de la vie. Son père était mort d’une maladie grave lorsqu’elle était enfant, cela avait stimulé son envie d’être médecin. La passion pour ce métier ainsi qu’un premier flirt avec un dénommé Arthur l’avait emmenée plus particulièrement vers la virologie. Le père de Théodora se prénommait quant à lui Clément. Un instituteur aimé qui avait su guider bien des esprits, dont sa fille, vers l’amour de la connaissance et par ce biais vers la connaissance de soi et le respect de l’autre. Il aimait à dire que plus sa connaissance du monde augmentait plus il était capable d’en admirer la beauté et d’en apprécier d’autant plus la vie et ses mystères. Clément était fils de Lydie, une violoncelliste dont la douceur de l’archet soignait les cœurs tristes, elle-même fille d’Angelina, rêveuse parmi les étoiles puis astronome réputée sur la théorie de l’énergie noire, fille elle-même de Noah passionné de musique aimé de tous, fils de tel et untel, etc.. Fils et filles de l’Homme.

Bref il avait fallu bien des vies pour qu’enfin naisse Théodora, bien des âmes pour qu’ainsi l’humanité continue à se forger un devenir, que toutes ces vies passées ne soient pas vaines et que la vanité cède à l’espoir.

Si vous avez lu le début de cette histoire, c’est ainsi que Béatrice fut sauvée. Si vous avez cru à cette histoire sachez que c’est ainsi que cela aurait pu se passer. Car cette chère docteur Théodora n’existera pas, ni ce merveilleux père et instituteur qu’était Clément avant elle, encore moins Lydie la belle apaiseuse ni Angelina la rêveuse. De même Béatrice et Antoine le philosophe ne verront jamais le jour.

L’arrière-arrière-arrière grand père de la présumée Béatrice ne refusa pas de tuer. Il se fit exploser emportant avec lui bon nombre d’âmes. Parmi eux se trouvait Noah et avec lui et avec toutes les victimes, toutes une descendance, une infinité de possible disparaissait. Et le monde s’en trouva changé ! Les rires et les larmes feront maintenant place au silence des saules. La vanité de l’humanité ne sera plus qu’un écho dans l’univers.

Un autre jour se lève sur cette terre, baignée de cette rare lumière que ne perçoivent que les survivants. Comme au sortir d’un cauchemar, lorsqu’on se rend compte de la réalité de nos peurs, lorsqu’on s’aperçoit de la pire laideur du réel, sans artifice ni réflexion. Juste une sensation, juste un souffle, un éveil momentané sur les impossibilités de l’obscurité.

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