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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2010-10-18 | |
Djamal Mahmoud est un poète original qui utilise une langue
d’étincelles avec une vision humaine qui se nourrit de la magie de la nature. Dans chaque poème, l’auteur, d’origine arabe, superpose un second poème qui n’est autre que celui de la langue. Toute sa poésie trahit une énergie créatrice contagieuse. Sa poésie puise sa valeur, sa puissance et sa richesse de l’intérieur de son âme. Djamal Mahmoud atteste du point de vue sociologique et historique une voix qui se suffit à elle-même. Il chante les pierres, le sable, le désert car il les porte en lui. Son désert à lui „le berger de pierres”, conserve la profondeur et la sensibilité de la création actuelle. Le poète s’interroge d’un poète à l’autre (Gibran, Khayam, Tagore...) pour retrouver le fil qui nous conduit vers l’individu avant la société , la création avant l’histoire, la poésie avant le thème poétique. Le poète manifeste une voix singulière, la sienne, qui n’obéit qu’à sa propre nécessité interne, loin de toute imitation, de toute répétition ou appartenance à l’expression commune. „Que l’homme soit une pierre”! Cette phrase de Tamîn ibn Muqbil est l’une des clefs essentielles de la compréhension de la poésie préislamique. C’est le repère qui nous permet de voir sa topologie spirituelle et ses extensions. Elle signifie que la vie, pour l’esprit arabe, est fragile, facile à briser- la vie est un „vêtement d’emprunt”,”corrompu par la mort”,qui „circule dans l’âme”,comme le „soleil circule dans le ciel”. L’Homme est otage de l’usure aussi vrai que la tombe est ”la demeure” de l’homme et de la vérité. Il éprouve donc un certain malheur de vivre, car quelle joie peut éprouver „un vivant avançant vers sa mort ? ”. Positivement, sa poésie exprime le désir de vaincre, la fragilité et la mort. Djamal Mahmoud écrit sur l’absurdité du monde . Plus il réfléchit, plus il mesure l’étendue de l’abîme qui l’en sépare. L’auteur a une certaine soif de perfection qu’il ne peut atteindre que par la poésie. Il sent qu’il partage avec les 70 choses une existence qu’il ne vit que momentanément. Il éprouve la souffrance mais il ne s’avoue jamais vaincu. Le poète vit en dehors de lui et en dehors du monde : triste , isolé ,il attend ,il s’ennuie, risque, espère triompher du temps, de la mort et du changement. Il espère devenir pierre. Cette poésie dramatique est en quête d’issues ou d’échappatoires. Il n’est pas mû par un mouvement religieux vers le divin. Il reste suspendu au sol, quêtant à travers la poésie une élévation d’un autre genre, une espèce de hauteur terrestre. Il demeure fidèle à la terre, à la mère, à la femme, au désert, au sable,aux pierres, à tout ce qui revêt pour lui la signification du dehors. Les lieux choisis sont ou attractifs ou angoissants.De ces lieux viennent toutes les chutes. Ces lieux avec le vent, le sable, sont circulaires, labyrinthiques cet espace- là où tout est perte et confusion, errance. Ce lieu est l’endroit d’où à l’abri on observe avec regret la dissolution et la destruction des éléments. Le poète voit la vie solitaire comme le meilleur des compagnons. Mais le poète parle beaucoup du plaisir du corps, offre une joie de possession et de perfection qui permet au poète de goûter au paradis terrestre. La femme est oasis, eau, beauté entière, symbole de la fertilité et de la sécurité, de ce qui crée et ressuscite, de ce qui demeure haut et sublime.Lorsqu’il possède la femme, il sent qu’il domine la nature elle-même. Pour le poète la femme recèle une force qui influe sur le corps et l’esprit. On peut penser à un triomphe de la femme sur l’homme. En s’approchant de l’amour charnel,le poète connaît une telle transformation qu’il pense, lui, né de la femme, la créer à son tour. Le poète nous introduit dans une dialectique du plaisir et de la douleur, placée entre renoncement et la possession, entre la joie et le regret. Le temps de l’amoureux n’est pas le temps ordinaire. Nul amour n’existe sans la mort et sans la douleur. Sa poésie est un témoignage, sans aucune intention de changer le monde, de le dépasser ou de le recréer différemment. 71 Il s’entretient avec le réel, le décrit, témoigne pour lui. Il aime l’univers qui l’entoure et tente rarement de voir dans le réel son au-delà. Son regard est simple, clair, limpide. L’univers est un miroir de ses expériences. Le poète dissémine tout au long de ce recueil, ses instants de vie et souvent ses vers émanent d’une âme rebelle. Djamal Mahmoud suit le sentier de l’émotion avec finesse, emporté par un sentiment qui ne cesse de se transformer. Avec les mots , le poète devient le peintre inspiré de l’espace – labyrinthe - désert. Ce sont des faits et des pensées au ralenti ,mais d’une monotonie”extraordinaire”. Il refuse une existence limitée par l’attente. Angela Nache Mamier |
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