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Le mot et l’origine
essai [ ]

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par [metanoia ]

2018-07-13  |     | 





C’est la grandeur du murmure qui fait la grandeur du mot, de la révélation, de la voix et du secret.


« Je sais, j’ai vu, la vie remonte vers ses sources, le foudre ramasse ses outils dans les carrières désertées, – Le pollen jaune des pins s’assemble aux angles des terrasses... » Dans ces vers de Saint-John Perse, la vie remonte vers ses sources comme un mot, un rêve, comme le silence, comme la source elle-même. Tout remonte vers la source quand le mystère déplie et suit la voix, la voix facettée par la vie. Le mystère ce n’est pas ce qui se noie dans la distance ou dans l’oubli. Il est ce qui refait surface, subitement et après un long oubli, pour dire au mot la vie, la vérité d’une autre voix. Il est cet acte violent de dévoilement qui doit mettre le mot dans son propre secret. Est secret ce qui donne à l’apparence une autre promesse, ce qui révèle au mot son attente. Suffit-il d’écrire un mot pour être une voix ? Suffit-il d’être une voix pour être une vie, un mystère, la vie qui tente le mystère, le mystère qui tente la voix ? Écrire un mot c’est lui confier un secret d’une vie. Confier le secret de la vie c’est confier une voix, une murmure, une confidence. Il ne suffit bien en-tendu pas d’écrire un mot pour qu’il soit voix, il ne suffit pas non plus de confier au mot un secret de la vie pour qu’il soit une vie : la magie de la confidence doit être plus grande que le secret lui-même, plus grande que la vie. La confidence est plus grande que le secret quand la vie sent qu’elle est plus fertile que le mot, et que cette fertilité se nomme distance.

C’est la grandeur du murmure qui fait la grandeur du mot, de la révélation, de la voix et du secret. Le mot destiné à un poème comme un trait destiné à un tableau, comme un regard conçu pour une interprétation, comme un ton somptueux conçu pour une harmonique, comme une lumière saisie dans la fuite du temps ou tissée pour un regard, le mot doit voyager dans la confidence avec un objet de ce monde, avec une part de la matière plus grande que le mot, que la vie, avec la matière qui n’est que matière. Le mot et la vie ont besoin de cette matière qui les dépasse dans le secret et dans la confidence. Il en faut de toutes les matières, à l’exception de celles qui respirent ou qui saignent, il faut des objets, rien que des objets, lourds ou légers, précieux ou dérisoires : un débris de bois, un grain de sable, une poignée de sel, un filon de corail, des pépites d’or, des paillons de cristal... Dans le mot il faut une nature pure d’un objet entier, une pureté entière d’une matière objet.

Le mot doit aller à l’origine de la matière pour sentir une confidence libre de son secret, pour être quelque chose d’autre qu’un mot, pour une confidence libre de ce que le mot confie à la vie. Ici peut-être le mot trouvera dans sa voix même une étrangeté comme celle dite par tant de poètes. L’étrangeté d’un mot ce n’est pas quand il perd sa voix mais quand sa voix étouffe l’origine où se trouve le secret de la matière, son chant, sa mélodie, son harmonie. L’étrangeté d’un mot c’est quand l’objet n’est pas dans la voix qui fait l’objet, parce que le mot obture sa lumière ou ses ombres. L’étrangeté c’est quand le mot étouffe le mot. L’étrangeté c’est quand le mot ne sait pas que la voix de l’objet est dans l’objet, que « la voix des hommes est dans les hommes, la voix du bronze dans le bronze », la voix de l’eau dans l’eau, la voix de la résine dans la résine, la voix des météorites dans les météorites, la voix du safre dans le safre, la voix du corindon dans le corindon...

Dans la confidence il faut le secret d’un objet plus pur que le mot. Il faut un secret de la mémoire d’un objet. Il faut un mot confidence d’un objet contre l’objet qui est confidence d’un mot. Il faut un ob-jet de la confidence d’un objet. Le secret primitif des objets et des choses n’est pas fait pour l’oubli. L’objet n’est pas toujours le rêve d’un mot, c’est originellement le mot qui est le rêve du sable, de la glaise, du marbre… La confidence serait plus grande que le secret quand elle creuse dans le corps des mots la transe des glyphes, des glyphes fétiches faits pour enchanter, pour hanter l’océan, ou quand le mot, la voix, admet une autre liberté que celle qui fait l’ombre du poète, quand le poète concède énormément à l’ombre des objets pour atteindre dans le flux de la dépossession la joie d’un objet qui n’a jamais été une voix ou une liberté. Le poète n’atteint l’objet que dans la joie de l’objet. Il n’atteint la source que dans la joie de la source. Le poète vit dans le mot, et soudain, contre la vérité, contre l’habitude, intervient la liberté pour faire du poète cet être exceptionnel qui n’atteint le mot que dans la perte du mot. Le mot doit atteindre le silence sur la monture du vent, sur la transe de l’eau, sur tout ce qui peut montrer au mot une part de sa finitude. L’eau danse depuis l’origine du feu pour avoir la confi-dence des pierres plus grande que le mot, que le secret des vers.

Le silence dit sûrement au mot une part de sa finitude, une part de son illusion… Le silence cet instant unique où le mot trouve un ob-jet plus vrai que le secret des vers dit au mot une part de son dé-clin. Le silence est toujours saisi par un objet autre que le mot. C’est précisément le déclin qui est plus grand, plus vrai que le secret du mot qui est à l’origine du silence. Quand le mot se perd dans la contemplation d’un objet, dans une vie autre que la sienne, le si-lence revient avec la force d’une autre voix, la force d’une autre vie, la force d’un autre secret. Le mot trouve le silence. L’objet retrouve sa voix. Mais l’étrangeté reste éternelle entre le mot et le temps, entre le mot et sa voix, entre la voix et le temps. La promesse est dans l’étrangeté. Sans l’étrangeté entre la voix et la voix, entre la voix et le temps, le présent ne serait pas cette hésitation féconde qui invente l’attente et le retour. Le présent a foncièrement besoin de cette étrangeté pour sentir le poids de sa propre voix. Il a besoin de l’étrangeté pour que son retour soit une promesse. La promesse est un temps primordial qui sent son étrangeté. On sent toujours l’étrangeté dans un silence qui invente l’arbre du présent : le deve-nir. On dit souvent que le temps est un retour et on oublie que le retour a un secret, une voix : un silence d’où sourd un devenir dé-dié à l’étrangeté. Le silence est la promesse de l’étrangeté.

Le silence n’est que le temps d’une promesse, la promesse d’une conversion, d’une inversion, d’un retrait, d’une anticipation, où la confidence de l’objet doit dominer le secret du mot. Le mot ne peut supporter le poids d’une promesse, ni la voix de l’étrangeté. Il lui faut un long silence, un silence qui imite dans la vision, dans l’écoute, dans la confidence, dans le mystère, l’éternité du retour, l’éternité de la promesse. Il lui faut des rivières et des volcans, des fleuves, des arbres, beaucoup de nids, beaucoup de rives, de ca-vernes… Il lui faut la naissance d’un poète, cet être qui persiste à enseigner à la promesse la voix de l’étrangeté, et au mot la voix du silence, la présence et le retrait, le présent et l’éternité. Le poète œuvre autant pour la possession que pour la perte, pour la vérité que pour l’illusion, il œuvre autant pour la voix que pour le si-lence. C’est seulement dans cette étrangeté qui renie mot, haute-ment confidentiel et libre que le poète trouve la vérité de l’objet qu’il cherche et que Neruda lui en assigne « la grande joie » :

« L’ombre que je sondais ne m’appartient plus. J’ai
la joie du mât, la joie durable.
J’ai le legs des forêts, j’ai le vent du chemin
et j’ai l’ardeur d’un jour sous la clarté terrestre.

Je n’écris pas pour être emprisonné par d’autres livres
ni pour des apprentis avides d’être lys (…)

Je veux que l’homme jeune, en cette dureté,
que j’ai construite avec lenteur dans les métaux
trouve comme une boîte et que l’ouvrant, la vie
le regarde, et qu’on y plongeant l’âme il palpe les rafales
qui firent ma joie, sur la cime tempétueuse. »

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