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■ L'hiver
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2014-05-13 | |
(…)
Passe-temps selon Éric Berne, atavisme selon Darwin, mélanges subtils d’hormones et de neurotransmetteurs, jeux d’émotions, naturellement selon Rousseau, jeu de l’inconscient pour Freud ou pour Jung, mélange de pensées erronées et de sentiments primitifs… un véritable bouillon de culture dans un brouillon de nature. (…) Entre chiens et loups, entre les croyances de la meute et les préjugés des clans ; entre les corps armés et les corps aimants, le délire des foules anonymes, les cris de la horde et les tabous de la tribu… De génération en génération, nous passons une grande partie de notre existence à nourrir la bête en nous, et à rêver l’homme que nous ne sommes pas encore. Alors que d’autres font l’ange, nous faisons l’homme par contumace parce qu’il n’est pas là évidemment ! Ou par ignorance, car nous ne l’attendons plus ; ou alors, faute de quoi, nous faisons l’homme par défi ou bien par déni, parce que nous croyons qu’il est déjà dépassé ! La belle et la bête, c’est un peu notre histoire à tous, romancée certes, mais tout aussi réelle que les mythes qui nous fondent. De la réalité même de cette incarnation qui nous tient par les nerfs comme des pantins fragiles. De cette dure réalité des nœuds qui en cette chair relient notre passé à notre devenir. Oui, n’en doutons plus un seul instant ! La belle et la bête, c’est bien nous, sur tous les champs de bataille et partout ou cette pseudo humanité qui sans cesse se gausse de droits et de devoirs, nous sommes la bête et la belle ! Quant à l’homme véritable, il sera « humble », « pauvre » et « libre », affranchi de son égoïsme, libéré de ce corps de chair qui le relie aux sources. Vraiment connecté aux autres et au cosmos, il sera délié en son âme, dans ses pensées et dans ses émotions, et en esprit il sera un chemin de bonheur pour tous. (…) Afin que le corps de chair se fasse lui-même l’athanor de cette alchimie difficile que l’on dit : humaine ; en route comme en esprit, il doit se libérer de la bête comme il doit faire le vide de ses préjugés et de ses croyances, en ces multiples chaînes qui l’empêchent d’avancer vers lui-même. Depuis les origines de notre animalité, nombre de bêtes ont fait leur part de leurs propres pas, de petit écart en grand écart, ils ont cheminé comme des bêtes de somme pour chacun de nous ; ils ont brisé leurs griffes et limé leurs crocs, apaisé leurs émotions en toute sagesse ; ils n’étaient pourtant pas plus « homme » que je ne suis bête, mais ils tendaient de tout cœur à moins d’animalité et ont trouvé là un vrai chemin de vie. Même si l’homme reste une pure virtualité, la bête en chemin accomplit déjà le grand œuvre, propre à l'homme qui vient, la chair étant le lieu propre de cette métamorphose. Dans ses grandes pauvretés « animales », comme l’espace et le temps qui s’épandent, car l’animal que nous sommes en cette âme animée tend toujours à se dépasser… (…) La déliquescence de l’homme, c’est la bête, tout comme l’homme sera la quintessence de la bête ! Ça bogue à gauche, ça bogue à droite, ça bogue de partouze ! Dans les communes, les organisations nationales et internationales, ainsi que dans les académies et les universités et même au Vatican. Partout ça bogue énormément ! Les connexions entre le Ciel et la Terre, le dedans et le dehors, le Je et le Tu… semblent défectueuses ! J’ai beau consulter la rubrique « aide et support » de mon ordinateur, à tort et à tord, quelle que soit la procédure, les programmes par défaut font défaut ; les périphériques seraient-ils mal configurés ? (…) Pourtant, mes antispams et antivirus fonctionnent à temps plein ! À quel gestionnaire de réseaux et de périphériques faut-il s’adresser ? Quel administrateur de tendresse faut-il prier, à quelle carte Père se vouer à tout jamais et quelle carte graphique peut-elle me donner une image fiable de l’homme qui vient ? Le mot « insecte » en anglais (bug) symbolise bien le problème du grand « bogue universel » auquel nous sommes tous confrontés; il y a partout dans nos procès, nos conflits, nos têtes et nos châteaux… des insectes, des bits et des pixels dans les rouages du temps et les engrenages de l’espace ! Il y a partout en nous et autour de nous une dimension kafkaïenne, preuve par l’épreuve d’une véritable « Métamorphose » ! Tout comme la planète se réchauffe, partout la rumeur gronde : on la nomme homme, on l’encense ou l’on l’accuse de tous les maux, et c’est là , dans le bogue originel que tout se trouve comme en suspens. La morale de cette histoire, malgré tout ce que l’on nous raconte, c’est que l’histoire de l’homme n’a pas vraiment commencé ! Oui, nos os en témoignent, nos cartes mères sont enceintes d’un homme qui tarde à naître ! Et celui que nous attendons n’est pas un dieu, pas un surhomme, pas un homme mythique supérieur à l’homme ordinaire ; il n’est pas un homme dont les hautes capacités seront à l’image des hautes technologies, ni surhomme nietzschéen, ni mutant du 7e art, ni personnage de roman d’anticipation, de super - héros de cinéma…, mais tout simplement un homme premier du genre : humble, pauvre et fragile de toute sa pauvreté de premier-né d’une humanité nouvelle. Il n’aura donc rien, absolument rien des dieux mythologiques, rien d’une sorte de super sapiens, d’être extraordinaire (…) Chemin faisant, l’animal évolue, selon son rythme propre vers l’homme premier de son espèce ; nous ne sommes donc nullement en train de muter vers quelque sur- humanité, mais de devenir simplement ce que nous sommes appelés à devenir un jour que j’espère proche, des hommes dignes de porter ce nom premier du genre. (…) Le nom « Homme » ne signifie rien pour l’espace-temps; tout comme un numéro d’inventaire dans une collection du Louvre ne dit rien d’une peinture de Maître. Je suis là , face à cette immense toile, contemplatif comme un enfant tenant entre ses doigts moites le cadeau tant attendu. J'observe ! La peinture à l’huile n’a plus cette odeur de térébenthine qui circulait comme un encens dans l’atelier de mon grand-père maternel. Elle a semble-t-il perdue ses odeurs pour n’en garder que l’âme comme une huile essentielle à la vue. Sept mètres sur cinq de vermillons, d’ocres et de jaunes de Naples, oui, approximativement, sept mètres sur cinq de terre de Sienne et de bleu de Prusse pour dire un naufrage. Ainsi, le noir d’ivoire et le bitume de Judée couvrent les blancs pour les draper de deuil. Entre clarté et obscurité, la scénographie est belle, les poses fascinantes, les chairs comme patinées et l’atmosphère lourde. Les pinceaux ont tracé la mort comme pour peindre toute la palette de la vie. C’est là , devant ce chef-d'œuvre que je me dis que le corps est une embarcation de fortune, un esquif fragile tiraillé entre deux eaux et des cieux si lointains, comme écartelé en des horizons nuageux où la lumière perce à grand-peine. Dilemmes, le radeau de la Méduse, c’est aussi le radeau de la névrose, celui des nœuds, des états limites, des doubles étaux, des saintetés et des bestialités, le lieu de multiples contraintes où il nous faut sans cesse choisir entre la Belle et la Bête, en restant incarné pour survivre, tout en nous incarnant sans arrêt en de multiples paradoxes et contradictions dans un projet toujours plus humain; comme de manger bio et végétarien pour éviter de nourrir la bête, sans devenir pour cela un poireau devant l’avenir ! Oui, Géricault me le confirme, il faut jouer du corps que tombe les murailles ! Les couleurs du peintre y sont comme les Voyelles du voyant. Elles disent notre virtualité humaine et en quelque jour nos « naissances latentes », notre devenir plus authentique et plus transparent en nos éternelles et potentielles tensions. Après avoir enduré le doute et la question, la soif et la faim, jusqu’aux folies les plus extrêmes, tels les israélites devant la grande muraille qui sépare l’homme de la bête, le ciel de la terre, l’intériorité profonde des apparences… nous dérivons. « O, suprême Clairon plein de strideurs étranges » Il nous faut donc crier, que montent au-delà des créneaux nos clameurs et nos hurlements déchirés et déchirants, que se déchire le voile au son des « stridences ». Afin de quitter peu à peu cette « Saison en enfer », cette « Condition humaine » des uns, ou cette situation animale des autres, comme emportés sur un « Bateau ivre » de vie. À cor et à cri, par braillements, bêlements, hennissements et autres meuglements, ensemble et à tue-tête, il nous faut prendre la bête par les cornes, que s’effondre le mur de séparation, que fondent nos cuirasses caractérielles, que tombent nos écailles patinées et nos vieilles carapaces de plomb. Oui, par tous les noms de dieu et par tous les cris d’animaux, il nous faut encore et encore tourner et retourner soixante-dix-sept fois sept fois nos peaux de bêtes et nos instincts captatifs pour nous livrer pauvrement à ce qui vient du futur comme un vent léger, quittant la rive du passé ancestral pour le grand large et le confort pour des eaux plus profondes. La matière autour de moi grésille et glougloute, la chair dérive comme une barque en partance vers une véritable Terre Promise à tous les hommes de bonne volonté, dans mon coeur de bête, c’est déjà le pays de l’humanité, emportée pour l’éternité des océans de l’infini. (…) (La quintessence de la Bête - extrait) |
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