agonia francais v3 |
Agonia.Net | Règles | Mission | Contact | Inscris-toi | ||||
Article Communautés Concours Essai Multimédia Personnelles Poèmes Presse Prose _QUOTE Scénario Spécial | ||||||
|
||||||
agonia Textes Recommandés
■ Magnolia
Romanian Spell-Checker Contact |
- - -
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2013-05-12 | |
Sans voix, bouche bée, je suis là , muet comme une carpette des Carpates …
Devant cette extraordinaire structure du larynx, je me laisse emporter par la sonorité des harpes de gorge qui chantent comme des anges aéroportés. Je vous l’affirme, pour les avoir disséqué et observé moi-même, les sirènes elles aussi ont de divins larynx. Aujourd’hui, avec opiniâtreté je m’attaque pour l’unièmes fois, bistouri et Bic en main, à la dissection d’un larynx de Sphinx. Je veux enfin connaître la source de l’énigme et des secrets profonds de la bouche ! Après avoir disséqué la langue avec mon stylet bien affuté contre la croute des dictionnaires, je dépose la pièce rose sur une planchette en bois d’olivier ; en tournant sa face postérieure vers le haut, de manière à pouvoir aborder le larynx par l'arrière, en partant de la cavité pharyngienne, largement ouverte aux vents et aux regards. Larynx dans le pharynx, délimitée par l'épiglotte et les replis aryténo-épiglottiques, le puits des rébus chiffrés est des devinettes tourciveuses est là sous mon œil et sous ma propre main, pleine de son propre sang, comme une l’ouverture rougeoyante d’un ciel vif vers l’intérieur des choses pleines. La main un peu tremblante, comme celle du poète qui se dit en public, j’incise avec grâce, délicatesse et douceur, juste sur la ligne médiane, et la muqueuse antérieure du pharynx, je la récline vers le dehors et je l'excise avec un bruit de coupure. Si vous étiez à côté de moi, la sueur au front, la peur au ventre, vous pourriez vous aussi découvrir ainsi les organes de la paroi postérieure du larynx, comme une image en fond d’écran. Près de l'orifice du larynx, je peux mettre en évidence les muscles aryténo-épiglottiques, qui relient les bords latéraux de l'épiglotte au sommet du cartilage aryténoïde. Ils recouvrent les ligaments aryténo-épiglottiques, le long desquels je découvre les cartilages corniculés de Santorini ou parfois ceux de Wrisberg . Mais là , n’est pas la véritable question, là non plus, n’est pas la réponse à mes interrogations existentielles ; mais il faut se faire une raison, même la mécanique quantique ne répond pas à l’ensemble de mes questions de sémantiques ! Plus tard, plus bas, la vie dans l’âme et si j’ai encore le temps, entre les deux aryténoïdes, je disséquerais ce muscle aryténoïdien qui présente deux faisceaux obliques superficiels, faisceaux qui s'entrecroisent en X, et relient le sommet d'un aryténoïde à l'apophyse externe de l'autre. Ils recouvrent le faisceau transverse, qui est tendu entre les bords externes des deux- cartilages, comme je suis moi-même tendu sur la corde raide de la vie, entre le ciel et la terre, en ces labyrinthes de la chair que l’on dit royaumes des Sphinx et des Minotaures. (…) Après avoir mis nombre de ces organes en évidence, je tranche, car dans la vie, il faut savoir trancher, je coupe dans la paroi du larynx, verticalement, sur la ligne médiane postérieure à l'aide d'une petite scie droite comme nos réponses trop linéaires. En écartant les deux lèvres de l'incision, j’examine la face interne du larynx. Les cordes vocales sont bien là , elles divisent l'organe en une partie sus-glottique et une zone sous-glottique. La glotte est une fente antéro-postérieure médiane délimitée par les cordes vocales. De chaque côté je peux découvrir une corde vocale supérieure et une corde vocale inférieure. Les cordes supérieures sont de simples ligaments soutenant des replis membraneux, tendus entre l'angle rentrant du cartilage thyroïde et la face antérieure de l'aryténoïde, alors que les cordes inférieures partent de l'angle rentrant du thyroïde et atteignent l'apophyse vocale de l'aryténoïde. Les inférieures sont plus épaisses que les supérieures, et formées d'un tractus élastique et de fibres musculaires ; en incisant la muqueuse à leur niveau, on peut voir de ses propres yeux fatigués, le faisceau interne du muscle thyro-aryténoïdien. Entre la corde supérieure et la corde inférieure, je devrais apercevoir, de chaque côté, l'ouverture des ventricules de Morgagni allongée d'avant en arrière. Ces ventricules présentent un diverticule antérieur plus ou moins développé : l'appendice. Je vous épargnerais la dissection des fosses nasales, zone pourtant bien nécessaire à l’anatomie du Sphinx, tels son corps de félin ou sa poitrine de femme, au même titre que ses ailes aux plumes acerbes comme le sont certains mots. (…) Quand, par vos propres moyens, vous arrivez à Paris, prenez le métro en direction de Mairie d'Issy, et sur cette ligne 12, descendez à la station de métro « Notre-Dame-des-Champs », vous êtes dans le 6e arrondissement. Les bouches de métro sont elles-mêmes habitées par des dents coupantes, des langues de vipère et par des Sphinx navetteurs, qui vont de banlieue en ville sans interruption, en quête d’homme intègre. Pour votre gouverne, vous êtes juste sous le boulevard du Montparnasse, aux environs du boulevard Raspail. Dans les couloirs de la station de métro, évitez de regarder les Sphinx dans les vœux, car ils reconnaîtraient de suite les secrets de vos pensées les plus profondes. À l’aide de vos souvenirs d’enfant, de vos perceptions extra-sensorielles et de toute la force de vos intuitions de poète, vous allez essayer librement, sans contrainte, en suivant simplement les courants d’air des couloirs, de localiser approximativement cette faille spatio-temporelle d’où viennent les énigmes et les mystères insondables ; car aucune carte magique, aucun dictionnaire, et pas un seul relevé d’état-major, ne soulignent cette extension X. Comme l’enfant abandonné, vous êtes donc sensé la trouver par vous-même, au toucher suivre le braille qui saille des murs, suivre les vents et les odeurs, guidé par la seule calligraphie en relief qui marque le passage, car à la différence des pollutions amidonnées que connaissent tous les hommes, la calligraphie est la seule pratique solitaire qui laisse des signes dans le vide des blancs et les couloirs transcendantaux. Car vous n’êtes pas le premier ni la première à passer ici, voyez à terre de nombreux idiotismes, des mots qui cherchent leurs chemins, des métaphores, des petits cailloux de grands Poucets en quête d’eux-mêmes; c’est l’empreinte laissée par les poètes, les trappeurs de mots, les moissonneurs et les poinçonneurs des Lilas. D’ailleurs, au temps des moissons, quand vous vous trouverez juste au point d’intersection de l’église Notre-Dame-des-Champs et de la nébuleuse d’Orion, vous pourrez enfin pousser le portillon qui donne sur le Bon Lieu, et ainsi remonter à la surface pour vous souvenir de qui vous étiez avant d’être, et rêver enfin seul au soleil, d’un bel été oublié. (…) Voice Box, extrait de Le tout à la bouche (essai) https://www.facebook.com/notes/roland-reumond/le-tout-a-la-bouche-essai-extraits/10151395393342337 |
index
|
||||||||
La maison de la litérature | |||||||||
La reproduction de tout text appartenant au portal sans notre permission est strictement interdite.
Copyright 1999-2003. Agonia.Net
E-mail | Politique de publication et confidetialité