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La réécriture du mythe de la Bible: Jonas réinterprété
essai [ ]

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par [h.p.sebastian ]

2010-10-19  |     | 



`Le Livre de Jonas` nous apprend l’histoire du prophète râleur et indocile, Jonas, qui "prétend servir le Dieu d’Israël, mais fuit le plus loin qu’il peut pour échapper à la mission qu’il veut lui confier, au point que Dieu est contraint d’employer les grands moyens : l’arrêter par une tempête et le ramener dans un gros poisson, qui se trouve là juste à point pour gober le prophète, jeté à la mer par les marins quand ils ont appris qu’il était la cause du déchaînement des éléments"(1).

Martine Dulaey explique l’histoire de Jonas et sa révolte contre Dieu par le fait que "Le monde entier obéit au Seigneur, mais pas Jonas!"(2). Dans le ventre de la baleine, quand le protagoniste de la Bible comprend que la situation dans laquelle il se trouve est grave, il appelle Dieu au secours. Nous verrons dans le discours de la Bible que Jonas se fâche de nouveau contre Dieu dès que sa situation s’améliore.

`Du Commentaire sur Jonas` de Jérôme, nous pouvons tirer une conclusion pour le mythe biblique de Jonas qui nous montre qu’il s’agit d’une histoire ", et dont nous essaierons plus loin de discerner l’origine"(3) et en même temps "d’une interprétation qui applique toute l’aventure de Jonas au Christ"(4).

Si nous restons dans la même perspective, nous remarquerons que l’histoire de la nouvelle `Jonas ou l’artiste au travail` d’Albert Camus et de la pièce de théâtre `Jonas` de Marin Sorescu suit l’aventure de Jonas à l’artiste peintre et à l’artiste prophète. Il s’agit d’une aventure spirituelle puisque les deux protagonistes sont à la recherche de leur propre destin. L’un veut devenir un artiste reconnu dans un Paris mondain, l’autre veut parvenir à la lumière sous un régime totalitaire.
Nous disons aventure spirituelle puisque les deux personnages sont dès le début sous les signes d’une quête de leur propre vocation. Gilbert Jonas se conduit selon son étoile et "il ne croyait d’ailleurs qu’en elle, bien qu’il se sentît du respect, et même une sorte d’admiration devant la religion des autres"(5). Gilbert Jonas intrigue le lecteur parce que ce personnage de Camus, bien qu’il croie en son étoile, est conscient que "sa propre foi, pourtant, n’était pas sans vertus, puisqu’elle consistait à admettre, de façon obscure, qu’il obtiendrait beaucoup sans jamais rien mériter"(6). Nous croyons que par son destin, le protagoniste de Camus est un Jonas réinterprété. L’histoire de Gilbert Jonas dans la vie mondaine parisienne est une démystification du mythe du prophète. Camus a mis en évidence par son personnage, comme nous verrons tout de suite, un aspect de l’artiste qui est à la recherche de son propre moi artistique. Il s’agit d’un artiste qui s’oppose totalement au Jonas biblique.

Chez Marin Sorescu le protagoniste se trouve aussi dans une perspective spirituelle, l’aventure de Jonas se déroule dans les ventres des poissons. Par le monologue et par les questions qu’il se pose, Jonas arrive à la fin à accepter son destin et sa capacité de compréhension que tout est à l’inverse. Jonas se trouve dès le début sous les signes du mystère. Il est dans la bouche d`un poisson qui ne peut pas être identifié et cela signifie que son aventure spirituelle a commencé avant qu’il ait remarqué. Le pêcheur Jonas est présenté comme "tout homme accablé par la solitude"(7). Il se comporte comme s`il y avait deux personnages, mais il est incapable de comprendre qu’il est tout seul et qu’il doit partir dans une aventure qu’il ne connaît pas la fin. Il crie son nom en se rendant compte que personne ne répond.

La solitude agit là comme une sorte de spiritualité. Ainsi, le personnage retrouvera sa condition et réussira à parvenir à la lumière. Juste par la solitude, Jonas comprendra la situation dans laquelle il se trouve. L’aventure de Jonas commence par le refus de croire que son destin de pêcheur est de regarder la mer :
"Mais quand ils commenceront à tomber… Et plof et plof et plof ! dans le filet. Rien que du gros. Car nous avons une mer riche. C’est fou ce qu’elle est riche, notre mer !"(8).

Il attend que quelque chose tombe dans le filet et son attente fait penser qu’il est seul et que c’est un mauvais signe :
"Là, ils ne devraient plus tarder. Non, t’en fais pas. (Criant) Jonas ! (D’une voix rauque) Jonas ! (Encore plus rauque) Jonas ! Rien. Le désert. Il pourrait au moins me répondre, le désert : l’écho…"(9).

La réécriture du mythe de la Bible met en valeur des variations par rapport au thème abordé. Si Jonas biblique refuse au début la mission que Dieu lui confie, Gilbert Jonas et Jonas acceptent la mission qu’ils doivent parcourir. L’acceptation de leur mission, de l’aventure spirituelle, signifie l’acceptation leur destin des damnés.

Le Jonas biblique a fait tout ce qui était possible pour échapper à la mission que Dieu lui a confiée.
Gilbert Jonas a créé sa mission et il est parti dans l’aventure spirituelle parce qu’il "rendait justice à son étoile plutôt qu’à ses mérites". Marin Sorescu confie à son Jonas la mission de parvenir à la lumière. Plus que pour Gilbert Jonas, la situation du personnage de Sorescu est un peu compliquée parce que le protagoniste de la pièce se pose des questions sur ce qui se passe avec lui et autour de lui. Quand il crie son nom ce n`est que l’écho qui lui répond, c`est pourquoi il se trouve dans une confusion presque totale :
"(S’apercevant que sa voix n’en suscite pas) Mais… où est passé mon écho ?! (Il crie à nouveau pour vérifier la justesse du soupçon) Jo… (il attend) nas (il attend encore) (Frottant ses mains en signe de dépit) Eh ben, voilà, plus d’écho ! Perdu. Fichu. Disparu. Lui aussi. Mauvais signe"(10).

Le Jonas biblique accepte d’aller à Ninive pour annoncer la parole de Dieu après la sortie de ventre du poisson. Cet aspect est différent chez Camus et Sorescu. Les deux auteurs montrent des aspects tous particuliers mais qui ont comme point de départ cette histoire de la Bible. Albert Camus et Marin Sorescu ont pris acte de l’histoire biblique, mais ils la réécrivent en mettant en évidence un autre destin dans un autre espace. Les personnages suivent leur destin et construisent leur monde.

Comme Dieu a confié à Jonas sa mission, ainsi Camus et Sorescu confient à Gilbert Jonas et à Jonas la mission de lutter contre leur condition. Les remerciements à son étoile font de Gilbert Jonas un artiste sans condition. Nous en disons qu’il se consacre tout entier à la peinture et il y voit une chance : "Ça, disait-il, c’est une chance !" Il devient artiste mais il ne suit pas la condition de l’artiste. Il n’a pas une condition parce qu’il s’agit d’un artiste qui s’est imposé de suivre un destin d’artiste. Croire en son étoile c’est une chance de devenir artiste. Pour soutenir ces affirmations nous citons ce qu’il pensait en réalité : "". Il continue à chercher sa condition d’artiste.

Le Jonas de Sorescu est dès le début dans la bouche du poisson. Sa mission est de pêcher dans une mer qu’il croyait riche. Nous pouvons dire qu’il se consacre à pêcher dans le vide. Ses cris peuvent être compris comme les prières du Jonas biblique adressées à son Dieu. Nous voyons dans ses cris de Jonas ses révoltes parce qu’il ne comprend pas sa condition. La technique de l’allusion est subtile à ce moment du discours. Le cri de Jonas est universel : "Je crie, tu cries, l’autre crie, les bruits s’additionnent" et puis en ayant devant lui la mer il constate : "La mer c’est pareil. Une vague entre en résonnance, celle d’à côté en fait autant. Une tempête est vite arrivée.(11)" La tempête dont parle Jonas peut être liée à la tempête de la Bible quand Jonas est jeté dans la mer par les marins. Le cri universel qu’on a appelé ci-dessus devient un cri individuel : "On ne crie pas tous ensemble, en mer. Sous aucun prétexte".

Le mythe de la Bible influence l’écriture au niveau de la conception et de l’intertextualité. Nous comprenons que les deux auteurs placent leurs personnages dans un espace très différent de celui de la Bible, d’où leur originalité. Martine Dulaey, dans son ouvrage . L’initiation chrétienne et al Bible (I – VI siècle), cite Augustin qui rappelle que :
"Jonas a crié des profondeurs, depuis le ventre du monstre marin. Il était sous les flots, et en plus, dans les entrailles de la bête ; pourtant, ni ce corps ni les vagues ne purent empêcher sa prière de parvenir jusqu’à Dieu, et le ventre de l’animal ne put retenir la voix de sa prière […]. Quiconque a compris qu’il est dans les profondeurs crie, gémit, soupire jusqu’à ce qu’il soit tiré des profondeurs et que vienne à Celui qui siège au-dessus de tous les abîmes, au-dessus des Chérubins, au-dessus de tout ce qu’il a créé !"(12).

Nous pouvons lier l’affirmation citée à celle du protagoniste de Sorescu qui considère que ses cris ne signifient rien et que cette lamentation universelle ne sert que de "mettre la mer hors d’elle". Les prières du Jonas biblique adressées à son Dieu l`ont aidé à parvenir à la lumière, mais les cris de Jonas de Sorescu sont des bruits que personne n’entend. Par la technique de l’allusion ces deux affirmations peuvent être liées.

Il y a une question qui doit être analysée et qui vise deux répliques, l’une de la nouvelle `Jonas ou l’artiste au travail` et l’autre de `Jonas` : "Qui change de mer change de chance" et "Ça, disait-il, c’est une chance". Ces deux répliques ont comme point de départ la chance que Jonas de la Bible a eue quand Dieu l’a envoyé pour la deuxième fois à Ninive. Au niveau textuel de `Jonas ou l’artiste au travail` et de `Jonas` la réécriture change de perspective. Nous pouvons dire que si nous changeons de mer nous changeons de destin. Dans l’écriture de Marin Sorescu changer de mer signifie suivre un autre destin. Jonas deviendra du pêcheur qui pêche dans le vide un artiste prophète qui cherche sa condition. Le désir de Jonas est celui de parvenir à la lumière.

Chez Albert Camus si nous changeons de chance signifie que l’artiste, dans ce cas Gilbert Jonas, doit renoncer à croire en son étoile. Il croit que son étoile conduit sa vie et pour aucune raison il ne veut renoncer à son destin d’artiste. Quand il dit que c’est une chance qui doit continuer il croit peut-être dans l’art et il pense à une possibilité de parvenir lui-même à la condition de l’artiste.

Si Gilbert Jonas est optimiste, et croit en son destin ("Aussi loin qu’il pût remonter dans sa mémoire, il trouvait cette chance à l’œuvre. Il nourrissait ainsi une tendre reconnaissance à l’endroit de ses parents, d’abord parce qu’ils lavaient élevé distraitement, ce qui lui avait fourni le loisir de la rêverie, ensuite parce qu’ils s’étaient séparés, pour raison d’adultère" 13.), le Jonas de la pièce est pessimiste et il n’est pas sûr s’il puisse changer de mer. Il reste dans la même mer parce que sinon sa chance va tourner de l’œil. La chance de Jonas est qu’il ne se rend pas compte de ce qui se passe autour de lui.

Jonas fait silence et dans ce silence il crie de nouveau :
"(Contemplant les cercles d’) Qu’il regarde dans son cercle personnel. Et qu’il se taise (Silence) Mais, moi, je dois crier. Appeler Jonas. (Criant) Joooonas ! Rien"(14).
Les similitudes avec la Bible sont transparentes. Le thème abordé par Albert Camus et Marin Sorescu a comme point de départ le mythe biblique du prophète et ils proposent des variations qui rapprochent la nouvelle et la pièce de théâtre de l’histoire biblique. Les éléments intertextuels varient en fonction de l’espace où Camus et Sorescu ont placé leurs personnages.

La réécriture du mythe de la Bible nous suggère qu’il s’agit d’un Jonas à l’inverse, d’une part, de l’artiste peintre et damné au milieu de la vie mondaine parisienne et, d’autre part, de l’artiste prophète placé dans la société communiste. L’intertextualité joue son rôle dans la construction de la figure de Jonas réinterprété. Elle fait la liaison entre le texte biblique et `Jonas ou l’artiste au travail` et `Jonas`.

(1) Martine Dulaey, op. cit., p. 85.
(2) Idem, ibidem.
(3) Jérôme, Commentaire sur Jonas (Introduction, texte critique, traduction et commentaire par Yves Marie Duval), Édition du Cerf, Paris, 1985, p. 107.
(4) Idem, ibidem.
(5) Albert Camus, op. cit., p. 13.
(6) Idem, ibidem.
(7) Marin Sorescu, op. cit., p. 10.
(8) Idem, p. 11.
(9) Idem, ibidem.
(10) Marin Sorescu, op. cit., p. 12.
(11) Idem, ibidem.
(12) Augustin, Sur le psaume 129, 1, cité par Martine Dulaey dans . L’initiation chrétienne et la Bible (I – VI siècles), Librairie Générale Française, Paris, 2001, p. 87.
(13) Albert Camus, op. cit., p. 14.
(14) Marin Sorescu, op. cit., p. 13.
























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