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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-10-29 | | INTRODUCTION Aujourd’hui philologue en herbe, et fière de l’être ; il y a quelques années, j’étais encore une adolescente anorexique, difficile et torturée, pratiquant l’automutilation comme d’autres pratiquent le dimanche. Une bonne raison pour que ce texte parle à ma tête et à mon corps. J’aime beaucoup cet essai sur la peau et l’écriture, et je tenais à cet avant-propos, pour introduire « l’écriture scarifiée» Autant notre morcellement est une réalité existentielle et fait partie de notre condition humaine, autant le thème abordé par Reumond dans « l’écriture scarifiée », me parait être un propos sérieux et difficile. Trace dessinée ou écrite dans l’atlas de ma propre histoire « entre une topographie de la chair et une typographie de la peau » les propos de l’auteur me touchent, en surface comme en profondeur. Ses propres mots font écho à mes propres maux ; c’est ici, je suppose, son objectif. « La peau est une feuille tendue au vent, comme les feuilles du papier sont tendues d’écritures ; comme le voile qu’il faudra un jour déchirer par la force du souffle, et arracher entre le mirage de moi et moi-même, entre moi-même et l’autre afin que la vie soit. Entre le ciel et la terre, le rideau se taillade » Cet entre voiles, entre moi-même et l’autre, entre-deux du voile et de la feuille …, n’est pas étonnant chez un poète de la frontière, habitué des lieux de débarquement, de démarcation ; il est un passeur, j’ai même envie de dire qu’il est un pasteur à part entière. Comme psychothérapeute, Reumond est aussi un poète des états limites, un trouvère des zones frontières, en « Des lieux névrotiques qui sont parfois comme des trouées lumineuses ». Il connait bien « ces chemins de traverse où l’esprit parle aux corps, et où les mots sculptent les maux » ; lui qui a beaucoup travaillé les états modifiés de conscience, les phénomènes liés au mysticisme, avec des personnes dépendantes de psychotropes et auprès de voyants et de médiums. En sa qualité d’alcoologue, il a tout particulièrement étudié « les rituels » ; ceux des troubles obsessionnels compulsifs, des conduites à risques et des addictions les plus diverses. Mais en approchant le sujet des scarifications tribales, avec ce double regard du plasticien et de l’anthropologue, il nous dénoue et nous révèle, entre tout « ça » des espaces et des liens auxquels nous n’aurions jamais pensé. Autour de ce discours, « où viennent se greffer la peau et le papier », il y a toute la magie et les rites mystérieux de l’écriture et de la scarification. Propos d’auteur et surprenants greffons poétiques, qui peut susciter chez nous la répulsion ou l’incompréhension, nous qui n’avons guère cette fibre poétique et cette immense capacité de faire du lien entre toutes choses. Quand l’auteur nous parle de « médiations de l’entre, de passage secrets à la marge des hors jeu, des miroirs hors lieux, là où les mots de passe ont toute la magie des lieux de passages » ou quand il nous susurre « Des mots qui donnent un goût de poussière rance au chemin, un goût d’inachevé sur des voies difficilement carrossables… » son intention n’est-elle pas de nous accompagner un bout de chemin ? À nous de faire le pas, d’accomplir en toute liberté le reste, mettant du sens et de la compréhension au cœur d’un texte qui, malgré tout, garde en lui une part, volontaire ou pas, d’hermétisme. Comme il dessine à la plume et à l’encre de Chine à la manière d’un anatomiste passionnée, il écrit au scalpel d’une plume ardente. Comme quelqu’un qui connait son sujet, lui qui durant quatre décennies, a travaillé avec les handicapés, les personnes abusées, les adolescents en crise, les toxicomanes, sidéens et prostitués, nous mène en terrain connu, sur son terrain, en des lieux de marginalité, de souffrance et de différence ; mais toujours en des zones habitées de présence et d’espérance. « Maux et (a) mots » sont intimement liés dans son langage, une poésie sans doute intraduisible, tout comme « le Réel » lui semble toujours inaccessible. C’est ce qui en fait un poète unique, mais un peu seul dans les annales de la poésie moderne. Lui qui, depuis vingt ans n’a plus rien publié, malgré les milliers de pages qui dorment sur « des plages rouées de flux », au fond de ses tiroirs à secrets. Dommage pour nous tous ! C’est donc autour de l’évènement de l’écriture, et de ce qui motive « la geste » et d’une idée : « Créer un lieu, un sens et un lien comme une présence vivante, entre ces deux médias : celui de notre enveloppe de peau, et le papier où le poète écrit les maux mêmes de notre humanité qui sans cesse se cherche. Les deux supports étant pareillement roués de coups par la vie et éclairés par la même espérance. » Que l’écriture de Reumond va suivre les traces des métamorphoses de la peau contre celles de l’écriture. Tout contre, « peau contre papier, l’une et l’autre sont liés autour du porteplume, comme mariées par la main, dans le même mouvement, la même quête pour un destin d’homme et de poète écorché. » La peau s’y livre au papier, le papier s’y donne au regard, dans un réel partage d’inquiétudes et d’espérance. « L’écriture scarifiée » se veut un hymne à la vie et à l’amour, « un double lieu, un double lien », où la souffrance et le mal ne sont pas absents, mais où l’on peut discerner une présence vivante et une virtualité « à boutons de peau ». Même si « la vie heureuse » souhaitée par beaucoup d’entre nous ne peut-être, semble-t-il le quotidien du poète, entre « la faculté du rêve et la tension poétique », là vraie vie conspire contre la survie, la peau comme le papier en témoignent, il est important de croire et d’espérer, coûte que coûte ! Là où il y a de la peau, la vie malgré tout reste pleine de belles aspirations, elle respire à pleins pores. Là où l’écriture continue à se déployer, il y a comme « une communion entre les hommes, dont les baisers, les signes et les traces, les blessures, paroles, métaphores et visions, sont de vivantes déclarations d’amour ». Avec la peau et le papier, « La parole se donne, se tisse, se tresse quand la peau s’étire, quand les tissus se stressent, voulant vivre plus, se dépassant sans cesse pour que l’autre soi lui-même, unique à aimer ». Vous comprendrez pourquoi je tenais tant à présenter cette écriture, scarifiée peut-être, mais authentique. Hayley SOULED |
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