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\"Les Portes de la Chine\", ou la naissance des échanges sino-occidentaux
article [ Régional ]
AFP

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par [NMP ]

2004-08-02  |     | 



Bateaux aux voiles en éventail glissant paisiblement le long des montagnes, ateliers bordés de nénuphars: l'exposition "Les Portes de la Chine" à Lorient montre comment artistes et commerçants diffusèrent aux XVIIIe et XIXe en Occident une image édulcorée du pays.

Le musée de la Compagnie des Indes de Lorient, berceau et capitale pendant un siècle et demi du commerce entre la France et la Chine, présente jusqu'au 12 septembre quelque 60 toiles des musées d'art et d'histoire de Hong Kong jamais montrées en public en Occident, selon la conservatrice, Isabelle Nicolas.

Il s'agit d'un des trois projets d'exposition à avoir reçu le soutien du gouvernement de Hong Kong dans le cadre de la célébration de l'année de la Chine en France.

S'ajoutent à ces toiles 20 tableaux habituellement exposés à Lorient ou Nantes. L'ensemble reconstitue une atmosphère qui séduit depuis les récits de voyage de Marco Polo en Chine au XIIIe siècle, et que les premières expéditions commerciales au XVIIIe siècle depuis la France ont diffusée plus largement.

La maquette d'un voilier à 60 canons de l'époque donne une idée de l'ampleur des moyens que commerçants et artistes étaient prêts à investir pour approcher l'Empire du milieu, mais aussi des risques.

vendredi 30 juillet 2004,LORIENT (Morbihan) (AFP)
Les motivations de ce voyage de 7.000 kilomètres sont rassemblées dans une vitrine. De précieuses marchandises qui font rêver les Occidentaux et espérer des rendements: de la soie, du thé et des porcelaines, orientales pour un oeil occidental, mais peintes de motifs adaptés au goût des Européens.

D'aquarelles en gravures, sampans (une seule voile), bricks (deux voiles carrées) et pavillons occidentaux voguent en nombre le long des entrepôts étrangers de Canton sans que la scène, dominée par un ciel imperturbablement pur, ne perde cette sérénité qui émane de la plupart des tableaux.

Promené de Macao à Canton, en passant par la Rivière des Perles, puis Shanghai, le visiteur se laisse d'autant plus facilement prendre au jeu que la mer encercle une partie de la citadelle (début XVIIe) de Port-Louis où se trouve le musée.

Des voiliers miniatures dessinés dans leurs moindres détails devant des reliefs côtiers majestueux, ou la place d'un village où la vie comme le commerce semblent s'écouler sans remous, semblent témoigner de la fascination de ces peintres anglais, français ou chinois pour le pays.

Mais cette production artistique "reflète" aussi "la vision édulcorée" de l'Empire du milieu "portée pendant deux siècles en Occident", selon les organisateurs de l'exposition.

"La plupart des voyageurs ne voient presque rien de la Chine", ils n'y sont pas autorisés par l'empereur, seules une ou deux personnes, les plus élevées dans la hiérarchie du bateau, en descendent, raconte Isabelle Nicolas.

"Et puis, commerçants et peintres ont intérêt pour vendre à ramener des images positives de la Chine", ajoute la conservatrice. De la même façon "qu'aujourd'hui, les fabricants de chaussures n'ont pas intérêt à montrer comment leurs produits sont fabriqués en Asie", poursuit Mme Nicolas.

L'empereur lui aussi travaille son image. Des tableaux de peintres chinois montrent des ouvriers chargés de l'incubation des vers à soie dans des ateliers bordés de bassins à nénuphars. "Ce n'est pas la réalité des ateliers d'alors, précise Mme Nicolas. A l'époque, on pratiquait l'esclavage".

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