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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-07-26 | |
Germaine Tillion est décédée le samedi 19 avril 2008. Elle aurait eu 101 ans le 30 mai. Le Musée de l’Homme rend hommage à cette femme d’exception qui a consacré sa vie à défendre la vérité et la justice.
L’exposition présente l’itinéraire et l’engagement de cette ethnologue et résistante qui n’a cessé d’étudier et d’analyser le monde qui l’entourait et de combattre l’enfermement, l’esclavage, la pauvreté, la torture, la peine de mort... Le parcours de l’exposition retrace la vie de Germaine Tillion, ses combats et l’apport de son travail à l’ethnologie française. Des premières missions ethnographiques en Algérie dans les années trente, à l’étude de la condition des femmes dans le monde méditerranéen, l’exposition retrace également le rôle de Germaine Tillion au sein des premiers réseaux de Résistance, sa déportation à Ravensbrück, ses travaux sur les systèmes concentrationnaires, ou encore son retour en Algérie pendant la guerre d’indépendance. L’exposition a été créée par le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon. Enrichie avec le concours du Musée de l’Homme et du musée du quai Branly par des objets marquants de la vie de Germaine Tillion, elle vient d’être présentée au Musée de Bretagne à Rennes (24 janvier - 4 mai 2008). Seront exposées poteries, tissages, petite vannerie et objets de l’alimentation, témoignages des activités des femmes, vêtements d’hommes et de femmes, base de l’analyse de la société maghrébine, et par extension méditerranéenne en termes de structure de parenté ; objets sauvés du camp de Ravensbrück, correspondances et stratagèmes par lesquels Germaine Tillion préparait déjà ses futurs travaux d’analyse. Aller à la rencontre de Germaine Tillion, c’est découvrir l’oeuvre et la pensée d’une grande figure humaniste du XXe siècle, engagée, pétrie des valeurs républicaines de fraternité, et qui, sans faillir, sut dire non et résister quand, devant elle, l’histoire dérapait : NON à Pétain lorsqu’elle est des premiers réseaux clandestins dès juin 1940 ; NON à l’entreprise de déshumanisation du camp nazi où elle est déportée en 1943 ; NON à la pauvreté des paysans algériens échoués dans les bidonvilles en 1954 ; NON à la torture et aux assassinats tandis que le sang coule dans toute l’Algérie. Par delà la justesse de ses choix, toujours confirmés par le cours des événements, la force de Germaine Tillion est d’avoir su conjuguer action et réflexion, chacune de ses prises de position reposant sur une analyse rigoureuse. Ethnologue de renom, elle n’a cessé d’être sur le terrain depuis sa première mission dans les Aurès en 1934, contribuant par ses travaux à une meilleure connaissance de la société Chaouïa et des structures familiales du monde méditerranéen. Étudier, questionner, comprendre et décrire ce qui l’entoure, c’est « une manière ethnologique d’être au monde » que l’anthropologue Christian Bromberger perçoit dans l’itinéraire de Germaine Tillion. Cette démarche lui permet de surmonter le pire à Ravensbrück quand elle entreprend clandestinement l’étude du camp : « C’est tellement important de comprendre ce qui vous écrase. C’est peut-être cela qu’on peut appeler exister » (À la recherche du vrai et du juste, 2001). Soif de comprendre et d’expliquer, c’est avant tout une quête de justice et de vérité qui anime l’ethnologue : aspiration à la mesure du personnage. Ainsi en est-il de Germaine Tillion comme de ces êtres phares, quelques-uns par siècle seulement : modèle de courage, elle éclaire la réflexion de ses contemporains, redonnant espoir à ceux que les hommes désespèrent. Pas d’angélisme pourtant chez celle dont la mère fut gazée à Ravensbrück en 1945 : « Je suis sévère pour l’espèce humaine, c’est une espèce dangereuse qu’il faut surveiller », se plaît-elle à répéter. L’accueil de cette exposition au Musée de l’Homme le 30 mai 2008 célèbre le 101e anniversaire de Germaine Tillion. En prolongement de cette exposition, le Musée de l’Homme présente un hommage à Boris Vildé, co-fondateur et Chef du réseau de Résistance du Musée de l’Homme. Ardent défenseur des valeurs humanistes, Boris Vildé, comme Germaine Tillion, était parmi les premiers Français à s’opposer au fascisme et à vouloir résister dès 1940. Germaine Tillion, une ethnologue engagée Ce qui met à part la personnalité de Germaine Tillion, c’est qu’elle a su mener, tout au long de sa vie et en toutes circonstances, à la fois une réflexion, une action et un témoignage. L’exposition suit le parcours de Germaine Tillion. D’abord ethnologue, elle étudie sur le terrain de l’Aurès les structures parentales de la société des Chaouïas et à travers leur vie quotidienne elle prend conscience du statut particulier des femmes (1934 -1940). Puis dans les moments très sombres de la Résistance et de la déportation, avec ce même regard de l’ethnologue, elle cherche à comprendre le fonctionnement de toute société et de tout système. Elle observe celui de l’Abwehr, service du contreespionnage allemand, quand elle est arrêtée le 13 août 1942 et internée à la Santé, puis à Fresnes et ensuite au camp de Ravensbrück, entreprise de démolition de l’être humain, le plus terrible de tous. Partout la nécessité de comprendre est ce qui lui permet, dit-elle, de supporter l’horreur de ce qu’elle vit. C’est ce qu’elle communique à ses amies à qui, de la prison de Fresnes, elle écrit, sur tissu, des lettres les informant des noms et des adresses de ceux qui sont internés ou qui viennent d’être arrêtés pour qu’on puisse prévenir les familles : comme les 150 étudiants de 18 à 22 ans, dont Geneviève de Gaulle, emprisonnés les 22 et 23 juillet 1943. À Ravensbrück, à coté des enquêtes menées sur la réalité du camp, pour soutenir le moral de ses compagnes, elle compose, cachée dans une caisse, une opérette, le Verfügbar, qui les fait rire (créée au Théâtre du Châtelet les 2 et 3 juin 2007). Sa libération de Ravensbrück est immédiatement suivie d’enquêtes approfondies aboutissant à une vaste documentation sur les camps des nazis mais aussi ceux du Goulag russe. En 1946 elle publie la 1ère version de Ravensbrück. En décembre 1954, missionnée par le gouvernement français, elle retourne dans une Algérie qu’elle ne reconnaît pas. Elle la retrouve dans un état de dégradation qu’elle qualifie de «clochardisation». Fermement attachée à l’éducation, elle crée, en octobre 1955, pour les femmes, les enfants et les plus démunis, le Service des Centres Sociaux. 120 centres seront actifs dans toute l’Algérie jusqu’en 1962 quand l’OAS en assassinera les six dirigeants. Militant contre les tortures et la peine de mort, c’est par sa grande connaissance de la société algérienne, ses expériences et son impartialité qu’elle eut un rôle de médiatrice entre le FLN et le Gouvernement français. En 1958, elle commence un enseignement à l’Ecole Pratique des Hautes Études (devenue en 1975 EHESS). Elle entreprend de longues missions en Mauritanie et chez les Touareg. Elle dirige de nombreuses thèses tant sur le rôle des femmes dans ces sociétés que sur les bouleversements sociaux et nutritionnels qu’entraîne le contact avec l’économie des pays du nord. En 1961, mandatée par la FAO (Organisaton des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture) pour mener une étude sur la situation des femmes en Méditerranée, elle en parcourt tous les pays et publie en 1966 cet ouvrage révolutionnaire qu’est Le Harem et les Cousins. Il est difficile de résumer une vie aussi riche : de 1958 à aujourd’hui les très nombreuses publications, livres et articles, toujours écrits d’une plume alerte et claire, fournissent des analyses clairvoyantes et marquent son engagement humaniste au service des plus démunis. Françoise Aubaile-Sallenave, commissaire de l’exposition - chercheur au CNRS *** Informations pratiques : Musée de l'Homme - Palais de Chaillot -17 place du Trocadéro -75016 Paris Lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 10 h à 17 h, samedi et dimanche de 10 h à 18 h. Fermé le mardi et les jours fériés. Plein tarif : 7 euros / tarif réduit : 5 euros *** Source Internet et site à consulter : Musée de l'Homme: "Germaine Tillion, ethnologue et résistante" Visitez le site consacré à Germaine Tillion : "www.germaine-tillion.org" |
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