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■ Voir son épouse pleurer
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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-02-25 | |
Créée à Strasbourg en 2005, l’Association Capitale Européenne des Littératures (ACEL) décerne chaque année trois prix littéraires : le Prix Européen de Littérature, le Prix de Littérature Nathan Katz et le Prix du Patrimoine Nathan Katz.
Les trois prix sont remis dans le cadre des Rencontres Européennes de Littérature à Strasbourg organisées avec le soutien de l’Université Marc Bloch, de la DRAC Alsace et de la Librairie Internationale Kléber. CÉRÉMONIE D’OUVERTURE Hommage à Jean Bollack – Lire Paul Celan LAURÉAT 2008 DU PRIX DU PATRIMOINE NATHAN KATZ Jean Geiler de Kaysersberg traduit par Christiane Koch LAURÉAT 2008 DU PRIX DE LITTÉRATURE NATHAN KATZ Bernard Vargaftig LAURÉAT 2008 DU PRIX EUROPÉEN DE LITTÉRATURE Tadeusz Rozewicz traduit par Claude-Henry du Bord et Christophe Jezewski LES LIEUX DES MANIFESTATIONS – STRASBOURG Palais Universitaire, salle Louis Pasteur – Place de l’Université Cathédrale de Strasbourg, Crypte Librairie Internationale Kléber – 1 rue des Francs Bourgeois *** PROGRAMME : VENDREDI 29 FÉVRIER 2008 14 H –16 H 30 PALAIS UNIVERSITAIRE Hommage à Jean Bollack – Ami et lecteur de Paul Celan Avec Jean Bollack, Yves Lehmann et Patrick Werly Ouverture des Rencontres Européennes de Littérature par Bernard Michon, président de l’Université Marc Bloch, Claude Vigée et Jacques Goorma. Antiquité et modernité dans l’oeuvre de Jean Bollack, par Yves Lehmann, doyen de l’UFR Lettres. Pour saluer le retour d’un Strasbourgeois dans sa ville, par Patrick Werly, enseignant-chercheur en Lettres. Lire Paul Celan, par Jean Bollack. 16 H 45 – 18 H 15 PALAIS UNIVERSITAIRE Autour de Jean Geiler de Kaysersberg Avec Christiane Koch, Francis Rapp, Bernard Eckert et Rémy Vallejo Présentations par Christiane Koch, traductrice de Geiler de Kaysersberg, par le Pr Francis Rapp, membre de l’Institut, par Bernard Eckert, archiprêtre de la Cathédrale de Strasbourg, et par Rémy Vallejo, dominicain. 20 H 30 – 21 H 45 CRYPTE DE LA CATHÉDRALE DE STRASBOURG Jean Lorrain lit Jean Geiler Pour la première fois depuis cinq siècles retentissent à nouveau dans la Cathédrale de Strasbourg ces textes tout spécialement conçus pour elle et qui viennent seulement d’être traduits en français. SAMEDI 1ER MARS 2008 10 H – 11 H LIBRAIRIE INTERNATIONALE KLÉBER Autour de Bernard Vargaftig Avec Bernard Vargaftig, Jean-Baptiste Para et Pascal Maillard Présentation du poète par Pascal Maillard, enseignant à l’UMB. Hommage à Bernard Vargaftig par Jean-Baptiste Para, directeur de la revue Europe. Discours de réception du Prix de Littérature Nathan Katz 2008 suivi de lectures de et par Bernard Vargaftig. 11 H – 12 H CINÉMA L’ODYSSÉE Dans les jardins de mon père Projection du film documentaire écrit par Cécile Vargaftig et réalisé par Valérie Minetto, suivie d’un dialogue entre la réalisatrice, la scénariste et le poète. 13 H – 14 H HÔTEL DE VILLE, PLACE BROGLIE Remise solennelle du Prix Européen de Littérature et des Prix littéraires Nathan Katz Robert Grossmann, président de la Communauté Urbaine de Strasbourg, pour le Prix Européen de Littérature, Bernard Michon, président de l’Université Marc Bloch, et François Laquièze, directeur de la DRAC Alsace, pour le Prix de Littérature Nathan Katz, et Justin Vogel, vice-président du Conseil Régional d’Alsace, pour le Prix du Patrimoine Nathan Katz. 15 H – 17 H 30 LIBRAIRIE INTERNATIONALE KLÉBER Autour de Tadeusz Rozewicz (Pologne) Avec Tadeusz Rozewicz, Christophe Jezewski, Claude-Henry du Bord, Alain Van Crugten et Vladimir Fisera Le discours de réception du Prix Européen de Littérature 2008 par Tadeusz Rozewicz sera suivi des interventions des traducteurs de sa poésie et de son théâtre ainsi que de lectures de ses textes en polonais et en français. *** JEAN BOLLACK, LECTEUR DE PAUL CELAN ÉLOGE DE LA LECTURE. Depuis plus de quarante ans, le travail de Jean Bollack a profondément modifié la compréhension des textes littéraires et philosophiques de l’antiquité grecque. Mais aussi, lui qui fut l’ami de Paul Celan, a totalement renouvelé la lecture de l’oeuvre celanienne, si souvent jusqu’alors incomprise voire dénaturée par ses commentateurs. Qu’est-ce qu’un écrit ? Comment est-il lu ? La lecture atteint-elle le texte ou manque-t-elle le but ? Comment la fait-on parler, selon sa visée ou contre elle ? Ces questions sont au fondement même de la philologie et de l’herméneutique, que Jean Bollack conçoit toutes deux comme une démarche critique : « Je travaille toujours sur au moins deux niveaux. L’un est textuel et philologique, l’autre concerne la totalité de l’oeuvre considérée. Cette distinction est pour moi essentielle. Somme toute, j’entame la même démarche deux fois : une fois pour les spécialistes, de manière technique, et l’autre fois pour saisir ce que l’oeuvre signifie, à nos yeux, mais aussi en elle-même. » L’ACTUALITÉ DE CELAN, DE LA CONSÉCRATION À LA CONTESTATION. Jean Bollack a consacré quatre volumes à l’oeuvre de Paul Celan dont il fut l’un des proches. Une plaquette a paru dernièrement à Munich, Paul Celan unter judaisierten Deutschen, qui reprend le texte d’une conférence prononcée à l’invitation de la Fondation Carl Friedrich von Siemens. Les premières phrases de son introduction sont significatives de l’approche de Jean Bollack : « Celan était-il un juif assimilé ? C’était avant tout un poète allemand. Ce n’était pas un juif religieux. On ne peut répondre à la question que si l’on distingue entre les formes d’assimilation ». Jean Bollack précise : « Celan pouvait se comprendre comme juif, par un libre choix, en raison de son origine, déjà bien avant les persécutions et les camps d’extermination et non pas en raison de sa solidarité avec les persécutés et les morts. Il n’est pas, par l’événement, devenu juif ou retourné à une foi ». Pourquoi aborder cette question ? Non par une curiosité gratuite, mais bien parce qu’elle est essentielle pour éclairer la situation particulière de l’écriture de Celan : « La production de textes sur l’oeuvre de Celan, note Bollack, s’étend aujourd’hui à l’infini, et pourtant l’incompréhension demeure, parce que le problème de cette prétendue incompréhensibilité n’est pas discuté ». *** PRIX DU PATRIMOINE NATHAN KATZ 2008 Jean Geiler de Kaysersberg (1445-1510) traduit par Christiane Koch VENDREDI 29 FÉVRIER 2008, 16 H 45 – 18 H 15 PALAIS UNIVERSITAIRE, SALLE LOUIS PASTEUR Placé sous le parrainage du Conseil Régional d’Alsace et de l’Office pour la Langue et la Culture d’Alsace (OLCA) Près de cinq siècles après sa mort, l’oeuvre de Geiler, si souvent citée, reste, à l’exception d’un seul sermon, totalement inédite en français. Comment le comprendre alors que sa voix est l’une des plus fortes et des plus originales de son époque ? Serait-ce qu’aujourd’hui encore sa personnalité hors norme fait peur ? Ou que cette langue riche et archaïque, comme celle de Rabelais, est bien difficile à traduire ? LA VOIX D’UN PROPHÈTE. Nombreux sont les visiteurs de la cathédrale de Strasbourg qui s’arrêtent devant la chaire de pierre finement ciselée par Hans Hammer en 1485. Mais peu de gens savent que cette merveille a été sculptée tout exprès pour honorer le plus grand prédicateur qu’ait connu la ville, Jean Geiler de Kaysersberg. Sa renommée s’était étendue si loin que l’empereur lui-même avait tenu à s’entretenir avec lui en tête à tête, presque d’égal à égal. Le prédicateur ne faisait rien pourtant pour flatter les puissants. « Je suis le veilleur, disait-il ; mon rôle est de donner l’alerte. Quand j’aperçois les flammes de l’incendie, je souffle dans ma trompe à pleins poumons ! » UN COEUR D’HOMME. Personne n’échappe à ses réquisitoires. Aux religieux il réserve ses plus terribles flèches. Leurs couvents ne sont hélas bien souvent que des maisons de passe. « N’y mettez pas vos enfants, prévient Geiler s’adressant aux parents, les filles deviendraient plus vicieuses que des prostituées, et les garçons, les pires voyous ! ». Aux riches il reproche leur cynisme. Lorsqu’ils stockent le blé pour faire monter les cours, il n’hésite pas à appeler les pauvres à forcer les greniers : « Armez-vous de haches, allez vous servir chez ceux qui ont de trop de ce qui vous manque », crie-t-il en 1481, alors que les sans-le-sou meurent de faim. Aux hommes politiques il demande d’agir en faveur des malades : pour les syphilitiques, qu’on traite comme des parias, il exige qu’on crée un hospice. UNE LANGUE TRUCULENTE. Ce qui fait la force des textes de Geiler, c’est la verdeur et la richesse de leur langue. Il n’hésite jamais à utiliser les images les plus crues, les expressions les plus triviales pourvu qu’elles frappent. Il aime prendre ses mots dans le genre bien assaisonné, salé, poivré même. Il se plaît à user d’allégories incongrues : le civet de lièvre, la grenouille, le pain d’épices. CHRISTIANE KOCH. Sélectionner dans une oeuvre aussi foisonnante n’est pas chose aisée. Grand connaisseur de Geiler, Francis Rapp a pu faire ce choix avec sûreté. Rendre toute la palette de couleurs de ces textes aurait pu sembler irréalisable. Traductrice de l’Oberrheinishe Revolutionär, Christiane Koch a relevé ce défi avec une aisance qui fait oublier les obstacles et restitue à la voix de Geiler toute sa puissance. *** PRIX DE LITTÉRATURE NATHAN KATZ 2008 Bernard Vargaftig SAMEDI 1ER MARS 2008, 10 H – 12 H LIBRAIRIE KLÉBER, CINÉMA L’ODYSSÉE Placé sous le parrainage de l’Université Marc Bloch et de la DRAC Alsace Bernard Vargaftig élabore depuis plus de quarante ans une oeuvre poétique riche et abondante, d’une rare exigence et d’une originalité remarquable. Toujours soucieux d’inscrire le maximum de vie et de subjectivité dans son langage, le poète n’a pas cessé d’inventer une écoute du corps, de la mémoire et du silence, une écoute de l’Autre qui renouvelle la lyrique amoureuse aussi bien que l’écriture de soi. Proche d’Aragon, mais éloigné du surréalisme, grand lecteur de Maurice Scève comme de Pierre Jean Jouve, il choisit très tôt de puiser dans les vertus de la contrainte les moyens de sa liberté. Un travail scrupuleux sur le vers, la répétition et la nomination, un refus continu de la facilité des images soutiennent le projet de dire le monde infiniment riche et complexe de l’enfance que le poète envisage, non comme un idéal perdu, source de nostalgie et de regrets, mais comme un espace-temps à conquérir, un monde devant soi, presque à portée de main. Les proses les plus récentes de Bernard Vargaftig, qui posent le problème de l’autobiographie pour en déplacer totalement notre conception, viennent donner un autre rythme au légendaire quotidien de l’amour. Le poète, dans l’appel répété à l’autre féminin, dit à l’aimée ce qu’il pourrait dire de son poème : « Avec toi, je ne veux pas faire quelque chose que j’aurais déjà fait ». Un poème ne peut pas être répété. C’est pour cela qu’il passe de bouche en bouche. Son énigme consiste en ceci : « il continue à faire exploser vers l’avenir la charge de mémoire et de présent qui l’ont fait exploser et dont il est porteur ». Les soulèvements sont si proches L’effroi et l’aveu tout à coup sans savoir Un fragment de sens je t’aime un Feuillage le vrai hasard et l’écho L’accélération qui commence Quand l’oubli était chaque fois le premier Et la détonation embrasse Les oiseaux le mouvement les montagnes Alors rien sous ta nudité N’échappait à ce qui est tu comme l’ombre Vient de l’ombre consentement Et plongée que le désastre contemple Dans les soulèvements (A. Dimanche, 1996) On était très américain, à Toul, dans les années 50. Solange m’appelle love et elle, c’est Soly avec un i grec. Pour Raymond, mon meilleur copain, il fallait dire le Kid. On joue aussi à ça pendant la guerre froide. Il y a deux blocs même pour les surnoms ! Et interdiction à l’école, de dire la Solange ou le Raymond, on avait aussitôt vingt ou trente lignes à copier pour le lendemain matin. J’aime t’appeler, je touche le silence, je t’appelle et j’ai peur jusqu’à ce que tu m’appelles. Il y a toujours une seconde où rien ne bouge, même si je compte jusqu’à trois, il n’y a pas de photo, et tout a bougé. Je tends les bras, tu m’appelles. Voici la distance, ce sera si vite. Tout se superpose soudain : la lumière du matin, la place, je tends les bras, j’ai beau être immobile, je cours, je tends les bras, je t’appelle, j’ai aussi peur que je n’ai pas eu peur. Je tends les bras, je te tends les bras, tu m’appelles. Tout a bougé. Je t’entends. Aucun signe particulier, prose (Obsidiane, 2007) *** PRIX EUROPÉEN DE LITTÉRATURE 2008 Tadeusz Rozewicz Claude-Henry du Bord et Christophe Jezewski SAMEDI 1ER MARS 2008, 15 H – 17 H 30 LIBRAIRIE KLÉBER Placé sous le haut patronage de M. Terry Davis, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe Parrainé par la Ville et la Communauté Urbaine de Strasbourg LES BLESSURES DE L’HISTOIRE. Poète, dramaturge, scénariste, nouvelliste, Rozewicz appartient à la première génération née et éduquée après que la Pologne ait retrouvé son indépendance en 1918. Mais cette génération, à laquelle semblait s’ouvrir un avenir de liberté, a eu 20 ans dans un pays occupé par les nazis et a vécu sa maturité sous une dictature communiste. Plus qu’aucune autre, l’oeuvre de Tadeusz Rozewicz, dans sa noirceur comme dans son invincible espérance, porte les stigmates de cette terrible période de l’histoire européenne. IN MEMORIAM JANUSZ. Tout comme son frère Janusz, également poète, Tadeusz Rozewicz a été durant la Seconde Guerre mondiale, membre de la résistance polonaise, l’A.K. Son frère Janusz a été exécuté par la Gestapo en 1944 et ce souvenir semble hanter toute son oeuvre. Recevant le Prix littéraire de Bosnie-Herzégovine, Rozewicz faisait cette remarque amère : « Je crois que c’est soit l’amour soit la haine qui sont le ciment des nations. Le XXe siècle avait choisi la haine ». NE PAS TRAHIR L’HOMME SIMPLE. Lorsqu’en novembre 2000 le titre de docteur honoris causa de l’Université Jagellonne de Cracovie a été décerné à Tadeusz Rozewic, le recteur a eu cette belle parole révélatrice : Rozewicz est l’écrivain qui n’a jamais trahi l’homme simple. Il ne faut pas chercher ailleurs ce qui fait l’universalité de son oeuvre. La littérature polonaise des dernières décennies est l’une des plus riches d’Europe et le prix Nobel par deux fois a distingué des écrivains polonais : Czeslaw Milosz en 1980 et Wislawa Szymborska en 1996. Mais il est peu d’oeuvres qui donnent à sentir la profonde humanité qui caractérise les textes de Rozewicz. « Ce qui rapproche deux oeuvres aussi singulières que celles de Beckett et de Rozewicz, note Isabelle Macor-Filarska, c’est peut-être le processus par lequel elles s’enfoncent dans les zones de l’opaque, de l’invisible douleur, de l’inexprimable. » Rozewicz aime à citer cette belle phrase de Mickiewicz : « Il est plus difficile de vivre décemment une journée que de composer un livre ». Les personnages de Beckett, semble-t-il, ne disent pas autre chose. CLAUDE-HENRY DU BORD ET CHRISTOPHE JEZEWSKI ont traduit en collaboration de nombreux auteurs polonais classiques – Cyprian Norwid – ou contemporains – Krzysztof Kamil Baczynski, Andrzej Kusniewicz, Anna Bolecka, Karol Wojtyla ou Maria Nurowska. Ils mènent chacun à titre personnel une oeuvre de poète et d’essayiste. Pour le travail qu’ils ont réalisé sur l’oeuvre poétique de Tadeusz Rozewicz, ils ont reçu la Bourse de Traduction du Prix Européen de Littérature 2008. le poète est à la fois celui qui écrit des poèmes et celui qui n’en écrit pas le poète est celui qui secoue les chaînes et celui qui s’en charge le poète est celui qui croit et celui qui ne peut croire le poète est celui qui a menti et celui à qui on a menti le poète est celui qui mangeait dans la main et celui qui a coupé les mains le poète est celui qui s’en va et celui qui ne peut s’en aller *** (Extrait du dossier de presse : "3è Rencontres Européennes de Littérature à Strasbourg") |
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